D'autres mots de la langue anglaise ont vu leur signification changer au
fil des ans. C'est le cas, par exemple, de « girl » (« fille ») qui a
longtemps été utilisé pour désigner soit un garçon, soit une fille. Ou « nice »
(« gentil ») qui a déjà signifié ignorant. Ou « piggyback » (transporter
quelqu'un sur son dos) qui n'a rien à voir avec les cochons (« piggy »),
mais plutôt avec le fait que dans les années 1500, le mot était « pickaback »
et qu'il a évolué avec le temps.
Voilà le genre d'anecdotes linguistiques dont on parle chaque semaine à
l'émission A Way with Words (diffusée le samedi matin sur les
ondes de NPR, la radio publique de nos voisins du Sud). Durant une
heure, les animateurs répondent aux questions des auditeurs sur tout ce
qui a trait aux mots: les conflits linguistiques ou grammaticaux,
l'origine des mots, des phrases et des expressions locales (curieuses
plus souvent qu'autrement), des jeux de mots, et cetera.
Récemment, une auditrice a téléphoné pour demander pourquoi il n'y avait
pas aux États-Unis une sorte d'Académie française (« an English language
authority ») pour surveiller le sens et l'usage des mots anglais. Selon
elle, le fait qu'il n'y ait pas « quelqu'un » ou « quelque chose » pour
surveiller la façon qu'ont les Américains de parler ou d'écrire fait en
sorte que la qualité de la langue de Shakespeare se détériore.
En France, l'autorité suprême en matière de langue est l'Académie
française. Fondée en 1635, sous le règne de Louis XIII, cette
institution a comme fonction de maintenir les qualités de la langue
française et d'en suivre les évolutions nécessaires. Elle en définit le
bon usage en élaborant son dictionnaire qui fixe l'usage de la langue,
mais aussi par ses recommandations et par sa participation aux
différentes commissions de terminologie.
L'Académie française rassemble des personnalités marquantes de la vie
littéraire (poètes, romanciers, gens de théâtre), mais aussi des
philosophes, des historiens et des scientifiques qui ont illustré la
langue française et, par tradition, des militaires de haut rang, des
hommes d'État et des dignitaires religieux. Comme le constate la loi de
programme pour la recherche de 2006, l'Académie est « une personne morale
de droit public à statut particulier » gérée par ses membres en
assemblée, c'est-à-dire une institution publique centrale de l'État
français (Wikipédia).
Aux États-Unis,
il n'y a effectivement pas d'autorité publique en charge de surveiller ou
d'encadrer l'usage de la langue anglaise. Des démarches pour doter le pays d'une
Académie ont été entreprises dans les années 1600, mais elles ont échoué en
grande partie à cause de querelles internes entre les différents joueurs
impliqués dans le processus ‒ untel n'aimait pas untel, au autre ne voulait pas
d'untel dans l'Académie, on ne s'entendait même pas sur qui devrait nommer les
membres de l'Académie...
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