L’outrage des magistrats (Version imprimée)
par Xavier Collet*
Le Québécois Libre, 15 mars
2011, No 287.
Hyperlien: http://www.quebecoislibre.org/11/110315-5.html


Alors que parler de dysfonctionnements majeurs de la justice est un euphémisme pour bien des justiciables brisés par les erreurs judiciaires en série, le président de la République a eu le mérite d’oser ce terme en révélant la responsabilité de la « justice » dans le meurtre de la jeune Laëtitia, suite à la remise en liberté d’un tueur sadique.

Dans les faits pourtant, les magistrats jouissent d’une irresponsabilité qui leur permet de commettre les pires forfaits sous forme de jugements ou de dénis de justice. Les exemples abondent: des innocents reconnus ultérieurement comme tels qui se suicident en prison, une enfant séparée d’une famille aimante pour être envoyée dans une secte, des pédophiles peu inquiétés, des magistrats escrocs et fautifs en leurs jugements qui continuent à juger, etc. La liste est interminable et il faudrait bien un jour rédiger un livre noir des crimes judiciaires.

On ne peut donc que louer les propos de Nicolas Sarkozy, premier magistrat de France, et on s’attendait pour le moins à ce que les intéressés fassent amende honorable, à ce qu’une grande réforme du statut de la magistrature puisse être réclamée par les juges sur d’autres bases que des rallonges budgétaires et enfin mise en chantier.

Mais non, une partie importante de ce corps tout puissant se met, non pas à s’excuser, mais à aboyer l’écume aux lèvres. L’habitude est bien prise dans ce corps: rappelons-nous la violence des propos des pontes des syndicats de magistrats contre le ministre de l’Intérieur qui avait voulu les rappeler à l’ordre.

Le premier à tirer est le Conseil supérieur de la magistrature, que préside d’ailleurs le président de la République. Ce corps de promotion et de discipline des magistrats doit effectivement se sentir ulcéré de ne pas faire son travail avec suffisamment d’empressement et de rigueur, et c’est bien ainsi que l’on doit considérer son rappel jaloux de ses prérogatives si mal employées: « la mise en oeuvre de la responsabilité disciplinaire des magistrats obéit à des règles précises ». Tellement précises d’ailleurs que le premier justiciable venu critiquant un jugement aberrant se verrait condamné pour mise en cause de l’autorité de la chose jugée sans que le Conseil supérieur de la magistrature n’y trouve rien à redire.

Tout autre que le président de la République ou un ministre se serait d’ailleurs pris outrage à magistrat pour ces paroles de vérité car en France, la liberté d’expression ne saurait aller jusqu’à froisser ces gens-là et des délits particuliers ont été trouvés pour faire taire le pékin moyen.

Pourtant, si outrage il y a dans cette affaire, c’est un outrage à chef d’État et bien davantage un outrage au peuple français, puisque les magistrats grévistes se sont délibérément mis dans l’illégalité et insultent les justiciables par leur comportement. Il serait comique qu’outrageant ainsi le peuple et leur fonction, chacun de ces grévistes puisse à l’avenir faire condamner qui que ce soit pour outrage à leur peu respectable personne.

Mais examinons de plus près le corporatisme de la magistrature qui amène 170 tribunaux sur 195 à se mettre en grève. Comme le premier cégétiste venu, les hommes en robe par la voix du président de l’Union syndicale des magistrats, premier syndicat dans la magistrature, viennent pleurer sur leurs conditions de travail et réclament 3 milliards d’euros sur 5 ans. Rien que ça!

Et me voilà, moi pourtant peu enclin à soutenir le syndicaliste lambda dans un tel argument, à faire la comparaison de statut et de niveau de vie du juge et de l’ouvrier. Décidément, ces magistrats, habituellement plein de morgue, ont peu de pudeur à jouer de leur humanité de façade pour qu’on leur remplisse davantage la gamelle. Il n’y a donc en France que les nantis qui puissent se mettre en grève, alors même que la grève est interdite dans les secteurs régaliens de l’État que sont la « justice », la police et l’armée…

Alors oui, douchons à coup de lance à incendie ces manifestants en robe et renchérissons sur les déclarations du porte-parole du gouvernement français – selon qui, avec le budget de l’enseignement supérieur et de la recherche, celui de la justice était le seul à être épargné par les suppressions de postes. Renchérissons donc pour demander à ce que soient cassés d’office l’ensemble des magistrats grévistes pour outrage à leur fonction.

N’oublions pas non plus de renouveler une partie de ses effectifs mais dans le cadre d’une grande réforme de la justice et du statut de la magistrature. Plus jamais un voyou ne devra siéger ailleurs que sur le banc des prévenus, et cela devrait valoir aussi pour un certain nombre d’experts et d’avocats.

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* Xavier Collet est professeur d'économie et responsable du site de l'ADEL.