Un
exemple parmi bien d'autres: Vendredi dernier, je lisais une copie du quotidien
régional La Voix de l'Est qui traînait dans un café de
Bedford, pas exactement une référence sur le plan des gros débats de société. La
page éditoriale contenait pourtant une chronique de même qu'un long texte d'un
citoyen, tous deux consacrés à dénoncer le RLQ comme étant un dangereux
mouvement d'extrême-droite d'inspiration américaine.
Samedi, le chroniqueur
Pierre Foglia
déplorait le fait que « la droite a pris le plancher partout » dans La
Presse. Le Devoir, le quotidien de l'intelligentsia nationalo-étatiste
du Québec, sonnait quant à lui l'alarme en manchette. Selon un sondage Léger
Marketing commandé par le quotidien (voir
la page 4 du document), ce sont pas moins de 46% des Québécois qui se disent
d'accord avec la proposition « Que l'intervention et le rôle de l'État québécois
soient diminués, ce qui ferait baisser les impôts des contribuables ». Seulement
9% veulent le contraire, et 32% souhaitent que l'État et les impôts demeurent au
niveau actuel.
Comment un tel appui en
faveur de moins d'État est-il possible, alors que la grande majorité des
parlotteux médiatiques, universitaires et politiques nous ont répété pendant des
années que le Québec est une société différente du reste du continent, que ces
idées rétrogrades n'ont heureusement aucune emprise ici et que ceux qui
s'aventurent à les défendre ne sont donc pas de véritables Québécois?
Le quotidien se demande
comment il se fait que la droite semble aujourd'hui davantage que la gauche
incarner le désir de changement de la population. Pourtant,
écrit le journaliste,
la dernière décennie ne devrait-elle pas l'avoir affectée,
cette droite? De l'éclatement de la bulle techno en 2000 à la crise
économique de 2008, en passant par les scandales d'Enron, de Nortel, etc.,
les phénomènes liés à la déréglementation et à la cupidité débridée des
capitalistes (pourtant présentés comme des modèles de bonne gestion) ont été
légion. Depuis 1980, les discours de droite et de centre droit ont été
encouragés par les gouvernements. Il y a eu les Thatcher, Reagan, et plus
récemment les Charest (surtout de 1998 à 2004), Harris, Harper, Bush,
Sarkozy... « Les ténors de la droite n'ont jamais avoué s'être plantés. Ils
font comme si ce n'était pas de leur faute. C'est impressionnant! », note
Jean-François Lisée, directeur du Centre d'études et de recherches
internationales de l'Université de Montréal (CERIUM) et ancien conseiller
des premiers ministres Parizeau et Bouchard.
Ce n'est pas pour rien si nos amis gauchistes sont complètement déboussolés
devant ce phénomène. Comme cet extrait le prouve encore une fois, c'est parce
qu'ils ne comprennent rien à l'économie et refusent de voir la réalité en face.
Même si « les discours de
droite et de centre droite ont été encouragés par les gouvernements » depuis
1980, la réalité est que ce n'était en grande partie que des discours et non des
actions concrètes. À part quelques reculs partiels ici et là, l'État n'a jamais
arrêté de grossir partout, y compris sous des gouvernements se disant ou étant
perçus comme à droite.
C'est pour cette raison
que le gouvernement britannique doit, un quart de siècle après les réformes de
Thatcher, de nouveau sortir la hache pour alléger un État-providence d'une
lourdeur et d'une inefficacité inouïes. C'est aussi à cause des interventions
réglementaires et monétaires à grande échelle qui se poursuivent et d'un
endettement public gigantesque dont on ne voit pas la fin si on ne voit aucun
signe de reprise économique durable aux États-Unis.
La crise financière était
censée avoir démontré une fois pour toute la faillite du capitalisme débridée et
la nécessité d'une politique économique interventionniste. On parle depuis trois
ans du retour en force du keynésianisme.
Mais comme cela était
tout à fait prévisible – et avait été prévu ici –, les billions de dollars
dépensés par les gouvernements et injectés par les banques centrales des pays
riches pour éviter une dépression et stimuler l'économie n'ont eu aucun effet
notable, à part nous endetter encore davantage et prolonger la crise. Les pays
émergents, qui n'ont pas tombé dans ce panneau idéologique avec la même ferveur,
ont aujourd'hui une croissance plus forte. L'orgie d'interventionnisme des
dernières années n'aura fait que confirmer le déclin de l'Occident
social-démocrate et la prospérité grandissante des ex-pays du tiers-monde qui
ont graduellement adopté des politiques plus libérales depuis deux ou trois
décennies.
Ce que l'on constate,
c'est qu'une partie grandissante de la population, au Québec comme ailleurs, est
plus consciente de ce phénomène et comprend beaucoup mieux ce qui se passe que
les Jean-François Lisée de ce monde. En particulier, le travail d'éducation des
libertariens sur le Web depuis 15 ans commence à porter fruit. Nos idées
n'avaient pratiquement aucun écho dans les médias conventionnels avant l'arrivée
d'Internet, pas seulement au Québec mais partout ailleurs, y compris aux
États-Unis. Aujourd'hui, on les retrouve partout. Il se publie régulièrement
dans le Journal de Montréal des textes qui n'aurait pu paraître que
dans le Québécois Libre il y a dix ans.
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