Pourquoi une croissance si faible? Suivant la logique
keynésienne, le Japon aurait dû renouer avec la croissance
dès l'instant où la Banque du Japon a diminué son taux
directeur. Cela encourage les banques à prêter et les
consommateurs à consommer. Si c'était si facile, alors la
République de Weimar serait vite devenue une puissance
mondiale, de même que la Russie et le Brésil
dans les années 1990.
La croissance faible vient justement du taux d'intérêt
ridiculement bas qui persiste dans l'empire du soleil levant
depuis presque 20 ans. L'école autrichienne d'économie, dont
l'un des principaux représentants est Ludwig von Mises, nous
enseigne que les cycles économiques sont causés
principalement par les banques centrales qui manipulent les
taux d'intérêts. Sans une telle institution, le taux
d'intérêt représente l'équilibre de l'offre et de la demande
d'épargne. Les entreprises investissent donc selon les
préférences des consommateurs; un plus bas taux d'intérêt
montre que les consommateurs consomment moins et épargnent
plus (ce qui augmente l'offre de crédit), et vice-versa.
Toutefois, quand les taux d'intérêts sont artificiellement
diminués, ce signal disparaît. Les entreprises engagent donc
des investissements qui ne sont pas nécessairement supportés
par de l'épargne. Plus les taux d'intérêts sont maintenus
trop bas pendant longtemps, plus les erreurs se
généralisent, que ce soient des entreprises qui augmentent
trop leur capacité de production sans que la demande le
justifie ou des banques qui prêtent à des emprunteurs
insolvables.
Cette croissance économique est donc illusoire, comme ce fut
le cas aux États-Unis jusqu'à l'éclatement des bulles
technologiques et immobilières en 2000 et 2008,
respectivement. Quand les bulles éclatent et qu'une
récession se pointe, il n'y a qu'une chose à faire: ne rien
faire. En effet, il faut permettre à l'économie de recouvrer
seule son équilibre sans que le gouvernement n'intervienne.
Sinon, une récession devient une dépression ou, dans le cas
du Japon, deux décennies perdues.
Voilà donc ce que Washington devrait faire pour revigorer
l'économie américaine: ne rien faire, ou plutôt cesser
d'intervenir dans l'économie comme il le fait. Le problème
actuel d'endettement est uniquement provoqué par des
dépenses indues; elles ont augmenté de façon presque
constante depuis 1965,
contrairement aux revenus.
Comme imprimer plus d'argent n'est pas une solution viable,
il faut donc que le gouvernement fédéral respecte l'esprit
de sa propre Constitution et cesse de dépenser là où il ne
devrait pas (éducation, routes, assurance-santé, caisse de
retraite, etc.). Oh, il est certain que ça va faire mal pour
un certain temps. Mais comme l'a démontré Warren Harding
pendant la récession très profonde de 1920-21, laisser
l'économie se stabiliser par elle-même est la meilleure des
solutions. Sa décision de ne pas intervenir pour relancer
l'économie – il avait même diminué les impôts et coupé les
dépenses – a permis à cette dernière de reprendre du poil de
la bête en moins de deux ans.
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