...dans le milieu des années 1980, des scientifiques et des
écologistes, voyant le potentiel de subventions, dans le premier
cas, et de dons, dans le second, ont fait des prédictions
apocalyptiques. En 1984, le magazine allemand Stern a
rapporté qu'un tiers des forêts de l'Allemagne étaient déjà mortes
ou mourantes, que des experts croyaient que tous les conifères de
ces forêts seraient morts en 1990 et que le ministère fédéral de
l'Intérieur prédisait que toutes les forêts auraient disparu d'ici à
2002. Toutes! Le professeur Bernd Ulrich a même dit qu'il était déjà
trop tard pour les forêts de l'Allemagne: « Elles ne peuvent pas être
sauvées ». Outre-Atlantique, de similaires prédictions ont été
faites. Les arbres, disait-on, sont en train de mourir à un rythme
affolant de 100% dans les forêts de la côte est américaine. « Les
sommets des montagnes du Blue Ridge se transforment en cimetières
d'arbres », a déclaré un professeur de pathologie végétale. La moitié
de tous les lacs avaient atteint des niveaux acide dangereusement
élevés. Le New York Times a déclaré « un consensus
scientifique »: il était temps d'agir, le temps de la recherche était
terminé.
Vous vous souvenez de la maladie de la vache folle? Entre 1980 et
1996, environ 750 000 bovins infectés par le prion qui détruit le
cerveau appelé vMCJ (maladie de Creutzfeldt-Jakob) sont entrés dans
la chaîne alimentaire humaine en Grande-Bretagne. Lorsqu'il devint
clair en 1996 que des personnes mouraient du même agent pathogène,
acquis en consommant du boeuf infecté, il y eu, de façon prévisible,
une véritable surenchères de prédictions catastrophistes. Le grand
vainqueur, dont les vues ont été diffusées en boucles par la suite
dans les médias, était un professeur de bactériologie nommé Hugh
Pennington qui a dit des choses comme: « nous devons nous préparer à
quelques milliers, des dizaines de milliers, des centaines de
milliers de cas de vMCJ en bout de ligne ». Même les modèles
'officiels' faisaient état de chiffres aussi élevé que 136 000
victimes. En fait, au moment d'écrire ces lignes, le nombre de décès
a atteint 166 [...]
Durant les années 2000, l'influenza aussi s'est avérée être un tigre
de papier. La souche H5N1 du virus (« grippe aviaire ») est entrée
dans la chaîne alimentaire humaine via les canards élevés en liberté
dans des fermes chinoises et, en 2005, l'Organisation des Nations
Unies prédisait de 5 millions à 150 millions de décès des suites de
la grippe aviaire. Pourtant, contrairement à ce qu'on a pu lire,
lorsque le virus H5N1 a infecté les êtres humains, il ne s'est pas
avéré particulièrement virulent ou contagieux. Il a jusqu'ici tué
moins de 300 personnes à travers le monde.
« Je tiens à souligner l'urgence de relever le défi, a déjà déclaré
Bill Clinton. Il ne s'agit pas d'un de ces blockbusters de la
période estivale où vous pouvez fermer les yeux durant les bouts qui
font peur. » Il ne parlait pas des changements climatiques, mais du
fameux bogue de l'an 2000: la possibilité que tous les ordinateurs
tomberaient en panne à minuit, le 31 décembre 1999.
Durant les années 1970, pour une brève période de temps, il a été à la
mode pour les journalistes d'écrire des histoires catastrophistes
sur le refroidissement récent de la planète. Maintenant, il est à la
mode pour ces mêmes journalistes d'écrire des histoires
catastrophistes sur le réchauffement récent de la planète. [...] Le
refroidissement et le réchauffement planétaire ont tous deux été
présentés comme des phénomènes désastreux, ce qui implique que seule
la température actuelle est parfaite. Pourtant, le climat a toujours
varié; il est pour le moins narcissique de croire que seul le récent
climat est parfait.
Ridley donne d'autres exemples dans son bouquin, mais nous nous
arrêterons ici. La thèse du réchauffement climatique, dernière grande
menace catastrophiste en liste, a complètement été discréditée. Il y a
eu Climategate, les glaciers
ne fondent pas
autant qu'on nous l'avait prédit et la population d'ours
polaire
ne cesse d'augmenter.
Le problème
avec ceux qui prédisent la fin du monde, c'est qu'ils ne
sont jamais tenus responsables (au même titre que les
politiciens) de ce qu'ils occasionnent. Le problème, c'est aussi qu'ils s'adressent avant tout aux gouvernements
pour revendiquer leurs mesures exceptionnelles. S'ils s'adressaient à
l'entreprise privée et que celle-ci, y voyant un quelconque intérêt, y
investissait son propre argent, on n'aurait rien à redire. Ça n'est pas
le cas.
Mais, surtout, le problème est qu'ils tiennent pour acquis que la
réalité est statique, qu'elle ne changera pas dans leurs scénarios du
futur. Or, les choses évoluent: les nouvelles technologies améliorent
les procédés; de nouveaux procédés viennent remplacer les anciens; de
nouvelles inventions rendent désuètes les anciennes. En d'autres termes,
l'humain s'adapte à son environnement.
L'avenir nous dira comment Lemire et ses collègues présenteront l'état
du monde. Mais une chose est sûre: comme d'importants médias sont
impliqués dans l'aventure ‒ et que les médias carburent à l'hystérie
catastrophiste ‒, les choses ne s'annoncent pas bonnes...
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