On rappellera ici que, dans un système de monnaies étatiques de papier créées ex
nihilo qui ne sont plus basées sur un étalon métallique (comme celui en vigueur
au plan mondial depuis les années 1970 pour la première fois dans l'Histoire),
permettant la manipulation permanente des taux de change et des taux d'intérêt
par les pouvoirs publics, le recours à l'inflation (c'est-à-dire la création
monétaire faisant monter les prix) ou à la déflation (c'est-à-dire la
contraction monétaire faisant baisser les prix) n'est plus qu'un choix
politique. Et non pas le résultat de quelque fatalité contre laquelle on serait
impuissant, puisqu'il n'y a plus aucune contrainte à maintenir une quelconque
proportion entre l'émission monétaire et la détention d'un stock de métal
précieux et que joue à plein le mécanisme des « réserves fractionnaires ». [...]
Il découle aussi de tout cela que la déflation (qui assure la stabilité ou la
baisse des prix) est en réalité préférable à l'inflation (qui provoque la hausse
des prix). D'ailleurs, ainsi que le reconnaît Sébastien Julian dans son article
intitulé « Bonne ou mauvaise déflation? » paru dans le magazine L'Expansion
de mars 2009, « Déflation ne rime pas toujours avec dépression. Entre 1870 et
1896 (aux beaux jours de l'étalon-or et du libre-échange), les prix à la
consommation ont chuté de plus de 50% aux États-Unis. Soit une baisse annuelle
de 2% en moyenne. Cette dégringolade s'est accompagnée d'une croissance rapide
de l'activité de plus de 3,7% par an et d'un emballement de la bourse de 12% par
an. À l'époque, l'essor du commerce international et le progrès technique
avaient permis aux entreprises de gagner en productivité comme d'augmenter leur
production, provoquant une baisse du niveau général des prix" comme une hausse
considérable du pouvoir d'achat des populations. C'est donc bien la stabilité
monétaire, et accessoirement le progrès scientifique et technique, qui sont la
clef du progrès économique. Nous avons le second, mais nous n'avons plus la
première, alors qu'elle ne dépend que du bon vouloir des principaux
gouvernements en place! »
On comprend de ce qui précède la raison pour laquelle États et banques centrales
refuseront d'abdiquer leur pouvoir monétaire, c'est-à-dire leur pouvoir tout
court, dans le cadre du rétablissement de l'étalon-or, qui les priverait de la
plupart de leurs moyens de diriger les économies, évidemment pas pour le bien du
plus grand nombre mais seulement au profit de ceux qu'ils entendent avantager
par la mise en oeuvre de politiques structurellement inflationnistes. Mais la
planification et le dirigisme monétaires ne peuvent subsister que pour autant
qu'ils produisent une stabilité minimale du pouvoir d'achat, faute de quoi les
utilisateurs de la monnaie s'en détournent et le système monétaire s'effondre.
Nous sommes probablement proches de cette situation! [...]
Banques centrales et États sont donc doublement responsables et coupables de ne
pas avoir agi ex ante comme d'avoir mal agi ex post. Après le krach des actions
et des obligations privées de 2007-2008, tout cela devrait entraîner dès
2009-2010:
• d'une part, un krach des obligations d'État (américaines
d'abord) comme la faillite – à l'image de l'Islande et bientôt de l'Irlande
– et/ou la cessation de paiements – à l'image de l'Équateur – de nombreux
États (peut-être des États-Unis eux-mêmes);
• d'autre part, une vague d'inflation comme on n'en a encore jamais connue,
lorsque toutes les liquidités artificiellement créées se diffuseront
finalement dans l'économie réelle et que les États-Unis seront dans
l'obligation de monétariser (ce qui a déjà commencé comme en témoigne
l'explosion du bilan de la Federal Reserve) leurs dettes colossales
publiques et privées que l'étranger ne voudra plus financer au rythme où il
l'a fait encore jusque récemment! [...]
Le lecteur qui trouverait notre scénario de destruction des
monnaies de papier occidentales, du fait de l'effondrement des bons du trésor
américain et d'autres États, par trop excessif devrait méditer sur le processus
de faillite des principales banques d'affaires et commerciales américaines et
européennes que nous avions prévu, suite à la chute de la valeur des subprime,
mais qui paraissait à presque tous les observateurs fort improbable. [...]
On remarquera ici que certains grands hommes politiques du XXe siècle qui
avaient encore des connaissances historiques leur permettant d'élaborer une
vision juste du futur, comme Charles de Gaulle – dont on se souvient du combat
dès 1958 pour le rétablissement de l'étalon-or –, sachant que l'effondrement
monétaire de l'Occident provoquerait sa chute globale ont tenté de l'enrayer en
s'attaquant à la racine du problème, mais sans avoir la force de le régler tant
l'ignorance et les luttes de pouvoir sont puissantes en matière de monnaie.
[...]
Contrairement aux fausses analyses partagées par la majorité des gens, ce ne
sont pas les excès du libéralisme mais bien ceux de l'étatisme (en particulier
de la centralisation du crédit et du monopole de création monétaire par l'État
nécessairement faux-monnayeur) qui sont à la source de cette crise comme des
précédentes et qui risquent de l'entretenir jusqu'au désastre final. Il est à
cet égard tragique de constater à quel point banquiers centraux, politiciens et
économistes – enfermés dans la pensée unique étatiste dirigiste – ont eu tort de
négliger les analyses effectuées par les penseurs de l'École autrichienne et les
libéraux français, dont les développements présents montrent à quel point elles
sont incontournables pour sortir du chaos actuel et de celui, pire, qui vient
s'il n'y a pas changement de cap radical! Au moment où les étatistes de tous
poils croient devoir mettre en place les recettes désastreuses de Karl Marx et
de Keynes, ce sont celles de Ludwig von Mises, de Friedrich von Hayek, de
Jacques Rueff et de Robert Mundell qui devraient l'être et, à la fin des fins,
le seront, parce que « ce qui doit arriver, arrive »!
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