Montréal, 15 décembre 2009 • No 273

 

Michel de Poncins écrit les flashes du Tocqueville Magazine et est l'auteur de quelques livres.

 

 

OPINION

Europe: les calamités

 

par Michel de Poncins

 

          La dernière nouvelle concernant l'Union européenne est la nomination du président de cet organisme, Herman Van Rompuy, et celle de la Britannique Catherine Ashton en qualité de chef de la diplomatie des 27. Les médias présentent, avec mépris, l'heureux président comme une personnalité sans consistance alors qu'il va certainement se révéler, sans que l'on sache à l'avance si ce sera pour le meilleur ou pour le pire.

 

          Le plus significatif est que l'Europe actuellement a en réalité deux présidents. Outre le Belge qui vient d'être nommé, il y a le président tournant tous les six mois: aujourd'hui Stockholm, demain Madrid puis, au premier juillet 2010, Bruxelles. Il faut compter en plus le président de la Commission, aujourd'hui Barroso, solidement accroché à son pouvoir et vrai maître de la manoeuvre.

          Cela va poser des problèmes de protocole plutôt réjouissants: faudra-t-il élargir toutes les portes pour que les trois présidents puissent passer ensemble dans la porte sans se faire des croche-pieds? Comment fera-t-on dans les fêtes multiples qui vont avoir lieu avec notre propre argent et qui devra ou pourra présider la table?

          Au-delà du protocole, il y aura des batailles mémorables pour que chacun marque son territoire et obtienne sa part de butin personnel dans les immenses quantités d'argent prélevées par la force sur tout le continent.

          C'est le moment d'analyser froidement et objectivement ce qu'est devenue l'Europe.

Une organisation socialiste

          D'abord il est clair que, malgré les apparences de liberté qu'elle se donne, l'Europe est une organisation qui repose sur l'étatisme et l'interventionnisme, c'est-à-dire, en fait, le socialisme, terme qui rassemble tous les ennemis de la liberté. À ce titre, elle est dictatoriale, tout socialisme étant par nature totalitaire. Certes les eurocrates rappelleront qu'ils ont libéré quelques activités comme le transport aérien, mais les économistes savent que le transport aérien ou d'autres domaines d'activité n'avaient pas du tout besoin de l'eurocratie pour être libérés.

          Mais, parallèlement et en même temps, l'Europe a inondé le continent d'un ouragan de réglementations diverses et variées sous la forme de directives: légiférer à tout va est la marque du socialisme et génère la ruine. Il y a 27 commissaires à la tête de l'Europe et chacun de ces commissaires pour montrer qu'il existe fabrique des directives à longueur d'année. Leur richesse incommensurable implique justement que pour la justifier ils montrent de l'activité par cette inondation de directives.

          Il est facile de citer certains exemples récents. D'abord, les ascenseurs: en obligeant tous les ascenseurs sur tout le continent à s'adapter à des normes fixées artificiellement, la commission a jeté le désordre dans toute une industrie et à pesé lourdement sur le coût du logement de tous les Européens. Ensuite, les ampoules: la commission, là aussi, s'est introduite cruellement dans nos choix personnels concernant les ampoules. Pourquoi ne pas évoquer également des intrusions abusives dans la coloration des vins et des milliers d'autres interventions et réglementations?

          La fausse idéologie de l'égalité a aussi joué un rôle majeur dans la destruction d'argent réalisée par l'Europe. L'argent enlevé par la force aux citoyens de tous les pays est régulièrement transféré d'une façon tout à fait arbitraire vers d'autres pays. Ces pays receveurs n'en retirent, contrairement à leurs espoirs, aucun avantage réel puisqu'en fait cela les conforte dans un état d'assisté; en outre, les avantages mineurs obtenus seront annulés largement par les aides accordées à d'autres.

          Toutes ces actions d'essence socialiste génèrent en plus une insécurité juridique totale dans toute l'Europe avec la cour de justice en embuscade dont l'effet est que plus personne en Europe n'est certain du droit: or la sécurité des transactions fait partie intégrante de la richesse.

