C'est
une entreprise difficile car il a contre lui non seulement les républicains mais
beaucoup de démocrates. L'ensemble des élus est fort inquiet de la pression
éventuelle de l'opinion publique, d'autant plus qu'en 2010 un tiers des
sénateurs doivent être changés et tous les représentants doivent être soumis à
la réélection. En plus il n'est pas possible de dire que le président ait
remporté quelque succès valable depuis sa prise de pouvoir. Sa popularité baisse
d'une façon marquante et il semble désireux de se refaire justement à la faveur
de ce projet qu’il voudrait le boucler avant la fin de l’année.
C'est l'occasion pour la presse française et l’ensemble de la presse occidentale
de ressortir diverses contrevérités sur l'organisation de la santé aux
États-Unis. Il nous est dit qu’il y aurait 47 millions d'Américains non assurés;
il y a peu, il était question de seulement 40 millions! Tous les trucages sont
bons pour nos médias.
D'une curieuse façon
personne ne cite, ni aux États-Unis ni ailleurs, le nombre de personnes très
riches qui n'ont nul besoin d'assurance quel que soit le coût des soins: c’est
une sorte d’omerta sur un chiffre qui relativiserait le problème. Beaucoup de
non-assurés le sont parce qu'ils sont en transit entre deux emplois. Il est des
jeunes aussi, pleins de santé, qui pensent qu'ils ne doivent pas prendre une
assurance. Probablement existe-t-il aussi beaucoup d'émigrés récents venus
participer au rêve américain et qui attendent de pouvoir se payer une assurance
ou de se la faire payer par un employeur.
Devant tous ces faits,
l'argument suprême des médias occidentaux est de dire qu'aux États-Unis beaucoup
de gens meurent dans la rue devant un hôpital sans pouvoir être soignés. Or,
même les sans-papiers sont soignés. Il existe deux systèmes publics: Medicaid
qui prend en charge les non-assurés ainsi que les plus démunis et Medicare pour
les personnes âgées. Justement ces organismes sont en déficit récurrent comme
une banale « sécu » à la française et ce n’est pas encourageant pour l’avenir du
projet. Le président, comme un quelconque président français depuis 60 ans, a
promis de veiller à une amélioration de la gestion de ces organismes!
Son projet n'est pas
facile à cerner, d’autant plus qu’il évolue au hasard des obstacles.
Au centre, se trouve
l'idée d'une assurance obligatoire pour tous. Le plan prévoirait une structure
publique et l'obligation pour tous les employeurs d'assurer leurs employés, à
l'exception des entreprises de moins de 25 personnes. Il est prévu 1000
milliards de dollars sur 10 ans. Les experts connaissent la vanité de ces
chiffres dès lors que le robinet des dépenses sera forcément ouvert en grand. La
folie législative serait totale puisque le premier projet contient déjà 1000
pages et c’est nécessairement un début. Dans un esprit de lutte des classes, il
serait prévu d'épargner la classe moyenne, c'est-à-dire en fait de taxer les
plus riches avec l'effet habituel de fuite devant l'impôt et de ruine de
l’économie.
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