D'abord
dans l'organisation de la France telle qu'elle est, une loi n'est jamais
complète avant de multiples « dépendances »: décrets d'application, circulaires,
interprétations jurisprudentielles et usage de recours divers éventuels allant
parfois jusqu'à l'Europe. Si les lois ont besoin de dépendances, c'est parce
qu'elles s'inscrivent dans une galaxie d'usines à gaz. Du temps de Chirac, une
codification a abouti à 61 codes avec 10 millions de mots! Il est des chances
pour que depuis lors, d'autres paquets de lois soient apparus avec d'autres
millions de mots. Il est donc nécessaire de raccorder les nouvelles lois à ces
millions de mots, ce qui implique ces « dépendances » et bien entendu jamais
l'on arrivera à la véritable clarté. En France, il est impossible d'exercer
n'importe quelle activité sans encourir le risque d'être englouti par ce
véritable tsunami.
Dans
l'énoncé des programmes, les futurs fabricants de lois dénoncent pour se
justifier des aspects désolants du désastre français comme pêle-mêle: la
dégradation du pouvoir d'achat, le chômage, les retraites insuffisantes, les
délocalisations, etc. Il y a lieu alors de rappeler le principe des calamités
qui s'énonce ainsi: « Quand les Hommes de l'État ont créé une première calamité,
et, dès lors que cette première calamité devient trop visible, ils en créent une
deuxième pour corriger la première et ainsi de suite ». Les futures lois dont
ils nous menacent s'inscrivent dans ce schéma, mais ils se garderont bien de
préciser que les calamités innombrables viennent justement des politiques
socialisantes que tous les gouvernements ont pratiquées depuis des décennies.
Une autre cause de la
déferlante se situe dans la multiplication du nombre des ministres, car un
ministre n'existe que s'il déclenche des lois. L'on se souvient de ce premier
ministre qui avait prétendu juger l'activité des ministres en les jugeant
justement sur leur aptitude à faire voter des lois. À l'activité incongrue des
ministres, dont beaucoup sont inutiles, s'ajoute celle des parlementaires: avoir
une loi portant son nom revient à bénéficier d'une publicité dont personne n'a
jamais essayé de calculer la valeur, mais qui doit être grande.
Une loi
qui n'a pas reçu ses dépendances est une loi inapplicable, une sorte de loi en
suspens: les exemples sont permanents. Il est des lois, qui n'auront jamais
leurs dépendances: ce sont des lois mortes aussitôt que nées. Les experts
comptent que depuis 2007, peut-être 30% des lois votées sont ainsi des lois
mortes-nées.
Il existe des lois
inapplicables car inintelligibles et la lecture des rapports de la Cour des
comptes est édifiante à cet égard. Un grand nombre sont contradictoires avec
d’autres et certaines sont rétroactives: le droit fiscal en est peuplé et le
budget 2012 en prépare. Il faut compter avec les lois en mouvement perpétuel, ce
qui est le cas des nombreuses lois sur le logement.
Il y a, plus fort encore,
ce sont les lois en « coma avancé ». En effet, une foule d'organismes sont aux
aguets pour détruire les lois après coup, ainsi le conseil d'État ou le conseil
constitutionnel. L'Europe est embusquée avec la Cour de Luxembourg en dernier
recours. Quand le coma se réalise effectivement, parfois au bout de longues
années, il est rétroactif: la république a inventé la mort rétroactive ce qui,
pour des partisans de la culture de mort, est finalement assez logique.
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