La réglementation des dons aux oeuvres atteint un sommet
dans l'absurde. Jusqu'en mars 2009, il existait 12
catégories d'associations bénéficiaires, chaque catégorie
ayant son régime particulier ‒ le reçu à envoyer comportait
une demi-page. Depuis lors, il comporte une grande page
21x24. À la lire attentivement, la raison en est que les 12
catégories d'associations sont devenues 24. Elles portent
souvent des noms absolument obscurs: « entreprises
adaptées », « entreprises d'insertion » ou « entreprises de
travail temporaire d'insertion ».
Le chef-d'oeuvre de la « bourreaucratie »
se lit dans une petite notice d'une demi-page: « Cette
disposition fiscale concerne uniquement les organismes qui
satisfont aux critères définis par les articles 200, 238 bis
et 885, etc., du code général des impôts. » Pour que les
victimes comprennent bien, il leur est conseillé de
s'assurer qu'ils répondent aux critères visés; ces derniers
se réfèrent à un nombre d'articles considérable du livre des
procédures fiscales.
Et si les victimes ont
des insomnies, elles peuvent consulter le bulletin officiel
des impôts dont la lecture doit être particulièrement
attrayante. Nous gardons pour la fin le coup de fouet
suivant: « Si les organismes bénéficiaires de dons délivrent
à tort des reçus fiscaux, ils s'exposent au paiement d'une
amende fiscale égale à 25% des sommes indûment mentionnées
sur ces documents (article 1740 à du C.G.I.). »
« Tout État » et intérêts |
Comment expliquer ce déferlement de l'économie administrée?
L'idéologie du « tout
État » est inscrite dans les gènes de la caste au pouvoir.
Comme rien ne fonctionne parfaitement, son champ d'action
est illimité. Il faut donc « être à la manoeuvre » tous les
jours. Si les étudiants n'arrivent pas à se loger dans tel
endroit, un « dispositif » sera monté à la hâte et ainsi de
suite dans tous les domaines...
J'ai dénoncé dans un
livre aujourd'hui épuisé la « République Fromagère ».
S'ajoute en parallèle la « République Sondagère »: les
membres de la caste, en particulier ceux du sommet,
naviguent à vue sur la mer des sondages. De ce fait, ils
lancent, sans lassitude aucune, des gerbes d'actions
diverses et variées voulant tout contrôler et, bien sûr, n'y
parvenant jamais.
Les actions sont d'autant
plus nombreuses et désordonnées que 40 ministres ou quasi
ministres, dont beaucoup d'inutiles, s'activent en
permanence pour tenir le haut du pavé et montrer qu'ils
existent.
Les intérêts se donnent
libre cours, les membres de la caste trouvant dans cette
action incessante les moyens de leur confort, de leur
richesse, voire de leur joie. C'est le « bon plaisir ». Les
intérêts d'autres parties prenantes les rejoignent: les
bénéficiaires de subventions ou de « coups de pouce »
salvateurs sont nombreux.
Les effets sont
inévitablement catastrophiques. Le premier est l'effet de
ruine amplifié par les impôts nécessaires.
Des dommages idéologiques
se produisent aussi par la soumission stérile aux chimères à
la mode comme les éoliennes ou d'autres folies semblables.
Les rois Incas
obligeaient, par la force des fonctionnaires, les citoyens
de la base à laisser leurs portes grandes ouvertes pour que
personne n'échappe à leur curiosité. Ils tenaient des
statistiques grâce à un système de cordelettes à noeuds.
L'objectif était de tout diriger dans l'intérêt d'une caste
réduite.
Les techniques ont
changé, le « bon plaisir » est toujours là!
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