          Enfin, pour faire bonne mesure, rappelons la richesse incomparable des eurocrates que nous évoquions à l'instant. La richesse des commissaires est bien connue, jusqu'aux parachutes dorés qui leur sont accordés d'une façon tout à fait scandaleuse à partir du moment où ils quitteront leurs fonctions. N'oublions pas non plus les salaires incroyables des fonctionnaires de l'Europe avec leurs mirifiques retraites. L'effet de ruine venant de cette richesse va s'accentuer d'une façon démentielle: le nouveau président va inévitablement créer sa propre structure pour faire concurrence à celle de Barroso!
 

« L'Union européenne, en fait, s'attache à détruire l'Europe dans ses fondements historiques les plus respectables. »


          Il est probable que si des économistes indépendants voulaient, malgré les grandes difficultés, chiffrer l'effet sur le PIB européen de toutes ces actions, ils arriveraient à deux ou trois pour cent de richesse détruite chaque année par la Commission européenne. En plus, cette calamité dure depuis des années. Si un calcul légitime d'intérêts composés était appliqué, la richesse détruite serait massive: un principe de l'économie est que la richesse détruite ne se retrouve jamais.

Une démocratie européenne?

          Ayant pu observer les effets destructifs sur le plan de l'économie de l'action de l'Europe, nous pouvons passer à un autre sujet: la démocratie. Chacun constate que les eurocrates proclament à tous les vents que l'Europe est démocratique, alors que c'est manifestement tout le contraire.

          La constitution a été pratiquement mise en oeuvre sur la base de divers mensonges imaginés pour recueillir le vote des Irlandais que l'on a fait revoter d'une façon abusive. Connaissant l'hostilité majoritaire de la plupart des peuples européens à cette constitution, les gouvernements ont refusé de les consulter.

          Le Parlement européen n'a pratiquement aucun pouvoir. Il se glorifie d'entendre avant leur nomination les 27 commissaires européens; c'est une comédie coûteuse et ridicule puisqu'ils n'ont que le droit de refuser la totalité de la commission et pas du tout de refuser l'un d'entre eux isolément.

          À observer le fonctionnement quotidien de ce Parlement, il est facile de constater qu'il n'est pas du tout démocratique. Les votes se font à main levée, sans comptage et « au jugé » par le président de séance. En Corée du Nord, on ne fait pas mieux. En outre, les questions sont si complexes que les députés européens votent dans le sens que leur indique leur président de groupe: autant dire qu'ils formulent des votes qu'ils ne comprennent pas.

          Quant au pouvoir réel, il est exercé par de hauts fonctionnaires non élus, les gouvernements se contentant de quelques arbitrages.

          Pour compléter, il faut ajouter qu'à Bruxelles il y a 3000 firmes de lobbyisme, ce qui veut dire peut-être 15 000 personnes occupées pratiquement à corrompre la Commission ou les fonctionnaires.

          Au point où nous en sommes, il apparaît ainsi qu'à la dictature par la fabrication indéfinie des textes s'ajoute la dictature par les institutions.

          Que fait l'Europe de ce pouvoir dictatorial qui n'est qu'un reflet du pouvoir dictatorial des grandes institutions mondialistes?

          L'Union européenne, en fait, s'attache à détruire l'Europe dans ses fondements historiques les plus respectables. Elle détruit ses racines chrétiennes pour introduire à l'intérieur de l'Europe une religion qui l'a combattue depuis des siècles jusqu'à ce que des batailles mémorables l'en écartent. Elle vise à remplacer les populations européennes par une population étrangère, la population turque principalement mais aussi bien d'autres.

          Elle va jusqu'à détruire la population européenne par la promotion de l'extermination des petits à naître et par la destruction de la famille.

          Devant ce tableau peu réjouissant, il serait facile d'être découragé surtout par l'idée que la constitution européenne est entrée dans les faits et qu'il sera difficile de s'en libérer.

          Se décourager, pourtant, ne semble pas de raison. Le ridicule et l'inefficacité probable de l'organisation actuelle, qui est énoncée au début de ce flash, montre que dans la réalité il y aura une foule de moyens de briser la dictature.

          Évidemment, pour cela, il faut qu'un pouvoir libérateur arrive en France. Nous sommes sûrs qu'un jour il arrivera, éventuellement dans les difficultés, et qu'alors il aura réellement des moyens de nous libérer de la dictature européenne.

          Ce sera d'autant plus nécessaire qu'il serait impossible de libérer la France des ses propres démons si elle persistait à dépendre étroitement de l'Europe.
 

 

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