Une machine à fabriquer des pauvres |
Tous
smicards: ce n'est pas éventuellement l'objectif (encore que?), mais c'est le
résultat certain de l'extraordinaire machine à fabriquer des pauvres qu'est le
Smic.
Cette année encore la machine se remet en route. Au premier janvier, le
Smic horaire va passer de 8,86 euros à 9 euros, soit une augmentation de 1,58%.
Cet accroissement est permanent depuis longtemps, que ce soit sous les
gouvernements de la fausse droite ou ceux de la vraie gauche. Depuis quelques
années, il n'y a pas de « coups des pouce », lesquels représentaient une
augmentation au-delà du minimum prévu par la loi et dont Villepin avait
largement usé. La renonciation au coup de pouce est une sorte d'aveu du pouvoir
qui finit par comprendre que le Smic est néfaste sans aller toutefois jusqu'à le
supprimer.
L'intensité de
l'augmentation dépend ainsi de l'humeur vagabonde et provisoire des politiques
et syndicalistes « fraternellement » unis. Au même moment, ces jours-ci, est
publiée la statistique du chômage qui reprend son ascension. Suivant l’OCDE,
dans les pays qu’il analyse, 5 points de plus de SMIC donnent 1 point de plus de
chômage. L'Insee sort régulièrement des évaluations semblables.
Aucun média, et pour
cause, n’a mis en relief la coïncidence des deux faits, qui sont pourtant
étroitement liés, et nous sommes probablement les seuls à le faire. Voici en
quoi ce lien existe.
Le Smic
est un prix imposé avec la brutalité habituelle des politiques et son évolution
répond seulement au bon plaisir momentané des pouvoirs en place. Il fait donc
violence aux marchés et, comme à l'habitude, les effets réels se retournent
contre les conséquences prétendument recherchées. Le chômage, en particulier,
est un de ces effets.
Le premier effet
mathématique est de détruire des emplois en général peu qualifiés. Les pauvres
deviennent plus pauvres. Mettant le prix d’un travail au-dessus de la valeur de
ce travail pour l’entreprise, il décourage de recruter et pousse, le cas
échéant, au licenciement. L’employeur éventuel cherche d’autres solutions, soit
investissement, soit renonciation au projet, soit délocalisation. Certaines
industries comme le textile ont été détruites par le Smic. Si le grand commerce
ne peut être délocalisé, il investit énormément pour réduire le nombre de
caissières.
Le Smic est aussi une
voiture-balai qui ramasse progressivement ceux qui se trouvent dans son
voisinage. Cela explique l'augmentation régulière du nombre de smicards. En 1981,
il y avait 840 000 smicards. En 1988, il s'en comptait 1 500 000, soit 8% des
salariés. À présent, on touche les 2 300 000 personnes, soit un cinquième des
salariés.
Si l'on ajoute les
titulaires de minima sociaux l'on doit arriver à des chiffres effrayants
– ce qui mesure la cruauté du socialisme qui inspire tous ces systèmes.
L'existence de ces minima sociaux complique et aggrave l'analyse. Dans la
pyramide des allocations diverses, celles-ci s'accompagnent d'avantages divers
non comptés dans les statistiques. Il en résulte que les titulaires n'ont aucune
envie de se bouger pour aller travailler au Smic. Une autre conséquence est que
le pouvoir, conscient de la calamité dont il est le seul auteur, imagine sans
cesse de nouvelles usines à gaz administratives pour persuader les gens d'aller
travailler et ceci dans le nuage habituel de complications.
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