L’éthique objectiviste: la vertu de l’égoïsme
rationnel
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L’éthique est la science dont la fonction est de définir et
de mettre en forme un code de valeurs. Une fondation
appropriée de l’éthique consiste à définir un critère de
valeur auquel tous nos objectifs peuvent être comparés. Or
la vie proprement humaine se confond avec la vie
rationnelle, car seul l’usage de la raison permet à l’homme
de mener son existence propre. Pour exceller en tant qu’être
humain, l’homme doit vivre selon son propre jugement et
rechercher son intérêt rationnel. Le but éthique et
rationnel de chaque individu est la réalisation de son
intérêt propre, de son bonheur.
Cet égoïsme rationnel s’oppose à l’altruisme, au tribalisme
et à toute forme de collectivisme c’est-à-dire de sacrifice
de soi-même au profit d’un autre. Les intérêts individuels
ne doivent en aucun cas être sacrifiés à un intérêt
collectif. Seuls les individus ont des droits. La communauté
en tant que telle n’en a pas.
Les droits de l’homme se résument dans le droit pour un
individu d’utiliser sa raison, à l’exclusion de toute
coercition, pour mener sa propre vie. Raison et liberté vont
de pair. Aucun homme ne peut obtenir les valeurs des autres
par le recours à la force physique, et aucun homme ne peut
initier le recours à la force physique contre les autres.
Les hommes devraient se traiter entre eux, non comme des
victimes et des bourreaux, ni comme des maîtres et des
esclaves, mais comme des commerçants, par des échanges
volontaires à l’avantage mutuel.
La différence entre pouvoir
économique et pouvoir politique |
L’État est détenteur du monopole légal de la force physique.
La nature de l’action étatique est l’action coercitive. La
nature du pouvoir politique est d’obtenir l’obéissance sous
menace de contraintes physiques, que ce soit la menace
d’amende, d’expropriation, d’emprisonnement ou de mort.
Par contre sur un marché libre, aucun individu, aucun groupe
privé ne dispose du pouvoir d’imposer à d’autres individus
ou groupes d’individus d’agir contre leurs propres choix.
Les individus commercialisent leurs biens et services selon
leurs avantages mutuels, selon leur propre jugement exercé
sans contrainte. On ne peut s’enrichir qu’en proposant des
biens ou des services d’une plus grande valeur ou à prix
moindre que ce que les autres sont capables d’offrir.
Il en résulte que:
-
le pouvoir économique s’exerce par des
moyens positifs, il offre à chacun une récompense, une
incitation, un paiement, une valeur;
-
le pouvoir politique s’exerce par des
moyens négatifs, par la menace de la punition, de
l’emprisonnement, de la destruction.
L’outil de l’entrepreneur est la création de valeur, celle
du bureaucrate est la création de la peur. L’entrepreneur
rend un service à la société, le bureaucrate la parasite.
Le capitalisme de laissez-faire |
Ceci conduit Ayn Rand à défendre l’idée d’un gouvernement
limité ou d’un État ultraminimal, dans l’esprit des Pères
fondateurs. L’État doit avoir une fonction strictement
limitée de protection des droits contre l’agression. Ce
principe a trois conséquences:
-
La force est légitime seulement si
elle est exercée en réponse à une agression initiale.
-
L’État doit être doté des moyens de la
force publique pour réprimer ce type d’agression.
-
Il doit agir dans le cadre de lois
justes qui établissent clairement les droits et les
devoirs de chacun.
Le « capitalisme de laissez-faire » est le seul système
politico-économique compatible avec ces principes. Il s’agit
d’un système dans lequel les gens travaillent pour eux-mêmes
et ont le droit de penser et de vivre selon leur propre
conscience. Les partisans du capitalisme de laissez-faire
sont par conséquent les seuls défenseurs des droits de
l’homme selon Ayn Rand.
L’économie de marché est en effet compatible avec une
perspective morale car c’est un système qui repose sur le
jugement individuel, sur la capacité d’identifier, et
d’évaluer la valeur réelle ou potentielle d’un objet. Or, il
n’y a d’actions morales que volontaires et choisies. Dès
lors qu’une action est forcée, elle perd sa dimension
éthique et ne peut être celle d’un homme vertueux. Nous
sommes moralement bons, responsables et dignes de respect
dans la mesure où nos actes découlent de notre propre
volonté, et non de la coercition. Le capitalisme est garant
de cet espace moral et de l’autonomie individuelle car il
est fondé sur la propriété.
En 1991, une enquête réalisée par la bibliothèque du Congrès
a constaté qu’Atlas Shrugged était le deuxième livre
le plus influent pour les américains, juste après la Bible.
En 2009-2010, ses ventes ont triplé.
En effet, ce livre décrit sous une forme littéraire ce que
chacun peut désormais observer tous les jours: les
interventions de l’État dans le domaine de l’économie ont
des conséquences opposées aux buts annoncés. Les politiciens
veulent apporter des réponses aux crises que, dans la
plupart des cas, ils ont eux-mêmes créées. Ils votent de
nouveaux programmes gouvernementaux, des lois et des
règlements qui faussent les prévisions des acteurs du marché
et provoquent une plus grande incertitude, inspirant aux
hommes politiques de nouveaux programmes. Le scénario se
répète jusqu’à ce que les secteurs productifs de l’économie
s’effondrent sous le poids des taxes et autres charges
imposées au nom de l’égalité et de l’altruisme. En 2009, de
nombreux américains ont relu Atlas Shrugged comme un
livre prémonitoire.
Le retour d’Ayn Rand sur le devant de la scène aux
États-Unis depuis quelques années ne peut se comprendre que
dans le contexte d’une tradition américaine qui accorde le
primat aux libertés locales sur le gouvernement fédéral. Or
beaucoup d’américains critiquent la dérive de Washington
vers une forme de Big Government qui rompt avec toute
la philosophie des Pères fondateurs. D’où le succès d’un
mouvement populaire comme celui du Tea Party qui a fait
d’Ayn Rand l’une de ses références majeures.
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