D'un
certain point de vue, cela n'est pas surprenant. Dès notre
tendre enfance, l'école nous enseigne à être gentil, à
accepter tout le monde, bref à être des automates qui gobent
le discours égalitariste qui prévaut, au Canada et ailleurs.
Ce n'était qu'une question de temps avant qu'une
trouble-fête comme Mme Coulter, qui suggère aux musulmans de
prendre des tapis volants ou des chameaux pour leurs
déplacements plutôt que l'avion, ne viennent violer la
conscience des « equity officers » dans les bureaux des
rectorats.
Même si cela n'est pas
surprenant, un tel précédent est dangereux. Si l'on accepte
de censurer untel aujourd'hui à cause de la controverse, qui
est-ce qui empêche les autorités de censurer un autre demain
pour d'autres raisons?
Si le fait que certains
discours doivent être censurés parce qu'ils dérangent
certaines sensibilités, alors j'exige que l'on censure
sur-le-champ tous les groupes keynésiens, communistes,
altermondialistes, écologistes, bref tous ceux qui ont une
dent contre le capitalisme parce que je trouve offensant que
l'on questionne le meilleur système économique au monde. Il
faudra aussi censurer tous les groupes religieux,
regroupements dont les livres sacrés appellent pour la
plupart à la haine et à la discrimination. Enfin, on doit
interdire le rap; en plus d'être la pire abomination sonore
de la planète, ce style de musique réussit à creuser le fond
du baril qu'il avait atteint depuis longtemps en termes de
vulgarité.
Il est très facile de
trouver quelque chose qui peut déranger quelqu'un. S'il
fallait que les universités prennent ce chemin, alors bien
peu de gens auraient le droit de parler, même dans le monde
scientifique. Les universités failliraient à leur mission
d’éducation et deviendraient
franchement soporifiques.
En conclusion, peu
importe ce que vous pensez des groupes anti-avortement,
pro-Israël ou qui disent des choses trop dérangeantes, vous
devez au moins reconnaître leur droit de s'exprimer. « Si
vous êtes en faveur de la liberté d'expression, c'est que
vous acceptez les points de vues que vous détestez », disait
Noam Chomsky. Et il a raison: ne permettre aucune
dissidence, c'est du totalitarisme.
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