WARREN HARDING ET LA DÉPRESSION DE 1920-21 (Version imprimée) par Thomas E. Woods Jr.* Le Québécois Libre, 15 mai 2009, No 267. Hyperlien: http://www.quebecoislibre.org/09/090515-6.htm Les journalistes, politiciens et économistes illettrés économiques qui défendent les plans de relance ne connaissent rien ni de la théorie, ni de l'histoire économiques. S'ils avaient entendu parler de la courte dépression de 1920-21, ils comprendraient que les mesures qu'ils suggèrent sont non seulement inefficaces pour sortir de la crise, mais que ce sont en réalité des mesures contraires qu'il faudrait adopter. Le président Warren Harding, qui est aujourd'hui considéré comme un insignifiant parce qu'il n'a pas réagi à la crise qui a marqué le début de son mandat de la même façon que le fasciste Roosevelt, mérite de sortir de l'oubli. (On remarquera que les plus « grands » présidents, selon la clique d'historiens étatistes qui déterminent habituellement ce genre de chose, sont toujours ceux qui ont le plus fait grossir l'État ou mené les guerres les plus destructrices.) On ne retrouve rien en français sur le Web au sujet de ses idées et des politiques qu'il a mises en oeuvre au cours de cette période. C'est pourquoi j'ai traduit la plus grande partie d'un récent article de Thomas E. Woods Jr. publié dans The American Conservative. M. Woods est un chercheur associé à l'Institut Mises et est l'auteur notamment du récent bestseller Meltdown. M.M. -------------------------------------------------- La façon Harding Thomas E. Woods Jr. Lorsque Barack Obama insistait sur la nécessité d'adopter son plan de relance en février dernier, il prétendait que seule une action gouvernementale décisive pourrait empêcher l'économie de sombrer dans une profonde dépression. Il ne faisait ainsi que répéter un lieu commun selon lequel les marchés ne peuvent s'auto-corriger – sauf à très long terme – et l'intervention de l'État est nécessaire pour relancer l'activité économique. La théorie économique peut nous expliquer pourquoi ces affirmations sont incorrectes et pourquoi même l'apparence de prospérité que ces mesures interventionnistes peuvent produire entraîne en fait encore plus de dommage et mène à une correction plus sévère à long terme. Mais nous pouvons également nous fier au témoignage de l'histoire. En particulier, à la dépression de 1920-21, dont la plupart des gens n'ont jamais entendu parler. Il s'agit d'un bon exemple d'un retour à la prospérité en l'absence de plan de relance gouvernemental, et même en présence de mesures tout à fait contraires. Si les économies ne peuvent se replacer sans de tels plans de relances, alors on doit conclure que ce qui est arrivé dans ce cas n'aurait pas dû être possible. Et pourtant, cela a bel et bien eu lieu. Pendant la Première Guerre mondiale et la période qui l'a suivie, la Réserve fédérale avait substantiellement augmenté la quantité de monnaie dans l'économie. Lorsque la Fed décida finalement de hausser le taux d'escompte – le taux auquel elle prête aux banques – l'économie ralentit et commença à se réajuster à la réalité. Vers le milieu de l'année 1920, le ralentissement avait atteint un niveau critique, la production diminuant de 21% au cours des douze mois suivants. Le nombre de chômeurs augmenta de 2,1 millions en 1920 à 4,9 millions en 1921. À partir de 1929, Herbert Hoover et Franklin Roosevelt ont tenté de lutter contre la dépression économique en rendant la main-d'oeuvre plus coûteuse à employer. Warren G. Harding, à l'inverse, affirma dans le discours d'acceptation qu'il donna en obtenant l'investiture républicaine à la présidence: « J'ignorerais les responsabilités qui m'incombent en cette heure fatidique si je n'avertissais pas les salariés américains que des salaires de plus en plus élevés et une production déclinante ne peuvent que nous mener à la ruine industrielle et économique. » Harding expliqua dans un autre contexte que les salaires, comme les prix, devraient diminuer pour s'ajuster à la réalité économique de l'après-bulle. Peu de présidents américains sont aussi impopulaires que Harding parmi les historiens. Il est habituellement décrit comme une andouille qui s'est retrouvé par erreur à la présidence. Et pourtant, quels que soient ses défauts intellectuels – et plusieurs chercheurs ont récemment admis qu'ils avaient été absurdement exagérés – ainsi que les faiblesses morales qui l'affligeaient, il comprenait les principes fondamentaux des bulles, des krach et de la reprise mieux que n'importe quel autre président au 20e siècle. Harding condamna tout autant l'inflation: « Une augmentation grossière de la quantité de monnaie et de crédit ont entraîné une dépréciation du dollar de la même façon que la création monétaire et l'inflation ont discrédité les autres monnaies du monde. Nous avons gonflé la monnaie sans réfléchir, nous devons la dégonfler de manière mûrement réfléchie. Nous avons dévalué le dollar par des mesures financières irresponsables, nous devons le rétablir de façon honnête. » Au lieu de promettre de dépenser des sommes sans précédent, il en appela à une réduction des dépenses:
Harding expliqua lors de son discours inaugural l'année suivante que l'économie « avait subi les chocs et secousses associés à une demande anormalement élevée, à l'inflation du crédit et à une explosion des prix ». Le pays traversait maintenant l'ajustement inévitable. Aucun raccourci facile n'était possible:
Harding tint parole en poursuivant les réductions
budgétaires qui avaient débuté durant les derniers mois de
l'administration Wilson, alors que la maladie de celui-ci l'avait rendu
incapable de gouverner. Les dépenses fédérales diminuèrent de
6,3 milliards $ en 1920 à 5 milliards $ en 1921 et à 3,3 milliards $ en
1922. Entre-temps, les taux d'imposition furent réduits – à tous les
niveaux de revenu. Et au cours des années 1920, la dette nationale fut
réduite du tiers.
Tout ceci n'était pas censé survenir, ou à tout le
moins pas aussi rapidement, en l'absence d'un plan de relance fiscal ou
monétaire. [...] |