Harding expliqua lors de son discours inaugural l'année
suivante que l'économie « avait subi les chocs et secousses
associés à une demande anormalement élevée, à l'inflation du
crédit et à une explosion des prix ». Le pays traversait
maintenant l'ajustement inévitable. Aucun raccourci facile
n'était possible:
Les punitions ne seront pas toutes légères, ni
distribuées également. Il est impossible de faire en
sorte qu'elles le soient. Il n'y a pas de passage
instantané du désordre vers l'ordre. Nous devons
confronter cette réalité difficile, accepter nos pertes
et repartir sur une nouvelle lancée. C'est la plus
vieille leçon qu'offre la civilisation. Aucun système
nouveau ne permet de faire de miracle. Toute
expérimentation extravagante ne fera qu'ajouter à la
confusion. Notre meilleure garantie de réussite tient à
l'administration efficace d'un système qui a fait ses
preuves.
Harding tint parole en poursuivant les réductions
budgétaires qui avaient débuté durant les derniers mois de
l'administration Wilson, alors que la maladie de celui-ci
l'avait rendu incapable de gouverner. Les dépenses fédérales
diminuèrent de 6,3 milliards $ en 1920 à 5 milliards $ en
1921 et à 3,3 milliards $ en 1922. Entre-temps, les taux
d'imposition furent réduits – à tous les niveaux de revenu.
Et au cours des années 1920, la dette nationale fut réduite
du tiers.
Par opposition au Japon,
qui s'engagea durant les années 1920 dans une série
d'interventions étatiques massives qui paralysèrent son
économie et contribuèrent à une grave crise bancaire sept
ans plus tard, les États-Unis permirent à leur économie de
s'ajuster. En 1920-21, nota l'économiste Benjamin Anderson,
nous avons encaissé nos pertes, ajusté notre structure
financière, enduré notre dépression, et en août 1921
nous avons repris la route de la croissance. La reprise
de la production et de l'emploi qui s'est enclenchée en
août 1921 s'appuyait sur une base solide suite à une
restructuration en profondeur de nos problèmes de
crédit, une réduction draconienne des coûts de
production et le libre jeu de l'entreprise privée. Elle
ne découlait pas de politiques gouvernementales visant à
supporter les entreprises.
Tout ceci n'était pas censé survenir, ou à tout le moins pas
aussi rapidement, en l'absence d'un plan de relance fiscal
ou monétaire. [...]
Le lecteur a probablement
remarqué que les recommandations et les décisions de Harding
sont exactement à l'opposé des idées reçues qu'on retrouve
dans les cercles politiques et médiatiques de nos jours. Le
gouvernement doit faire quelque chose, nous dit-on. Barack
Obama a déclaré que si les ralentissements économiques
dégénèrent en dépressions soutenues, c'est parce que les
gouvernements ne réagissent pas avec suffisamment de vigueur
pour éloigner cette menace.
Ce n'est pourtant pas une
coïncidence si l'économie a repris son élan relativement
rapidement suite à la récession de 1920, alors que des
conditions caractéristiques d'une dépression ont persisté
pendant toutes les années 1930, une décennie marquée par
l'activisme étatique. C'est justement parce qu'on n'a pas
adopté de mesures de relance monétaires et fiscales qu'un
progrès économique solide a été rendu possible.
Le concept de relance
monétaire et fiscale lui-même se fonde sur un diagnostic
erroné des causes de la dépression économique, ce qui mène à
l'application des mauvais remèdes. Le problème ne vient pas
d'un niveau de dépense inadéquat, mais plutôt du fait qu'à
la suite d'une période de surchauffe provoquée par
l'intervention de la banque centrale, la structure des
investissements ne correspond pas à la demande des
consommateurs. La récession est la période pendant laquelle
on corrige ces incohérences en réallouant le capital dans
des processus de production plus appropriés. Les plans de
relance monétaires et fiscaux n'ont pour effet que
d'entraver et de ralentir ce processus purgatoire.
Harding comprenait bien
ceci, ce qui n'est pas le cas de la classe politique qui
nous gouverne aujourd'hui. Le président qu'on nous apprend à
détester le plus au 20e siècle a mené les États-Unis à bon
port durant une période de tempête bien pire que celle que
nous vivons en ce moment, simplement en laissant le libre
marché faire les ajustements nécessaires. Et Harding, comme
ses déclarations le prouvent, n'a pas adopté ce type de
politique simplement par inertie ou parce qu'il était
incapable de concevoir des approches alternatives. Ce
personnage méprisé était en fait un bien meilleur économiste
que la plupart des génies qui prétendent pouvoir nous
instruire sur le sujet aujourd'hui. [...]
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