Cette
notion de piège de la liquidité concerne en fait
l’accumulation de réserves et l’épargne. Bien qu’elle soit
mal vue des économistes, l’accumulation de réserves (ou
thésaurisation) est en réalité une très bonne chose.
Habituellement, les gens n’accumulent pas de ressources de
façon irrationnelle et sans raison; c’est simplement une
façon de se protéger d’une situation dangereuse. Les
dépressions, l’inflation, les guerres et autres calamités
sont des raisons typiques qui expliquent ce comportement.
Non seulement
l’augmentation de l’épargne aide-t-elle l’économie, mais la
thésaurisation facilite le processus de déflation et la
déflation aide à la reprise. Si les gens réduisent leur
consommation (demande), alors les prix baissent, en
particulier dans les premiers stades du processus de
production. Au fur et à mesure que tous les types de
ressources et de marchandises deviennent meilleur marché, y
compris la main-d’oeuvre, le pouvoir d’achat de chaque
dollar mis de côté augmente. Tous les prix qui ont été
surenchéris pendant le boom, particulièrement les terrains,
le capital et une variété d’actifs, sont restaurés à un
niveau inférieur. Les dettes sont liquidées, l’épargne est
rétablie et un retour à la prospérité se fait sentir d’abord
chez les producteurs et ensuite chez les consommateurs.
Ainsi donc, la thésaurisation accélère la déflation et la
déflation accélère le processus de correction.
Les adeptes de la
philosophie de Keynes ont peur de cette évolution car ils ne
comprennent pas comment elle peut mener au plein emploi et à
la croissance économique. J’ai donné à cette peur le nom d’apoplithorismosphobie.
Joseph Salerno a démontré qu’il n’y a aucune base
théorique à cette peur et
Greg Kaza a démontré qu’elle n’a aucune base empirique
non plus. Ironiquement, ce sont les politiques keynésiennes
telles que les plans de sauvetage, les plans de relance et
l’inflation que l’on devrait craindre, parce qu’elles
menacent nos esprits animaux à la recherche du profit et
nous emprisonnent dans le piège de la liquidité pendant des
années.
La thésaurisation
normalise éventuellement la plupart des bilans financiers
mais, dans une économie dominée par les notions
keynésiennes, ceci prend un temps extrêmement long. Pendant
cette période, les gens deviennent méfiants envers le marché
et l’investissement. Ils accumulent des réserves en
permanence. C’est ce qui est arrivé aux Américains qui ont
vécu la Grande Dépression. La frugalité et le sens de
l’épargne, bien qu’étant des vertus admirables, sont devenus
une sorte de blocage psychologique qu’ils ont traîné toute
leur vie.
Les politiques
keynésiennes ont entraîné des désastres tels que la Grande
Dépression, la stagflation des années 1970 à 1982 et la
période de croissance nulle qui a suivi l’éclatement de la
bulle économique au Japon. Chaque période a duré plus d’une
décennie. Il serait de loin préférable de laisser le
processus de correction du marché se dérouler sans lui faire
obstruction. Sans le filet de sécurité et les plans de
sauvetage du gouvernement, il y aurait plus de
thésaurisation, une déflation plus rapide, plus de faillites
et un retour rapide à la prospérité.
Même si la faillite
semble être une expérience épouvantable, c’est en réalité un
mécanisme permettant d’obtenir des résultats très sains et
de manière ordonnée. Premièrement, elle corrige rapidement
les bilans financiers. Les administrateurs et propriétaires
responsables des décisions trop risquées sont facilement
déplacés. Pas question de primes dans ce cas! Quelques
entreprises cesseront carrément leurs opérations et leurs
ressources seront vendues à l’enchère à prix très bas. Je
présume que les douzaines de nouvelles entreprises
innovantes qui tentent en ce moment de commercialiser des
voitures électriques aimeraient bien avoir la chance
d’acheter une usine au Michigan pour une fraction du prix
initial. D’autres entreprises continueront leurs opérations
et garderont la plupart de leurs employés, mais la faillite
leur permettra de réduire leurs dettes et de renégocier
leurs contrats et les ententes salariales.
L’environnement qui suit
les faillites est peuplé de nouveaux propriétaires et
opérateurs, moins endettés et ne souffrant pas d’un manque
d’« esprits animaux ». Les entreprises auraient moins de
dettes et donc une structure plus stable. Quelques
consommateurs auraient de l’argent plein les poches,
puisqu’ils l’auraient amassé, et auraient la chance de
s’approvisionner à des prix plus bas. L’économie pourrait
alors reprendre et rapidement atteindre le plein emploi et
la croissance. Il est important de souligner qu’en
s’abstenant de renflouer des entreprises faibles, on évite
l’aléa moral qui fait croire aux entrepreneurs qu’ils seront
de nouveau renfloués en cas de troubles financiers dans
l’avenir.
Les keynésiens, ne
comprenant pas le fonctionnement du marché, considèrent ce
scénario comme étant fantaisiste. C’est en suivant les
leçons de l’école autrichienne, soit de permettre la
liquidation des sociétés en faillite et des dettes, laisser
les prix diminuer sans inflation monétaire, ne pas maintenir
artificiellement le niveau d’emploi ou subventionner le
chômage, et ne pas décourager la thésaurisation, que l’on
retrouvera le plus rapidement le chemin de la reprise et que
l’on minimisera l’ampleur des souffrances économiques.
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