Du côté des antennes de téléphone
mobile, faut-il s’inquiéter? Peut être, mais en gardant à
l’esprit que la longueur d’onde propagée par ces antennes
est 100 à 100 000 fois moins forte que celle des ondes
émises par les téléphones que nous collons à notre oreille,
qui elles-mêmes sont 100 000 fois moins fortes que la
longueur d’onde de la lumière visible. De quoi relativiser!
Quid du Gaucho et du Régent, deux
insecticides eux aussi interdits en France car accusés de
détruire les ruches de leurs habitants. Là encore, on
découvre que les données ne semblent pas étayer le lien
entre la mortalité des abeilles et ces produits chimiques,
une étude de l’Afssa concluant au contraire que le facteur
déterminant est la façon dont l’apiculteur traite ses
ruches.
Le livre est plein de ces
informations qui mettent les choses en perspective et
indique que les scandales qui éclatent les uns après les
autres ne font qu’obscurcir le débat sur des questions qui
peuvent être cruciales comme celui de la grippe A et du
système de santé en France.
L’auteur y consacre des pages
intéressantes qui l’amènent à se positionner sur le principe
de précaution dont il dit clairement qu’il n’est pas un
outil de décision utile car son application ne peut être
raisonnable. Là encore, les mots sont justes et les
réflexions intéressantes.
Il nous semble que la réflexion
aurait pu aller plus loin dans la mesure où le principe de
précaution est avant tout un principe érigé par les pouvoirs
publics qui font fi des institutions qui ont émergé au cours
des siècles pour gérer au mieux le risque.
En effet, une fois le constat fait
qu’il n’y a pas d’action sans risque, faut-il encore
chercher à comprendre ce qui permet de limiter au mieux la
prise inconsidérée de risques ou, à l’inverse, la trop
grande précaution. L’un comme l’autre présentent des risques
et le tout est de balancer l’un et l’autre. Or, un système
sans responsabilité individuelle et sans concurrence ne
semble pas pouvoir offrir une gestion équilibrée du risque.
La critique acerbe de Kervasdoué à l’égard du fiasco de la
gestion par l’État de la compagne de vaccination contre la
Grippe H1N1 va d’ailleurs dans ce sens.
En fait, il est crucial d’avoir une
réflexion approfondie sur la gestion centralisée du risque
versus sa gestion par les individus. Dans les deux cas, des
erreurs peuvent être commises par ignorance ou par
nonchalance mais lorsque des individus assument les risques
qu’ils prennent, il y a de grandes chances qu’ils les
limitent et qu’ils essaient de s’en protéger tout en sachant
qu’ils n’ont pas d’autre choix que d’innover pour avancer.
Quand une bureaucratie est en charge de la prise du risque
sans en subir directement les conséquences, le risque est
très élevé de les voir se protéger avant tout du scandale et
de tout interdire, y compris des innovations certes risquées
mais dont les bienfaits sont importants.
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