À ces constatations, les partisans des services publics
n’ont que de pauvres arguments à opposer.
Il y aurait des biens qui
par nature seraient publics. C’est pour sûr une imposture.
Quand un monsieur « quidam » achète de la charcuterie chez
l’homme de l’art, ils se rendent service mutuellement et
s’enrichissent tous deux à la mesure de cette modeste
transaction: c’est un service privé. Il en est de même dans
les milliards de transactions quotidiennes dans le monde
entier et cette remarque peut s’appliquer aussi bien à la
boulangerie qu’à l’électricité ou au transport ferroviaire.
Le pain est bien plus nécessaire que le transport
ferroviaire et, si la fausse notion de service public est
retenue, pourquoi ne pas l’appliquer au pain, ce qui
d’ailleurs conduirait à la pénurie de pain?
Autre argument: un bien
public serait par nature un bien particulièrement important
comme la santé, le transport, le droit à la retraite ou
d’autres. C’est tout le contraire. Plus un bien est
important plus il doit être privé. Un service national du
pain, sans sous-estimer l’importance du pain, nous ferait
consommer du très mauvais pain, mais serait supportable –
nous pourrions nous « rattraper sur la brioche »! S’agissant
de la santé, nous sommes tous témoins de l’écroulement
permanent de la sécurité sociale depuis des décennies avec
l’effet de pauvreté sur tout le corps social. L’effet de
pauvreté est d’autant plus grand que la santé est un bien
des plus précieux.
L’intérêt général est
évidemment invoqué à chaque instant. Cela ne veut rien dire
sinon la prétention insupportable des hommes de l’État de
s’approprier une fois pour toute cette chimère d’un prétendu
intérêt général, ceci pour leur bénéfice propre.
Comme une lettre à la Poste |
Les informations que l’on possède sur la Poste s’inscrivent
parfaitement dans les observations qui précèdent. Certes,
sur le plan comptable, il n’y a que des bribes
d’informations. Espérons que la transformation en société
anonyme permettra d’y voir plus clair.
En 2005, la marge
d’exploitation était de 3,9% alors qu’en Allemagne elle est
était de 6% et, aux Pays-Bas, de 10%. Depuis lors, il semble
qu’il y ait une légère amélioration mais pas suffisante du
tout.
54% des effectifs ont le
statut de fonctionnaires et les engagements « retraites »,
comptabilisés hors bilan, atteignaient 76 milliards d’euros.
Ce total a augmenté de 6 milliards d’euros à la fin de 2
005; ce chiffre est à comparer aux bénéfices déclarés de 557
millions qui sont ridicules en comparaison.
Pour échapper au fardeau,
la Poste avait mijoté une opération de banditisme d’État qui
consistait, comme pour France Telecom et EDF, à refiler la
patate chaude à la CNAVTS, organisme principal des retraites
privées. La soulte misérable devait être de 2 milliards
d’euros. Il semble qu’actuellement l’on s’oriente plutôt
vers une prise en charge par l’État contre une soulte du
même ordre, dont personne ne sait évidemment si elle sera
payée. La prise en charge par l’État est bien l’aveu de la
faillite potentielle.
La proportion des charges
de personnel est de 61%. Aucune firme privée sérieuse et
sauf exception ne pourrait survivre avec un tel ratio de
frais de personnel.
Quant aux dettes à long
terme elles dépassent très largement les fonds propres.
Tout cela se traduit dans
le prix du timbre qui augmente régulièrement.
Un coup d’oeil en Suède
est utile. Dans ce pays réputé pourtant socialiste, les
syndicats ont compris qu’il fallait réformer et participent
activement à ces réformes. C’est en 1993 que les Suédois,
les premiers en Europe, ont mis fin au monopole étatique sur
la poste.
Avant la libération du
système postal, il y avait 1 800 bureaux de poste. Depuis et
suite à la privatisation, il y a 4 200 points de poste
installés dans des commerces divers. Cette constatation est
significative pour ceux qui accusent une éventuelle
privatisation de diminuer le service. 96,2% du courrier
arrive le lendemain contre 75% en France. Les entreprises
privées qui concourent au service sont bénéficiaires. En
monnaie constante, le prix du timbre n’a pas augmenté.
En France et à l’occasion
de la transformation en société anonyme, les pouvoirs
publics annoncent qu’il n’est pas question de diminuer les
effectifs totaux de 300 000 personnes. Or, le trafic postal
ne cesse de diminuer, suite notamment à l’explosion
d’Internet. Où est l’erreur?
La transformation de la
Poste en société anonyme signe peut-être la mort future du
mammouth, mais les mammouths mettent du temps à mourir tant
ils ont de mauvaise graisse…
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