Les
enseignants, trop occupés à sensibiliser à tout et à rien –
les inégalités sociales, les dangers de l’hypersexualisation,
les méfaits du tabagisme, les troubles alimentaires, le
taxage, etc. – et à produire des citoyens « responsables » –
qui vont recycler, protéger l’environnement, promouvoir
l’équité, encourager la redistribution de la richesse,
parler à leurs ados, payer fièrement leurs taxes, acheter
local, etc. –, ont oublié leur mission première: celle
d’enseigner la grammaire, les mathématiques, les matières de
base. C’est sans doute parce que c’est trop ennuyeux et
qu’ils préfèrent dialoguer sur la condition des femmes ou
les menaces envers l’environnement.
Autres temps, autres moeurs |
J’ai fait mon école primaire au début des années 1970,
quelques années à peine après la création du ministère de
l’Éducation. C’était encore majoritairement des sœurs qui
nous enseignaient. Le curé venait nous rendre visite de
temps à autre. On récitait le Je vous salue Marie en
rangs d’oignon tous les matins avant d’entrer en classe.
C’était avant qu’on se mette à tutoyer les membres de la
Sainte Famille… (N’allez pas croire que je suis nostalgique
de cette période de ma vie.)
À cette époque, notre
plus grande peur, à mes camarades de classe et moi (à part
se faire tabasser par les plus vieux), c’était de redoubler
notre année. On faisait tout pour ne pas subir cette
humiliation – et surtout avoir à tout
recommencer une seconde fois. Aujourd’hui, on ne redouble
plus. On a complètement évacué le concept d’échec à l’école
– comme celui de la compétition ou de l’effort. On dit que
c’est pour protéger la sacro-sainte « estime de soi » des
petits. Sans estime de soi, ils sont désemparés,
désorientés. Ils ont tendance à sombrer dans la délinquance
et la drogue.
Vous savez quoi?
Plusieurs le sont de toute façon, désemparés, et autant
sombrent dans tout ça. Et cela, malgré (ou à cause
de?) la médecine égalitariste de nos fonctionnaires de
l’éducation. Des années de réformes et de nivellement par le
bas auront donné des générations d’étudiants et d’adultes
qui se foutent de tout et qui décrochent de leurs
responsabilités.
Comme
je l’ai
déjà écrit, depuis l'avènement ici bas de l'État-Sauveur
(grand frère successeur de Jésus, « ton chum en haut! »),
les parents et toute la société en général en sont venus à
se dire: « ceci n'est pas de mon ressort ». Il y a un
problème? L'État s'en occupe. Nos enfants éprouvent des
difficultés à l'école? L'État concocte des programmes et des
campagnes publicitaires. Nos enfants veulent décrocher?
L'État met en place toujours plus de programmes.
Tout cet
interventionnisme à la sauce égalitariste d'où la
compétition et l'excellence ont été complètement évacuées ne
peut qu’engendrer une forme de raisonnement, celui qui veut
que si tout le monde est égal et qu'il n'y a plus de
différence entrer les « bons » et les « moins bons », à quoi
bon se forcer? On voit ce que ça donne.
Dans un monde
libertarien, on privatiserait le ministère de l'Éducation,
du Loisir et du Sport, on abolirait les commissions
scolaires et on mettrait fin à la formule Rand – ce qui
ferait en sorte de créer de la concurrence entre les
établissements syndiqués et les non-syndiqués. Mais comme on
est à des années-lumière d’une telle révolution, on pourrait
commencer par retirer les « Loisir et Sport » dans
« Ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport » pour
ensuite réintroduire les notions d’échec, de compétition et
d’effort dans le curriculum.
On ne le répétera jamais
assez: dans la nouvelle économie du savoir et de
l'information, l'éducation est un must. Ça va prendre
plus que des campagnes de publicités motivantes ou de
sensibilisation pour renverser la présente situation.
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