Quelle note devrais-je donner à l'auteur de telles affirmations?
Sans l'ombre d'un doute, je donnerais un zéro, car il serait absolument évident
que cet étudiant n'aurait absolument pas compris certaines des bases
fondamentales de l'économie. Mais sortant de mon rêve, je m'aperçois avec
stupéfaction que ces propos sont à peu près ceux qui ont été tenus par une
personnalité importante, le président de la République française en personne! Et
mon effroi s'accroît quand je prends conscience que cette méconnaissance des
phénomènes économiques est celle d'un personnage qui peut prendre des décisions
de politique économique importantes.
Il faut simplement rappeler les principes de base du fonctionnement
d'une entreprise. Toute entreprise privée est possédée par un ou plusieurs
propriétaires. Ceux-ci – ou leurs mandataires – signent toutes sortes de
contrats, avec des fournisseurs, des prêteurs, des salariés. Ces contrats
stipulent des prix, des intérêts ou des salaires qui sont déterminés à l'avance,
de manière certaine, et les propriétaires de l'entreprise s'engagent donc à les
honorer quelles que soient les circonstances. Mais, les circonstances ne peuvent
pas être prévues parfaitement à l'avance et toute activité entrepreneuriale
implique, de ce point de vue, une part de risque.
Bien entendu, lorsqu'il signe les différents contrats qui l'engagent
pour le futur, un propriétaire-entrepreneur espère bien qu'il y aura un écart
positif entre la valeur de ce qu'il pourra vendre sur le marché et tout ce qu'il
aura payé au titre de ces différents contrats pour produire les biens qu'il
vendra. Cet écart est appelé le profit. Comme on le voit, celui-ci est de nature
résiduelle, c'est-à-dire qu'il correspond à ce qui reste lorsque tous les
contrats certains ont été honorés. Il existe donc seulement dans la mesure où
les coûts de production ne dépassent pas le chiffre d'affaires. Mais, il peut
arriver que le résultat de l'activité d'une entreprise se solde par une perte et
non par un profit, ce qui constitue un risque particulièrement grave. Le
propriétaire est celui qui accepte à l'avance de prendre les risques à sa
charge. Sa rémunération est donc variable et incertaine, contrairement à celle
des salariés ou des prêteurs.
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