Rien
dans la finance n'étant gratuit, ces emprunts étaient indexés sur des indices
parfois complexes et volatils. Par exemple, sur la parité dollar-yen ou même sur
le franc suisse! La sanction devait bien venir un jour ou l'autre par la
majoration insupportable des remboursements et des charges d'intérêts.
Cette triste affaire ne
reflète pas seulement l'incompétence et la légèreté des élus. La négligence des
autorités de tutelle, fort nombreuses dans un pays sur-administré, a aussi sa
part. Comme à l'habitude, tout le monde est responsable et personne n'est
coupable!
L'une des raisons de
cette situation détestable est la possibilité et le désir de s'endetter. La
banque DEXIA, aujourd'hui en quasi-faillite, a joué un rôle majeur dans ce
désastre, en poussant les collectivités à s'endetter par son intermédiaire; ses
dirigeants ont ainsi pu tirer profit du piège tendu aux collectivités locales.
L'endettement de ces collectivités est passé de 93 milliards d'euros en 2005 à
138 milliards en 2010, sans que l'on sache si le chiffre cité dans les journaux
est exact ‒ en fait d'endettement, les dettes cachées sont toujours à craindre.
Quel que soit le vrai chiffre, il forme une partie importante de l'endettement
global de la nation, lui-même destructeur de richesse.
Nous nous trouvons devant
un nouveau et dramatique scandale d'État qui touche des milliers de
collectivités. Dans cette période où nous recevons les feuilles d'impôts locaux,
voici l'occasion de remettre à plat le problème majeur des gaspillages de ces
collectivités locales.
La
France compte à peu près 600 000 élus. Ils reflètent la pyramide abusive des
collectivités locales elles-mêmes. Il existe en effet 36 000 communes. Mais,
par-dessus les communes, s'empile une foule de collectivités: cantons,
départements, régions et d'autres. S'ajoutent, en particulier, un nombre inconnu
de collectivités supplémentaires sous forme par exemple des diverses
intercommunalités ou encore les « agglos ».
Parmi les 600 000 élus,
se trouvent de 5 à 10 000 super privilégiés. Leur poids insupportable se traduit
d'abord par des salaires accompagnés d'avantages informels excédant parfois
largement les rémunérations et se renforçant par des cumuls indécents. Ces
privilégiés du système exploitent le butin public en parfaite légalité ‒ ce sont
eux ou leurs amis qui fabriquent les lois leur permettant de bénéficier de cette
situation. Mais, en plus, l'effet négatif est amplifié par l'activité de ces
élus qui veulent montrer qu'ils existent en prétendant rendre service.
Dans ce contexte, les
gaspillages sont innombrables. Tout le monde a en ligne de mire les palais
somptueux, chaque organisme rêvant de son palais, mais il y en a bien d'autres.
À Clermont-Ferrand, un tramway a été mis en route pour une facture en
accroissement constant et il n'a pas fonctionné. À Vitrolles, dans les
Bouches-du-Rhône, un cube de béton a coûté plus de 15 millions d'euros et devait
devenir un complexe sportif et culturel démesuré pour une ville de 28 000
habitants: il a finalement été fermé. À signaler aussi les « ambassades »: des
régions créent des « ambassades » à l'étranger. La ville de Lyon entretient des
ambassades notamment à New York et à Tokyo. Des grandes mairies ont des
collaborateurs de cabinet et des vice-présidents.
|