T. P.: Une chose qui est maintenant certaine est que
le débat est toujours en cours. D'ailleurs, plusieurs
plaintes ont été faites pour dénoncer le fait que le GIEC
était devenu, depuis quelques années, une communauté de plus
en plus fermée. Il y a plus de 30 000 scientifiques du
climat dans le monde qui font des recherches sur divers
sujets, et le groupe responsable entre autres de la révision
des différents rapports est une très petite clique. C'est
d'ailleurs une des choses qui est sortie du scandale du « climategate »
en décembre.
Par exemple, dans mon secteur d'étude, nous faisons
plusieurs travaux de recherche sur l'activité solaire et le
climat. Lorsque le rapport du GIEC est sorti en 2007, il
existait déjà de nombreuses recherches sur les façons
d'amplifier l'activité solaire, parce qu'il existe une très
forte corrélation entre l'activité solaire et les
changements climatiques. Pourtant, toute cette recherche
avait été complètement laissée de côté dans leur rapport.
J'étais très étonné. C'était le chapitre qui m'intéressait
évidemment le plus, mais la même chose est survenue dans
d'autres chapitres. C'est pour cela que je pense qu'il est
temps de faire place à une nouvelle organisation. C'est
pourquoi l'Inde par exemple s'est retirée, pour former sa
propre organisation d'étude des changements climatiques.
Comprenez-moi bien. Je considère très important d'étudier le
climat. Mais comme je le dit à mes étudiants, la seule
constante à propos du climat et que celui-ci change, il
change tout le temps. Par conséquent, et je le dis aussi en
tant que chef scout, il est très important d'être préparé
pour tout ce que Mère Nature est prête à nous envoyer. Mais
nous devons examiner le climat dans une perspective plus
appropriée que celle qui domine en ce moment.
M. S.: Donc, devons-nous en quelque sorte appuyer sur
la touche « reset » sur ce débat et dire: « Ok, nous allons
amener de nouvelles personnes qui ne sont pas ternies par
ces scandales et elles pourront observer ces nouvelles
preuves que nous avons d'un tout autre angle afin d'avoir de
nouvelles réponses »?
T. P.: Je suis d'accord. En particulier parce que
nous savons plus de choses que jamais sur le climat. Nous
avons étudié plusieurs phénomènes et il y a énormément de
nouvelle information sur le sujet. Par contre, il semble que
plusieurs personnes ne veulent pas regarder toute
l'information nouvellement recueillie en raison d'opinions
préconçues sur la question. Il est très difficile pour eux
de changer de direction. Je pense que ces personnes doivent
faire de la place à d'autres qui regarderont ces données
d'un point de vue plus objectif. C'est ce que les
scientifiques sont supposés être: nous devons être objectifs
et aller où la science nous mène. Nous ne devons surtout pas
aller où des personnes comme David Suzuki veulent nous
mener. Cela est vrai non seulement pour la science, mais
également pour les politiques gouvernementales actuelles et
à venir.
M. S.: Donc, d'une perspective de politiques
gouvernementales, devons-nous nous abstenir d'agir le temps
de réellement savoir ce qui se passe?
T. P.: Oui, je serais d'accord avec ça. Compte tenu
des milliards ou même des billions de dollars qui doivent
être investis – ou plutôt gaspillés, dépendamment de votre
position sur le sujet – dans des projets comme la bourse du
carbone ou toutes les autres initiatives qui n'ont vraiment
aucune influence sur le climat, on se rend compte qu'il
serait plus sage d'attendre d'étudier ce qui se passe
vraiment. En particulier parce qu'il y a plusieurs études
qui indiquent que l'on se dirige plutôt vers une période de
refroidissement climatique qui pourrait continuer pendant
plusieurs décennies. Cela pourrait avoir des conséquences
majeures sur des domaines comme l'agriculture au Canada. Ce
sont des exemples d'études auxquelles nous devrions accorder
plus d'attention. On doit aussi chercher à savoir s'il y a
un réchauffement. En fait, il faut simplement être objectifs
et évaluer toutes les possibilités et être prêts à
s'adapter.
Il ne faut pas oublier non plus les autres problèmes
environnementaux encore plus criants comme
l'approvisionnement en eau potable en Afrique. Pourtant, ces
enjeux très importants sont oubliés pour laisser toute la
place à quelque chose qui en fin de compte n'est pas si
important quand on regarde la situation globalement.
M. S.: C'est un excellent point. Même s'il n'y avait
pas de réchauffement climatique, cela ne veut pas dire qu'il
n'y a pas d'enjeux environnementaux. Et ce débat fait
ombrage à toutes ces questions. Par exemple, il y a
plusieurs raisons de réduire les émissions de gaz à effet de
serre qui ont à voir avec la pollution de l'air, nonobstant
l'effet sur la température.
T. P.: Exactement, on pourrait bien se débarrasser du
CO2 mais cela ne changera absolument
rien à la véritable pollution de l'air. Nous perdons notre
temps sur le CO2 qui n'est qu'une
source de nourriture pour les plantes. Comme je l'ai souvent
mentionné, dans nos études géologiques, nous n'observons
aucune corrélation entre le dioxyde de carbone et la
température.
Ce à quoi nous devrions nous s'attaquer, ce sont les réels
polluants aériens, les choses qui détruisent la qualité de
notre eau, tous ces autres problèmes. Régler ces problèmes
contribuerait vraiment à faire de notre monde un meilleur
endroit où vivre. Et particulièrement alors que nous
arrivons probablement dans les derniers 50 ans de l'âge des
hydrocarbures. Bientôt, nous ne roulerons plus à l'essence.
Ce n'est même plus la première utilisation du pétrole que
nous faisons. Nous l'utilisons davantage aujourd'hui pour la
fabrication du plastique et des autres fertilisants. Nous
devons aller de l'avant et agir dans un sens qui permet de
rendre notre monde vraiment plus propre.
M. S.: Merci de nous avoir parlé, M. Patterson.
|