J’ai toujours
été réticent à le faire. D’abord parce que nous voulions garder une
complète indépendance éditoriale. Il est évidemment exclu que nous
recevions quelque « aide » que ce soit des gouvernements. Les
donateurs privés peuvent quant à eux parfois chercher à influencer
les positions d’une organisation, ou à tout le moins on peut avoir
tendance à s’autocensurer pour ne pas leur déplaire, surtout quand
on est une jeune organisation.
Toute question d’argent
implique évidemment de la paperasse. Il faut tenir une comptabilité
et déclarer les revenus pour éviter les problèmes avec le fisc. Il y
a aussi le fait que la publicité ou les appels à contribuer peuvent
être énervants, et on ne veut pas importuner nos lecteurs en même
temps qu’on cherche à les convertir à nos idées.
Enfin, je considère la
diffusion des idées d’abord comme une mission donnant un sens à ma
vie, et non comme un moyen de faire de l’argent. Le faire de manière
bénévole était d’autant plus important qu’on se heurte à un préjugé
indécrottable en tant que libéraux ou libertariens. Le portrait
caricatural du défenseur du libre marché qui circule dans les
milieux bien-pensants est celui d’un millionnaire portant un complet
trois pièces et fumant de gros cigares, constamment occupé à
vérifier le cours de ses actions à la bourse. Il ne fait rien sans
penser à l’argent et ne s’implique dans aucune entreprise sans
d’abord s’enquérir du profit qu’il en tirera.
Ceux qui comprennent la
philosophie de la liberté savent que cette caricature n’a rien à
voir avec la réalité. Ce n’est pas la nôtre non plus. Si nous
continuons de consacrer l’essentiel de nos temps libres à cette
mission de diffusion de la philosophie libertarienne, c’est parce
que nous y croyons. Parce que nous le devons à nos collaborateurs et
nos lecteurs. Parce que nous avons créé une institution et que des
milliers de gens au Québec, en France et ailleurs dans le monde
comptent sur cette publication. Parce que nous avons déjà eu une
certaine influence et voulons continuer à en avoir une à long terme.
Tout ça pour dire
qu’aussi longtemps que nous pouvions nous permettre de continuer à
fonctionner de cette manière, je n’ai jamais vu de pertinence à
tenter de transformer cette implication en activité à but lucratif.
Vous aurez toutefois
peut-être remarqué l’arrivée de boutons « Faire un don » et « Donate »
sur les pages du QL et du Blogue du QL. Qu’est-ce qui
m’a fait changer d’avis? Le déclencheur immédiat a été un message
d’un lecteur nous demandant comment il pouvait contribuer
financièrement au QL et à qui nous avons dû répondre que nous
n’étions pas organisés pour accepter les dons.
Il y a d’autres raisons.
Nous n’avons plus à prouver que nous ne sommes pas de simples «
profiteurs » qui cherchent à s’enrichir en défendant les intérêts
des riches. Depuis 1998, Gilles et moi avons écrit, corrigé et
publié des
milliers d’articles dans le QL et le Blogue du QL.
Nous avons passé un temps incalculable à régler des problèmes
informatiques et à répondre à des courriels. Sans compter
l’organisation de rencontres et les apparitions médiatiques non
rémunérées, de même que les coûts d’hébergement des deux sites.
On peut faire un calcul
très rapide pour avoir une idée de l’ampleur de cet
« investissement ». Sur la base de 10 heures par semaine en moyenne
consacrées aux deux sites depuis plus de onze ans, chacun de nous a
mis jusqu’à maintenant environ 6000 heures sur ce projet. En
présumant par exemple un taux horaire de 20$/heure, cela donne un
total de 240 000 $, pour lequel nous n’avons touché encore aucun
dividende. Pour de méchants capitalistes comme nous, il doit
sûrement y avoir de meilleures façons de s’enrichir…!
Nous allons bientôt
déménager à la campagne. Nous pouvons le faire parce que l’essentiel
de nos revenus vient maintenant de contrats à distance et
qu’Internet rend possible le télétravail. Mais cet éloignement nous
rend plus dépendants de ces contrats et nous coupe de la plupart des
autres emplois potentiels que nous pourrions occuper à Montréal si
les contrats venaient à se faire plus rares, ce qui accroît notre
incertitude financière.
Enfin, quelle que soit
notre situation financière, nous voudrions pouvoir travailler moins
et consacrer davantage de temps à cette mission. Lire, réfléchir et
écrire exige beaucoup de temps et d’énergie mentale. Le site est
parfois inactif pendant plusieurs jours, non pas parce que je n’ai
pas d’idées de sujets à traiter – j’en aurais pour écrire 10
articles par jour! –, mais parce que j’ai du travail plus urgent à
faire, d’autres préoccupations qui m’empêchent de me concentrer, ou
parce que j’aurais besoin de faire de nombreuses lectures avant
d’écrire quelque chose de suffisamment intelligent et que je n’ai
pas le temps de lire 100 pages.
Pourquoi donc faire un
don au QL? Pas parce que le site est menacé de disparaître.
Nous allons continuer à l’animer d’une façon ou d’une autre. Pas non
plus pour financer notre train de vie princier. Mais d’abord et
surtout pour contribuer à notre stabilité financière et nous aider à
poursuivre et à consacrer plus de temps et d’énergie à cette mission
de diffusion des idées de liberté. C’est pour cette raison que nous
faisons appel à vous.
Combien vaut pour vous
l’existence du QL? Combien seriez-vous prêt à contribuer à la
diffusion de notre philosophie? Si vous deviez vous abonner pour
lire le QL et le Blogue, quel serait pour vous un prix
d’abonnement acceptable? Si vos moyens financiers vous le
permettent, nous vous invitons à nous faire un don annuel de 25 $, ou
20 €. Toute autre contribution sera évidemment acceptée avec
plaisir. Nous vous remercions d’avance.
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