L'état de l'économie dépend des choix politiques. Plus les
interventions gouvernementales dans l'économie sont
nombreuses et importantes, plus sérieuses sont les crises.
Pour Leithner, la politisation de l'économie est
particulièrement marquée dans les sociétés démocratiques. En
effet, les gouvernements démocratiques se sont emparés peu à
peu depuis le 18e siècle des libertés liées à la monnaie:
liberté de la choisir, de l'émettre, de la certifier, etc.
Aujourd'hui, plus rien ne reste de ces libertés, car ces
fonctions sont monopolisées par l'État.
Comme tous les monopoles,
celui de la monnaie impose ses diktats. Les banques sont
encouragées à maintenir dans leurs coffres uniquement une
partie de l'argent des déposants, et à prêter et à investir
le reste. À cause de cette politique, connue sous le nom de
«réserves fractionnaires», les banques sont toujours en
manque de liquidité. C'est la principale raison qui explique
que lorsqu'une d'entre elles est mise à mal, les
gouvernements se précipitent pour lui venir en aide dans le
but d'éviter que soit dévoilée au grand jour cette fraude
légalisée qui, si elle était reconnue comme telle,
conduirait la plupart des banques à la faillite.
Comme le souligne
l'auteur, un manque de liquidité est à différencier de
l'insolvabilité. Il y a insolvabilité lorsqu'une firme
consomme plus de ressources qu'elle en produit, alors qu'il
y a manque de liquidité lorsque les sorties d'argent
dépassent les entrées d'argent à un moment inopportun. Par
exemple, une entreprise peut être riche en actif et faible
en dette, mais si elle ne peut respecter ses contrats,
c'est-à-dire si elle ne peut pas payer ses créditeurs et
fournisseurs au temps convenu, alors elle est conduite à la
faillite. Ce n'est pas le cas des banques, du moins des plus
grosses d'entre elles.
Les banques manquent
constamment de liquidités, mais elles sont rarement en
faillites, car les gouvernements viennent à leur rescousse
notamment par l'entremise de leur monopole sur la monnaie.
Il y a donc injustice dans le fait de traiter le secteur
bancaire différemment des autres secteurs d'activité. Cette
injustice se double d'une inefficacité à produire de la
richesse pour l'ensemble des consommateurs.
Suivant ce constat, les
solutions aux crises économiques sont évidentes: on doit
abolir le monopole d'État sur la monnaie et exiger, sous
peine d'amende, que les réserves des banques soient entières
plutôt que fractionnaires. En d'autres mots, on doit exiger
qu'elles soient liquides en tout temps. Cela implique en
revanche de distinguer plus nettement le dépôt du prêt et de
rétablir les libertés de choisir et d'émettre sa propre
monnaie. Si cela devait arriver, il y a fort à parier que
l'or et l'argent métallique seront de nouveau rétablis comme
monnaies principales.
The Evil Princes of Martin Place s'adresse à tous
malgré ces nombreux tableaux remplis de ratios financiers.
Les économistes y trouveront une riche source d'information
mais aussi, à n'en pas douter, également de frustrations,
car plusieurs des principales idées reçues de leur science
sont constamment remises en question. À lire et à étudier!
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