Comme on peut le voir, l’approche soviétisée de la médecine qu’on impose
au Québec a des conséquences. Les urgences de la grande région de
Montréal sont actuellement si débordées que l'on y constate chaque
semaine des morts qui auraient pu être évitées, affirme le président de
l'Association des médecins d'urgence du Québec, le Dr Bernard Mathieu.
L'heure est si grave, de dire l'urgentologue et chef des urgences de
l'Institut de cardiologie de Montréal, Alain Vadeboncoeur, que le
ministre de la Santé doit au plus vite faire une tournée des urgences
pour trouver des solutions. « Le ministre avait fait une tournée
semblable dans les blocs opératoires avec la Fédération des médecins
spécialistes. Ça avait donné de bons résultats. On est rendu là dans les
urgences »,
a-t-il déclaré. Le ministre va se promener dans les urgences
et, de sa baguette magique, va régler tous les problèmes… Incroyable.
En attendant la grande tournée ministérielle salvatrice, les hôpitaux
improvisent avec les moyens du bord pour traiter le plus de monde
possible. Aux prises avec trop de patients à l'urgence et une éclosion
de gastroentérite, la Cité de la santé de Laval a décidé de
mettre des malades dans le gymnase – une salle sans aucune fenêtre
ni salle de bain. L’année dernière, c’était dans des abris Tempo qu’on
cordait les patients.
Comme à toutes les fois qu’une « crise des urgences » refait surface, on
crie. Sur les bancs de l’opposition, les politiciens s’agitent; sur le
terrain, les fonctionnaires font pareil. Tout le monde y va de sa
solution – toujours les mêmes depuis des années. En gros: il faut mieux
gérer le système et y investir massivement. Money is no object.
Dans le budget 2009-2010 du gouvernement Charest, ce sont 26,8 milliards
de dollars qui y passent sur un budget de 66,1 milliards $ – année après
année, le secteur de la santé est le principal poste de dépense.
Les crises se succèdent, mais très peu de « décideurs » abordent la
question du privé en santé. Une bonne façon de désengorger les urgences
serait pourtant de briser le monopole public de la santé et permettre à
ceux qui en ont les moyens de se faire opérer dans des hôpitaux privés
en plus d’avoir accès à des assurances privées. Mais permettre cela
voudrait dire remettre en question la sacro-sainte égalité. Et nos élus
ne sont pas prêts à aller dans cette direction. Ils continuent de
défendre bec et ongle un système public mur-à-mur dans lequel tout le
monde a droit à la même offre de services – c’est-à-dire, passables.
Pourtant, dans les faits, les pauvres n’ont pas la même offre de
services. Pendant qu’ils attendent en ligne pour se faire soigner,
pendant que leur situation se détériore par manque de soins, ceux qui en
ont les moyens (et même des politiciens!) vont se faire soigner à
l’étranger. Les pauvres (et une partie de la classe moyenne), souffrent
et meurent en silence.
Si les gouvernements qui se succèdent à Québec (et à Ottawa) sont
responsables des morts qu’entraîne le système public de santé, ces mêmes
gouvernements ont le pouvoir, semble-t-il, de donner la vie. Eh oui, ils
peuvent enfanter. Pas littéralement, mais par la bande. Ils peuvent
enfanter des programmes qui vont permettre de donner la vie. Et la vie,
on le sait, ça n’a pas de prix.
C’est ainsi que des personnes se sont mobilisées depuis quelques années
dans le but de faire du lobbying auprès du gouvernement pour qu’il offre
des services « gratuits » de fertilité aux couples infertiles. En mai
dernier, le ministre Bolduc a insinué que ce serait le cas d’ici la fin
de 2009. L’automne 2009 est venu et parti et les traitements ne sont
toujours pas « gratuits ».
Une situation que la présidente de l’Association des couples infertiles
du Québec trouve intolérable. « Le ministre a entre ses mains le pouvoir
de donner la vie,
a-t-elle lancé au début du mois dans le cadre d’une
nouvelle offensive de lobbying. Yves Bolduc doit faire en sorte que les
couples puissent donner la vie et il doit le faire rapidement, car il y
a beaucoup de couples dont l’horloge fait tic tic. » Le critique péquiste
en matière de santé, Bernard Drainville, y a même été d’un « le
gouvernement manque de coeur » bien senti.
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