Le jeunisme et l'État français (Version imprimée)
par Michel de Poncins*
Le Québécois Libre, 15
octobre 2009, No 271.
Hyperlien: http://www.quebecoislibre.org/09/091015-12.htm


Ainsi, Monsieur Sarkozy a décidé d'assister en tous sens les jeunes – car malgré ses déclarations contraires, c'est bien de l'assistanat qu'il a commencé à lancer en un vrai feu d'artifice de mesures multiples. Sans rentrer dans le détail des innombrables usines à gaz qu'il a ouvertes dans cette intention, nous allons rappeler quelques indications.

Le RSA (revenu de solidarité active) d'abord. Cet invraisemblable dispositif sera étendu aux 18 à 25 ans ayant travaillé 3600 heures au cours des trois années précédentes. Cela ne devrait concerner que 160 000 jeunes, mais bien entendu on nous promet d'étendre le dispositif à beaucoup d'autres ensuite. Dans l'assistanat, l’on n’en fait jamais assez et, déjà, les dictateurs syndicaux réclament davantage. La forêt de complications promet de beaux contentieux et de belles combines pour tâcher de se loger dans la niche. Tout dispositif socialiste conduit aux combines.

Une revendication de ces dictateurs syndicaux était de donner aux jeunes une sorte de dotation de départ dans la vie. Le président fait un pas dans ce sens par une possibilité de dotation jusqu'à 3000 €, pour réaliser un projet précis comme financer un permis de conduire ou louer un studio par exemple.

De même, une expérience sera tentée dans le sens d'une allocation accordée contre un suivi assidu d'une formation. Cela concernerait des jeunes de 18 à 25 ans et pourrait aller jusqu'à 2500 €.

Les bourses étudiantes seront également allongées. Et de même l'aide à l'achat d'une assurance complémentaire santé serait augmentée.

Le président ne va pas jusqu'à porter l'obligation scolaire de 16 à 18 ans mais instaure un « droit à la formation ou à l'emploi » entre ces deux âges: voici un nouveau droit qui va s'ajouter bientôt à la liste interminable des « droits de l'homme », système universel de destruction des devoirs de l'homme.

L'Élysée se lamente d'ailleurs car il y a beaucoup de jeunes dont on perd la trace, comme si dans l'assistance universelle l'État devait suivre à la trace tout le monde – les rois Incas exigeaient que les portes des maisons privées soient ouvertes en permanence...

Un service public de l'orientation regroupera la multitude d'intervenants chargés de conseiller les jeunes sortis du système scolaire sur les formations existantes et leurs débouchés – quel bel aveu de la complexité du système dans laquelle personne ne se retrouve.

Des mesures seront prises pour favoriser l'emploi des jeunes qui souffrent davantage du chômage que les autres.

Enfin, parmi les 50 mesures, et cela ne s'invente pas, il serait créé un service civique. L'objectif serait de recruter 10 000 volontaires prêts à se consacrer à des missions utiles dès 2010, l'objectif étant, à terme, d'atteindre 10% d'une classe d'âge – c'est comme si un simple travail de base n'était pas une mission utile.

Comment ne pas être suffoqué d'indignation devant ces mesures délirantes qui vont aggraver la paupérisation des jeunes et des moins jeunes, sans ne jamais résoudre aucun problème?

Essayons d'expliquer avant d'indiquer les conséquences prévisibles.

La première explication, ce sont les futures élections, soit de 2012, soit avant. Les yeux fixés sur ces échéances et sur les sondages, le pouvoir ne pense qu'aux intérêts personnels des uns et des autres. C'est donc une opération pure et simple d'achat éventuel des voix des jeunes et de leurs prétendus amis.

Ensuite, vient l'idée que les jeunes sont pauvres et qu'il faudrait corriger cette prétendue dérive. Or, il est normal et logique que les jeunes soient pauvres, puisque, même s'ils sont diplômés, ils ne connaissent pas grand-chose de la bonne façon de créer de la richesse étant d'ailleurs en général ignorants du fonctionnement des entreprises. En outre, ils n'ont pas eu le temps de montrer leur valeur ni celui d'épargner.

En toile de fond, se trouve le faux objectif de l'égalité qui est une chimère tout à fait destructrice de la société.

Il s'ajoute le délire législatif: la loi doit régler tous les problèmes alors que c'est le marché qui devrait les résoudre. Ce délire législatif, qui contribue à l'enrichissement personnel des hommes de l'État, est une des causes majeures de ruine de la société française. Big Brother éclatera un jour de son obésité.

Il est, lui-même, le résultat du « principe des calamités »: un pouvoir socialiste est condamné à corriger les calamités qu'il a créées en développant d'autres calamités par la création indéfinie de nouvelles lois.

En embuscade, se trouve la destruction de la famille: l'on veut, en effet, affranchir les jeunes de la tutelle de leur famille alors que c'est cette tutelle qui peut les conduire au mieux dans les hasards de la vie et leur donner leur chance.

Maintenant voyons les effets prévisibles.

Nous constatons dans ce plan tous les stigmates du socialisme et en particulier la création de nouveaux organismes sources de dépenses futures et donc d'impôts destructeurs.

La France est en faillite, comme le premier ministre l'a énoncé clairement, et il n'y a pas d'argent dans les caisses. L'on prévoit pour financer ces mesures « seulement » 500 millions d'euros – c'est une plaisanterie, nous allons certainement vers plusieurs milliards d'euros lorsque le système sera à plein régime. Bonjour le surendettement public!

Une autre conséquence est la déresponsabilisation des jeunes. En leur créant des droits acquis, le pouvoir ne les pousse pas à se prendre en mains avec l'aide de leur entourage.

Rappelons en terminant que l'une des sources de la paupérisation du peuple français est le SMIC car il détruit les emplois, à commencer par les emplois de la base, et il explique à lui seul l'importance du chômage des jeunes.

La mesure qui aiderait le plus les jeunes serait la suppression du SMIC. Il est à craindre que nous l'attendions encore longtemps, c'est-à-dire jusqu'au moment où le navire en perdition se fracassera contre la réalité.

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* Michel de Poncins écrit les flashes du Tocqueville Magazine et est l'auteur de quelques livres.