Les effets de la « grèviculture » en France sont par nature
dévastateurs. Les délocalisations en sont pour une part la conséquence.
Aux dommages visibles, s'ajoutent une multitude de dommages invisibles
que personne ne peut quantifier: voyage raté, nuit de galère, école sans
maître, opération retardée parce que le personnel n'arrive pas à
l'heure, marché raté, etc. La panne de croissance épouvantable, qui n'a
aucune raison d'être en France, est accentuée par la « grèviculture ».
Il est certain que l'économie de marché implique la liberté des contrats
et le respect de tous ces contrats y compris le contrat de travail. Ces
deux aspects sont un élément essentiel de la richesse générale.
Les défenseurs du droit de grève le justifient en mettant en avant
l'idée du service minimum évoqué plus haut. Or c'est une mauvaise
réponse à un vrai problème. Quand il y a un organisme public ou quasi
public, les « usagers » devraient, en bonne logique, bénéficier d'un
service maximum qui fait partie de l'obligation de service public. Tout
autre régime est inadmissible et porte atteinte à leur liberté.
Aujourd'hui les grèves en France sont bien plus nombreuses qu'au
Royaume-Uni, qu’en Suède et qu’en Allemagne. En Suisse, les salaires
sont plus élevés que dans les pays environnants et les syndicats se
plaignent de la concurrence de Français qui viennent travailler en
Suisse, notamment à Genève et à Lausanne, tout en vivant en France.
Depuis 70 ans, la paix du travail est totale grâce, en particulier, à
l'accord des partenaires sociaux. Au Japon, les grévistes mettent un
brassard pour indiquer qu'ils sont en grève mais continuent à
travailler. Ces pays, néanmoins, ont bénéficié des progrès sociaux tout
autant et même souvent davantage que les autres pays, ce qui condamne
l’idée que les grèves étaient nécessaires à ces progrès sociaux.
Aux États-Unis, dans beaucoup d'États, il existe un régime du syndicat
unique dans les entreprises, ce qui conduit à des conflits. L'Indiana
vient de décider que les employés ne seraient plus obligés de cotiser au
syndicat qui les représente dans l'entreprise. C'est le 23ème État à le
faire. Les analystes observent que dans ces États, les investisseurs
sont attirés et la création nette d'emplois est plus élevée qu'ailleurs.
En France, l'omnipotence des syndicats repose sur un financement
abondant et opaque. Le cercle est particulièrement vicieux: prélèvements
obscurs et injustes de ces syndicats, utilisation de ces quantités
d'argent pour détruire les entreprises, seules créatrices de richesse,
et, en conséquence, ruine de l'ensemble de la population y compris les
grévistes. Seuls les chefs syndicalistes et leur entourage bénéficient
de cette « grèviculture » et de la manne financière qu'elle diffuse.
La conclusion peut être finalement optimiste. Il y a bien d'autres
tabous meurtriers en France. La chute d'un seul d'entre eux ouvrirait le
bon chemin vers un cercle vertueux. Encore faut-il qu'un pouvoir capable
et crédible veuille emprunter ce chemin.
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