L’impossibilité de gérer le personnel correctement. Un rapport de
la Cour des Comptes a décrit le désordre dans la gestion des ressources
humaines. Personne ne sait combien d'employés travaillent à l’hôpital public et
personne ne sait combien et comment ils sont payés. Le rapport met en cause
précisément la nomination des médecins qui échappe à la direction des hôpitaux.
Le rapport pointe aussi la multiplicité des statuts. Un chiffre terrifiant est
cité: les dépenses de personnel des hôpitaux représentent plus du quart des
charges de l'assurance-maladie. Le personnel de ces hôpitaux bénéficie à vie du
statut de la fonction publique. En particulier, les absences pour maladie sont
payées dès le premier jour, alors que dans le privé il y a trois jours de
carence. Ce simple fait a pour conséquence que les absences pour maladies sont
bien plus nombreuses dans le public que dans le privé.
Les catastrophes latérales. Les hôpitaux, comme toute autre
activité, souffrent de deux vrais missiles envoyés contre la société française,
à savoir les 35 heures et la retraite à 60 ans. Bien entendu les cliniques
privées les subissent aussi. Toutefois la décentralisation des décisions leur a
permis de mieux réagir. Les urgences ont particulièrement souffert lors des
fêtes à cause des jours de RTT pris par les uns et les autres et qui risquaient
de se perdre s’ils n’étaient pas pris!
L’absence d’objectif clair. Un service public n’a jamais
d’objectif clair et ne peut en avoir par nature. Dans l’imaginaire et la
réalité, il agit au nom d’un prétendu intérêt général qui varie dans le temps et
répond en fait au bon plaisir momentané des uns et des autres: ce flou dans les
objectifs conduit au flou dans la comptabilité quels que soient les succédanés
imaginés pour corriger les incertitudes. Dans une entreprise privée la règle est
la maximisation du profit ce qui permet d’avoir des comptes clairs.
Les déficits récurrents. Il n’y a jamais d’argent. Comme l’État
gérant de l’ensemble court lui-même de déficit en déficit, il est facile
d’imaginer l’impossibilité d’une gestion correcte.
À l'inverse, les cliniques privées bénéficient d'une bonne gestion malgré
beaucoup d'obstacles que les pouvoirs publics dressent pour les empêcher de
fonctionner. Le docteur Vallancien, Professeur à l’université de
Paris-Descartes, a déclaré au Figaro: « l'hôpital produit environ deux à
trois fois et demie moins de soins que les cliniques avec une qualité de soins
qui n’est globalement pas meilleure ».
Le rôle négatif des maires et l’on retrouve ici le mammouth des collectivités.
Les hôpitaux sont l’un des instruments préférés des maires qui sont présidents
de leur hôpital pour assurer et prolonger leur pouvoir. Il se comptait, il y a
peu, 60 000 lits de trop. Un lit non performant est un poids dangereux et, de
même, un hôpital non performant maintenu uniquement pour la gloire et la
richesse du maire. Des agences régionales d’hospitalisations ont été crées pour
mettre de l’ordre: c’est le vieux système étatique de créer de nouveaux
organismes quand rien ne marche!
Mme Bachelot, peu après sa déclaration, s’est réveillée comme nous l'indiquions
puisqu'elle a projeté une nouvelle loi, qui sera au moins la 24ème, ce qui
montre bien que rien ne va plus.
Mais encore faut-il arriver à sortir effectivement la nouvelle loi et c'est
alors que depuis quatre à cinq mois se déroule une comédie qui montre en
grandeur nature les dysfonctionnements de l’économie administrée.
D’abord, les innombrables parlottes ont pris place sous forme de « tables
rondes » accompagnées de grèves multiples et de manifestations. Ensuite nous
assistons au gouvernement par le verbe. Le « Lider Maximo » prend la parole
presque tous les jours sur le sujet, nuançant ceci ou cela dans ses paroles
successives. Un jour, il déclare que l’hôpital n’est pas une entreprise. Dans le
même discours, il indique que le déficit ne satisfait personne, ce qui est le
contraire de la phrase précédente. Le navire tangue ainsi depuis des mois comme
un bateau sans gouvernail livré aux vents de la politique.
Le même assure que la loi sera « équilibrée », autant dire qu’elle ne voudra
rien signifier de précis. Le patron de l’hôpital ne sera pas un despote: c’est
par avance le condamner à l’inefficacité. Qu’un despote ait le devoir absolu
d’être un despote éclairé, tout le monde le sait. Il est vrai que le « Lider
Maximo » a une excuse car depuis deux ans, il agit en despote aveugle, lançant
des réformes purement verbales sans aucune préparation ni contact préalable.
La loi devait être votée fin janvier: nous voici milieu juin! Quand une
entreprise est en déroute, on n’attend pas des mois pour agir.
La future loi toute éventuelle va rajouter une nouvelle structure sous forme
d’agences régionales de santé (ARS) pour chapeauter les agences régionales
d’hospitalisation, créées précédemment, qui sans doute ne servaient à rien:
empilage des structures, fromages fastueux pour les dirigeants, coûts
superfétatoires. Les syndicats se lèchent déjà les babines projetant d’occuper
pour les détruire les nouvelles bureaucraties. Il y aura donc dans les régions
des sortes de ministères-bis.
La presse est muette sur ce scandale en préparation: cela ressemble furieusement
aux deux décentralisations territoriales qui ont ruiné la France en empilant les
structures, tellement que tout le monde en pleurniche à présent. Il est sûr que
les effectifs du ministère central ne vont pas diminuer en proportion de la
croissance exponentielle des effectifs des nouveaux organismes.
Il y aurait aussi des CHT, ou communautés hospitalières de territoire, pour
mutualiser les moyens, ce qui formera un autre organisme.
Ces nouveaux monstres seront présidés ou codirigés par les préfets. Qui peut
penser utile de confier sa propre santé à un préfet même s’il officie avec sa
belle casquette?
Un pouvoir convaincu et résolu aurait imaginé et mené à bien quelques mesures
simples conduisant à des progrès dans l’autonomie et permettant d’aller ensuite
plus loin.
Mais à cette fin il faut être crédible. Au lieu de cela nous avons depuis deux
ans un pouvoir dans le style du « matamore couché ». Il est en train de se
coucher davantage devant l’unanimité des protestations qu’il a suscitées,
certains élus UMP demandant eux-mêmes que les projets de lois soient purement
abandonnés.
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