Cette tragi-comédie illustre parfaitement l'un des principes de la
« République Fromagère »: « Quand les hommes de l'État ont
créé des chaînes de calamités, ils mettent au point de nouvelles calamités pour
prétendument réparer les erreurs qu'ils ont faites ». Si l'économie véritable était enseignée dans
les écoles, les élèves devraient le connaître par coeur.
Rappelons d'abord que depuis 2000, la France a perdu un demi-million
d'emplois dans l'industrie, qui n'emploie plus que 13% de la population
active contre 16% 10 ans plus tôt. De l'aveu même du président, la
France est devenue le grand pays européen le plus désindustrialisé.
Voyons maintenant les nouvelles calamités qui nous sont promises sous
forme de prétendus remèdes.
D'abord la prolongation de la grande parlotte nationale dénommée « États
généraux de l'industrie ». Le président était venu à Marignane le 4
mars pour clore cette grande parlotte. Au lieu de cela, il a annoncé sa
prolongation. Il est décidé de créer une conférence nationale de
l'industrie qui continuera les travaux et rassemblera entreprises,
salariés, filières et membres du gouvernement.
La catastrophe qui s'abat sur l'économie par suite de ces grandes
parlottes vient d'abord des impôts destructeurs qu'elles déclenchent par
leur coût. Il s'ajoute des déperditions d'énergie dissipée sans limite
dans des discussions parfaitement inutiles: de mémoire, c'est 5000
personnes de grande qualité et fort coûteuses qui ont participé à ces
États généraux, pour faire dans le plus grand désordre 800 propositions.
Le tout agit comme un tsunami sur le PIB.
La vérité dans la gestion, soit à long terme soit à court terme, de
l'industrie ne tombera jamais d'en haut. La seule façon de gouverner
l'industrie est de laisser les patrons décider de la gestion courante et
de l'avenir de leur entreprise, ceci dans le cadre de contrats librement
négociés.
La mise en place d'une politique sectorielle est annoncée. Déterminé à
soutenir les secteurs les plus prometteurs comme la chimie, le logiciel,
l'agroalimentaire, l'électronique, le président a prévu la désignation
pour chaque filière d'une instance de réflexion stratégique et
d'échanges. À la parlotte nationale s'ajoute maintenant des parlottes de
détail. Que signifie une « instance » sinon la naissance d'une nouvelle
« bourreaucratie »?
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