La
firme Renault pour vanter une nouvelle gamme de voitures
indique dans un grand journal: « le développement durable
n'est pas une simple posture, c'est une nécessité pour
préserver l'avenir de notre planète ». Nous pensions
humblement qu'une voiture était un objet destiné à vous
porter sans trop de danger en temps et en heure d'un lieu à
un autre, la voici chargée d'assurer l'avenir de la planète!
À la suite de la fable suprême du « développement durable »
se décline une foule d'autres expressions. Celle de « sauver
la planète » est l'une d'entre elles et également
l'invitation à être « éco-responsable ». Il nous est demandé
maintenant d'être « éco-responsable » au bureau. Cela veut
dire par exemple de réduire le nombre de pages d'un rapport
en écrivant recto-verso. Également, il faut faire baisser le
besoin de climatisation et, sans rire, une association
propose dans le cadre de la vie professionnelle de
développer les réunions téléphoniques ou les conférences
Internet et également de privilégier le train à la voiture,
toujours pour sauver la planète.
Le mot « environnement »
est aussi l'un des nouveaux vocables. La constitution
comporte une charte de l'environnement qui s'efforce d'une
façon pathétique de définir l'indéfinissable. Telle quelle
est, cette charte est surtout un moyen offert aux écolos
d'étendre leur influence au nom du monopole de l'amour de la
nature qu'ils se sont attribués.
Nous lisons: « les grands
groupes s'éloignent parfois de leur métier pour promouvoir
l'environnement ». Il est fort inquiétant pour les
actionnaires grands, moyens ou modestes que de voir les
grands groupes s'engager ainsi dans une promotion pour une
sorte de fantôme.
Voici d'ailleurs que « la
bourse se veut aussi de plus en plus éco-responsable » et il
y a des fonds « socialement responsables ». Le terme
« socialement » s'ajoute à la panoplie. Dans la même ligne,
nous lisons que la finance investit « pour un monde
meilleur ». Or vendre des produits ou services convenant à
la clientèle semble la seule action pour un monde meilleur
qu'un entrepreneur puisse et doive engager, sans que les
écolos interviennent en quoi que ce soit.
Le bonus-malus écologique
est un autre exemple célèbre de la perversion du langage.
Qui peut vraiment prétendre que tel ou tel modèle de voiture
est bon ou mauvais pour l'environnement, sinon ceux qui se
saisissent du monopole abusif de la parole. Signalons le
bilan carbone qui prétend mesurer les émissions de CO2
dont les personnes ou les groupes sont responsables. Ce CO2
est devenu aussi, de son côté, un ennemi public!
Parmi les fables qui se répandent se trouve le qualificatif
de « citoyen ». C'est faire un geste citoyen que d'éteindre
l'électricité que nous retrouvons ici. Plus généralement et
dans la foulée se trouvent les calculs « d'empreinte
écologique ». Cela revient à exprimer la surface nécessaire
pour qu'une personne ou un groupe n'épuise pas la planète.
C'est ainsi que les prêtres de la nouvelle religion, voulant
« mettre du sang à la une », ont démontré qu'il faudrait
bientôt une deuxième planète, à cause de cette terrible
empreinte.
Terminons par le conte
assez désopilant des taxis verts et des taxis bleus. Si vous
commandez à Paris un taxi vert, une voix suave vous dira que
vous allez avoir un taxi vert car les taxis bleus
participent à la lutte pour l'environnement. Soit. Un peu
perplexe, vous attendez votre taxi vert et vous voyez
arriver une Mercédès toute noire. Dialogue avec le
chauffeur: « Je m'attendais à une voiture de couleur
verte ». « Vous n'y êtes pas. Le point important est que mon
taxi respecte l'environnement. » « Fort bien. Mais que
viennent faire les taxis bleus? » « Cher Monsieur, c'est la
maison-mère des taxis verts et leurs propres taxis sont
différents! » On ne peut que conclure que la flotte immense
des taxis bleus ne respecterait pas l'environnement. Nous
savions bien, de toute façon, que le verdissement du langage
n'a aucune importance et que personne ne pourra jamais
savoir ce qu'est l'environnement!
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