Le Québécois Libre, 15 août 2011, No 291. Hyperlien: http://www.quebecoislibre.org/11/110815-16.html La majorité des citoyens des démocraties modernes s’accordent sur la nécessité de disposer d’un corps spécialisé d’agents salariés chargés d’administrer les missions générales de l’État. Ce sont les fonctionnaires. L’évolution historique leur confère des fonctions toujours plus étendues: éducation, santé, transports, armée et police, justice, finances, etc. Leur nombre et leur puissance croissent ainsi naturellement et leurs intérêts finissent par se confondre avec ceux des dirigeants dans une collusion perverse. Ils deviennent progressivement la garde prétorienne du pouvoir dont ils contrôlent la survie. C’est ainsi que, poussés mutuellement au « vice », dirigeants et administrations perpétuent, au mépris des institutions dont ils sont les serviteurs, un coup d’État permanent. Rappelons que la notion de « coup d’État permanent » remonte à un livre, véritable ouvrage de combat, publié en France en 1964 par François Mitterrand(1) dans lequel l’auteur dénonçait le gouvernement « césarien » du Général de Gaulle qu’il accusait de bafouer la Constitution républicaine en instaurant un mode de gouvernement personnel autoritaire. Aujourd’hui plus que jamais, l’accusation de visées « antidémocratiques » portée contre un homme politique reste dans les pays occidentaux le pire des anathèmes. La tradition est ancienne. Déjà, connaissant la haine inextinguible des Romains pour la monarchie, les empereurs romains avaient toujours pris soin de respecter les apparences de la République, affectant de ne voir dans leur titre que celui de premier magistrat. Même s’ils avaient vidé les institutions tel le Sénat de tout pouvoir réel, ils veillaient à prendre leurs décisions personnelles au nom du Peuple romain pour n’être pas accusés de tyrannie. Que le Général de Gaulle ait ou non exercé un gouvernement autoritaire prête à discussion. Ce qui est certain en revanche, c’est que Mitterrand une fois au pouvoir, et imité en cela par ses successeurs, a bel et bien jeté les bases d’une confiscation à long terme du pouvoir au profit d’une clique associant de façon machiavélique partis politiques, syndicats, grand patronat et administration. Sous son impulsion s’étendra un monstrueux glacis de fonctionnaires (plus de 6 millions aujourd’hui en France), nantis comme l’ancienne noblesse de privilèges nombreux (inamovibilité, salaire moyen supérieur au salaire moyen du secteur privé, retraites précoces pratiquement à 100% du salaire, etc.), représentés par des syndicats très minoritaires mais reconnus comme représentatifs pour des raisons politiques. Ajoutons à cela pour un grand nombre d’entre eux une arrogance bien connue et un dédain des « usagers », ainsi qu’un mépris proverbial du travail – il n’est que de rappeler cette boutade fameuse de Coluche: « Quand t’es fonctionnaire, faut surtout pas dormir le matin, sinon tu sais plus quoi faire l’après-midi! » Cette inflation des personnels bureaucratiques est bien sûr allée de pair avec une explosion des lois, règlements, contraintes administratives et une perte considérables des libertés privées. Insensiblement, les citoyens se sont vus enfermer dans un carcan de contraintes par une autorité pléthorique et anonyme. Ces manoeuvres politiciennes et occultes ne prennent jamais l’évidence brutale d’un coup d’État, mais la perversion des institutions démocratiques poursuivie sans relâche n’échappe pas totalement aux citoyens, qui ont vaguement conscience qu’« on » leur ment et qu’« on » les trompe, ce qui alimente leur mépris de la classe politique et de l’administration et les incite à s’abstenir lors des élections, souvent dévalorisées au rang de bouffonneries. Le déficit de la légitimité électorale pose aujourd’hui un problème de plus en plus grave à nos démocraties dont la gouvernance devient chaque jour plus fragile et plus démagogique, tandis que la société réelle se délite en groupes de pression divers. Le cas du Québec Le Québec, comme la plupart des démocraties occidentales, n’échappe pas à ce processus. Un observateur extérieur, mais demeurant au Québec depuis plusieurs années, ne peut qu’être frappé par le scandale permanent de la collusion politico-mafieuse actuelle, à peine masquée par une rhétorique en langue de bois qui évite d’aborder les sujets qui fâchent. Les discours officiels s’enlisent dans des thèmes « porteurs » dont les solutions apparaissent très lointaines: éducation, santé, souverainisme. Ainsi, alors que la majorité des dirigeants politiques du Québec semblent avoir renoncé en privé à l’indépendance de la province, ceux-ci continuent en public à en agiter la possibilité et même parfois l’imminence, ce qui permet d’entretenir la fiction d’une exception québécoise persécutée par le gouvernement fédéral. À peu de frais, l’opinion est ainsi mobilisée sur une utopie plutôt que sur des problèmes réels et le souverainisme devient une des justifications des choix socialisants des gouvernements québécois successifs. À leur tour, ces options politiques à long terme permettent de tisser des liens très spéciaux et durables avec les prestataires extérieurs (industrie de la construction(2) et sociétés minières par exemple, ordres professionnels et syndicats, agences de communication et médias). Ces collusions, sans cesse démenties par les services de communication officiels, sont pourtant mises en évidence quotidiennement dans la presse. Voici quelques exemples supplémentaires, pris au hasard dans la presse quotidienne, de scandales, absurdités, abus de pouvoir de l’État, qui illustrent parfaitement la gouvernance moderne selon la logique du coup d’État permanent.
Les Québécois sont peut-être dotés d’humour, mais pas au point d’acheter suffisamment de billets pour subventionner leur « culture »; ni même pour se moquer de la phrase ridicule de leur ministre qui semble définir à leur place ce qu’ils entendent par « culture » (un « véhicule »?) et les moyens qu’il convient d’y consacrer.
J’ai honte de méconnaître un artiste si célèbre qu’un musée à lui seul semble posséder une part aussi considérable de son oeuvre. Les Québécois sont sans doute ravis que quelqu’un ait eu, à leur place, le discernement de consacrer leurs ressources fiscales à l’achat massif d’un tel talent.
L’impéritie des responsables publics, mis au courant dès 2008 de
l’état alarmant des structures, n’engage en rien leur responsabilité. La
faute retombe sur une société privée qui effectuait des travaux à
côté. Le fusible a fonctionné et le « peuple » peut se réjouir d’avoir
des édiles capables d’identifier rapidement les coupables. Lesquels
coupables se verront pourtant sans doute confier, par un jeu de bons
procédés, les travaux de réparation… même si cela coûte un peu plus
cher. Le maire Tremblay en profite au passage pour demander plus de
sous. |