Ainsi, il existe un
programme qui permet de former de nombreuses jeunes femmes
en Inde et ailleurs dans le Tiers-monde à l’installation et
à l’entretien des panneaux solaires, à un coût que je ne
suis pas parvenu à déterminer. Entre 1984 et 2009, ce
programme n’a permis d’installer que 750kW d’électricité, ce
qui, compte tenu des différents rendements, ne fournit
qu’une énergie suffisante pour alimenter 80 maisons au
Québec, ou un peu plus du double sans les besoins en
chauffage, n’entraînant au mieux qu’une réduction de
quelques milliers de tonnes de CO2 par
an.
Enfin, notons qu’en vertu
du principe qui veut que l’économie soit ultimement un
échange entre ressources, le fait que ces techniques de
production ou d’économie coûtent très cher réduit
pratiquement à néant tout avantage dans la production de
GES, puisque la production d’autres biens et services
nécessaires pour rembourser ces techniques produira
suffisamment de CO2 pour
contrebalancer tout gain par la technologie elle-même(2).
Ainsi, un projet de
condos baptisé la Cité Verte doit voir le jour prochainement
dans la région de Québec, à 350 000 $ pièce. À ce prix, une
maison ordinaire de 200 000 $ sera encore plus écologique
que ces condos, même si ceux-ci recyclaient tous leurs
déchets et ne consommaient pas d’eau ni d’électricité. Il en
va de même pour pratiquement toutes les techniques nées du
fumeux concept de développement durable, qu’elles soient
subventionnées ou non.
Si quelques petites
astuces peuvent réduire de quelques points de pourcentage
l’émission de gaz à effet de serre, on est loin de
l’objectif de réduction de 80% d’émission, qui ne pourra
être atteint qu’en réduisant de 80% notre niveau de vie. À
l’échelle canadienne, cela implique de ramener les dépenses
du ménage moyen à 75% de ce qu’un ménage assisté social
reçoit, en plus d’assumer les autres dépenses actuellement
payées par le gouvernement comme la santé, l’éducation et la
police.
Au niveau mondial, pour
répondre aux demandes des manifestants vus à Copenhague de
justice climatique, il faudrait égaliser les revenus de
chacun des habitants de la planète. Voyons ce que cela
donne.
Le PIB mondial est
actuellement de l’ordre de 60 000 milliards de dollars, soit
9000 $ par habitant. Réduire ce montant de 80% consisterait
donc à le ramener à peu près à 1800 $ par habitant,
c’est-à-dire au niveau du PIB par habitant d’Haïti, l’un des
pays les plus désespérément pauvre de l’hémisphère
occidental. Et cela, en présumant qu’il n’y ait ni les
pertes ni les effets pervers habituels de la redistribution.
Pour illustrer ce que ça signifierait pour nous, le
gouvernement du Québec dépense actuellement 1600 $ par
habitants en santé – ce qui ne couvre qu’une partie des
médicaments – et 900 $ par habitant en éducation. Le ménage
moyen dépense 7300 $ en nourriture et 10 000 $ en logement.
L’inaction climatique
tue, criaient haut et fort les manifestants de Copenhague.
Mais l’action climatique aussi va tuer si on agit vraiment
dans ce sens, et beaucoup plus que tous les événements
météorologiques pourront le faire, même s’ils étaient tous
dus au réchauffement climatique.
La guerre est la
poursuite de la politique par d’autres moyens, écrivait
Clausewitz voici deux siècles. L’environnementalisme
politique est la poursuite de la guerre au capitalisme par
d’autre moyens, pourrais-je ajouter. Rien de bon pour
l’humanité ne pourra sortir de cette idéologie, n’en
déplaise à ses nombreux partisans.
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