Sous ce système monétaire international instauré suite à la Deuxième
Guerre mondiale, le dollar américain était accepté comme monnaie de réserve à
travers le monde, avec la garantie d’être échangeable contre de l’or à hauteur
de 35$ l’once. Cette convertibilité du dollar en or devait assurer une certaine
stabilité en protégeant les autres pays contre l’éventualité où Washington
entreprendrait d’imprimer des dollars au point de dévaluer ceux-ci.
Or, la guerre du Viêt-Nam et les grands programmes sociaux de Lyndon
Johnson ayant justement forcé l’impression soutenue de dollars pour leur
financement, l’inflation s’accéléra et les partenaires commerciaux des
États-Unis demandèrent de convertir leurs dollars, mettant sous pression les
réserves d’or américaines. C’est ce que fit la France de Charles De Gaulle,
conseillée par l’économiste Jacques Rueff. Nixon fut éventuellement contraint
soit de réduire les dépenses de l’État, soit de mettre fin à la convertibilité
du dollar en or. Il opta pour la seconde option et, le 15 août 1971, le dollar
américain devint une monnaie purement fiduciaire, permettant ainsi de diluer sa
valeur à un rythme encore plus rapide, tant que le monde accorderait sa
confiance au gouvernement américain.
Si les accords de Bretton Woods étaient imparfaits et n’ont pu
empêcher la poursuite de politiques inflationnistes pour financer un État sans
cesse grandissant, son abolition a littéralement permis d’éliminer les dernières
contraintes. Il aura fallu hausser les taux d’intérêts vers les 20% afin de
restaurer la confiance et de freiner l’inflation massive qui en résulta dans les
années 1970. Or, comme le veut l’adage, chassez le naturel et il revient au
galop. L’État soufrant d’une addiction à la dépense, l’endettement n’a jamais
vraiment cessé de croître. Cette tendance s’est rapidement accélérée sous les
gouvernements Bush et Obama, de connivence avec une Réserve fédérale de plus en
plus accommodante.
Maintenant engagés dans de multiples guerres nuisibles, dans des
sauvetages de banques et d’entreprises ainsi que dans des programmes sociaux
dont les coûts sont en croissance exponentielle, les États-Unis sont passés d’un
surplus budgétaire en 2001 à un déficit de 450 milliards en 2008, qui atteint
1600 milliards aujourd’hui. Quant à la dette publique, d’environ 6 billions (6
000 milliards) en 2002, elle est maintenant de plus de 14 billions et on
projette qu’elle atteindra plus de 24 billions d’ici 2015. Ce montant ne
comptabilise même pas les obligations de l’État au titre des programmes de
sécurité sociale, de Medicare et de Medicaid. Certains estiment que ces
obligations représentent plus de 140 billions, échappant à tout entendement(1).
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