Les
fantasmes sont faciles à alimenter quand il n'y a rien de concret pour nous
ramener sur terre. Puisqu'une proportion substantielle des Québécois en ont ras
le bol des débats qui tournent en rond depuis des décennies et de la médiocre
offre politique actuelle, les spéculations entourant le projet de l'ex-ministre
péquiste ont suscité bien des espoirs.
J'ai déjà dit ce que je pensais de ces étatistes qui savent compter que sont
les « lucides »: des gens de gauche, partisans d'un gros État interventionniste,
mais qui veulent qu'on puisse se payer nos généreux programmes sociaux au lieu
de les financer à crédit. Contrairement à ceux qui pensent que l'argent pousse
dans les arbres, ils sont plus conscients des limites de l'interventionnisme
étatique. Mais s'ils veulent des finances publiques plus saines, c'est justement
parce qu'ils comprennent qu'on ne peut pas dépenser de l'argent qu'on n'a pas.
Et leur but, c'est d'en dépenser plus, pas moins.
François Legault fait partie de cette mouvance. Il se décrit lui-même comme
partisan d'une « gauche efficace ».
Au départ donc, du point
de vue de ceux qui veulent non pas un gros État « mieux géré » mais moins
d'État, on pouvait difficilement s'attendre à quelque chose de vraiment
intéressant dans le manifeste de la
Coalition pour l'avenir du Québec lancé le 21 février dernier. À
quelques nuances près, c'est cette même poutine vaguement réformiste qu'offrent
les programmes du Parti Québécois, du Parti libéral et de l'Action démocratique.
Et l'on sait que ces programmes se noient encore plus dans une sauce brune bien
épaisse dès que le pouvoir est à portée de main.
Ce mouvement est présenté
comme une « coalition », alors qu'il ne s'agit en fait que d'une poignée
d'illustres inconnus rassemblés autour d'un ex-ministre et d'un homme
d'affaires. François Legault aurait sans doute pu frapper l'imagination des
Québécois s'il avait réuni derrière lui une douzaine de figures prestigieuses
venant de diverses familles politiques, même avec un manifeste insignifiant.
Mais les uns après les autres ont refusé de se joindre à lui, ce qui en dit long
sur ses qualités de leadership et de rassembleur.
Je n'ai rien contre les
nobodies, remarquez. J'aurais appuyé avec enthousiasme un groupe
d'inconnus proposant des réformes ambitieuses. Je constate simplement qu'en
politique, quand on n'a rien de bien original à proposer sur le plan du contenu
ni rien de bien spectaculaire à présenter sur le plan des personnalités, on n'a
rien à offrir, point à la ligne.
Parlons justement de
cette insignifiance du contenu. Ça saute aux yeux dès qu'on voit le nom du
groupe: Coalition pour l'avenir du Québec. Est-ce qu'il y a des gens qui sont
contre l'avenir du Québec? Quand vous n'avez rien à dire, parlez de la
nécessité d'avoir les yeux tournés vers l'avenir, ça va impressionner les
imbéciles.
Qu'en est-il plus
concrètement du « texte fondateur intégral » de la CAQ?
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