Avant les réformes économiques de Deng Xiaoping en 1981, à une époque ou
l'État contrôlait à peu près tout de l'économie chinoise, le coefficient
de Gini (une mesure du degré d'inégalité de la distribution des revenus
dans une société donnée) en Chine était de 0,291, ce qui représente une
société relativement égalitaire (voir
Banque mondiale, p. 31). Toutefois, le taux de pauvreté dans
l'Empire du Milieu (gens qui vivent avec moins de 2$/jour) frôlait les
98%. Bref, Winston Churchill avait raison: « Le socialisme, c'est la
distribution égale de la misère ».
Une génération plus tard, soit en 2005, le coefficient de Gini a
augmenté de 42,6% à 0,415, mais le taux de pauvreté a diminué à 37% de
la population. Je me demande ce que les Chinois préfèrent: 1981 ou 2005?
La Chine représente un exemple extrême de l'insignifiance du coefficient
de Gini. Qu'en est-il du Canada? En 1981, il se situait après impôts et
transferts à 0,348 (voir
Statistique Canada, 2008, p. 102-103); il a augmenté à 0,395 en
2005, soit de 13,5%. Toutefois, le taux de faible revenu est resté
exactement le même, soit 15,4% de la population (Idem, p. 140-141).
Bref, malgré une répartition plus inégale des revenus, la pauvreté est
demeurée relativement stable.
Même le Québec, paradis nord-américain des impôts et taxes, n'échappe
pas à cette tendance. De 0,345 en 1981, le coefficient de Gini est passé
à 0,382 en 2005, soit une augmentation de 10,7%. Malgré tout, le taux de
faible revenu a diminué de 18,7 à 17,2%. Au premier coup d'oeil, c'est
mieux que l'Ontario: son coefficient de Gini a augmenté de 16,5%, de
0,339 à 0,395, de même que son taux de faible revenu, qui est passé de
9,5 à 10,5%.
Mais en regardant un peu plus, on se rend compte que le Québec n'est pas
plus riche. En effet, le revenu disponible moyen (voir
Statistique Canada, 2009, p. 139), sur la période mentionnée plus
haut, a toujours été inférieur à celui de l'Ontario. En fait, l'écart a
même augmenté: de 17% en 1981, il est passé à 22% en 2006.
Créer plutôt que spolier la richesse |
En conclusion, et n'en déplaise au CCPA et à
Ed Broadbent, taxer « les riches » pour aider « les pauvres » est
complètement futile. Au contraire: en taxant moins les premiers (les 6%
les plus riches au Canada fournisse 30% de l'impôt, après tout), on les
incite à épargner davantage, à prêter et à investir, ce qui créera plus
d'emplois et de richesse pour tous.
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