C'est le syndrome du « Si on peut sauver une vie, ça sera toujours bien
ça de pris! » Et cela, coûte que coûte. Mais combien devrions-nous
mettre d'argent dans la prévention de ce genre de drames? Combien valent
les « quelques cas évités » dont le ministre et son président de comité
parlent? 1000 $? 10,000 $? 100,000 $? 1 million $? Il existe déjà
énormément de ressources en « santé publique » pour les personnes qui
souffrent de problèmes mentaux, jusqu'où devrons-nous aller pour
« encadrer » encore plus ces gens?
De plus, comment prévenir l'imprévisible? Si les voisins et amis des
victimes, dans la plupart des cas, disent être surpris et n'avoir jamais
rien vu venir lorsqu'interrogés, comment les experts du ministre
vont-ils, eux, pouvoir prévenir quoi que ce soit? À défaut d'être dans
la tête du parent dérangé quand l'idée de commettre l'irréparable germe,
comment nos experts vont-ils faire pour prévenir des drames familiaux?
Parce que ça serait manifestement la seule façon de prévenir
efficacement ces drames!
Pensez au film
Minority Report, réalisé par Steven Spielberg. L'action se
déroule dans les années 2054, alors que les employés de « Précrime », un
département de police américain, appréhendent les criminels avant même
qu'ils ne commettent un crime grâce à la prescience de trois voyants
appelés « précogs ». Peut-être que c'est vers la mise sur pied d'une
telle unité de services que Québec devrait travailler...
Plus sérieusement, comment allons-nous savoir que des drames ne se
sont pas produits grâce à l'intervention du ministre et de son
comité? Le gouvernement, comme d'habitude, va dépenser plusieurs
centaines de milliers de fonds publics dans cette nouvelle galère, mais
comment allons-nous savoir si ça a un impact, si ça a sauvé des vies et
si on en a pour notre argent?
Deux choses sont sûres. La première, c'est que si durant une année
‒ pour quelque raison que ce soit
‒ il y a moins que 25 drames familiaux au
Québec, le ministre va sauter sur l'occasion et déclarer que c'est grâce
à son intervention! Alléluia! S'il y en a plus, il dira qu'il reste
malheureusement encore beaucoup de chemin à faire et qu'il faut
continuer d'intervenir pour qu'un jour, peut-être, nous venions à bout
de ce fléau qui chaque année tue trop de Québécois... ou quelque chose
comme ça.
L'autre, c'est qu'on aura sans doute droit à une vaste campagne de
sensibilisation signée « Québec » prochainement sur nos écrans et dans
nos journaux ‒ c'est connu, chaque problématique a sa
propre campagne. On nous dira que la famille, c'est important et
que si les choses vont mal, il y a heureusement des ressources à notre
disposition...
Toute cette manoeuvre ne rapportera sans doute rien et tombera
rapidement dans l'oubli. Tout comme les membres de l'Opposition
officielle à Québec, M. Bolduc et son gouvernement auront flairé la
bonne affaire. Ils ne récolteront pas des tas de votes avec ce dossier,
mais comme disait l'autre: ça sera toujours bien ça de pris! Après tout,
la théorie des choix publics ne nous enseigne-t-elle pas que le but premier du politicien est de garder le pouvoir
en achetant des clientèles électorales?
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