Efforts insuffisants de réduction des dépenses
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Dans le budget, il faut le mentionner, le gouvernement tente
de contrôler ses dépenses. Il a finalement décidé de
diminuer le rythme d'augmentation des dépenses, le 3e plus
faible au pays avec une moyenne de 2,5%. Malheureusement,
l'effort est insuffisant, considérant l'état des finances
publiques.
En effet, le dette brute (le passif des caisses de retraites
publiques et de l'administration des différents ministères)
se situe à 54,3% du PIB (173,436 G$), et l'on estime que ce
pourcentage montera à 55,3 d'ici 2017. C'est le plus haut
taux d'endettement au pays. Si l'on inclut tout ce qui
dépend du gouvernement (sociétés d'État, système de santé,
municipalités), la dette grimpe à 74,5% du PIB (248,621 G$).
Toutefois, le ministre, comme plusieurs analystes en faveur
de l'intervention de l'État, affirme que le chiffre est
trompeur puisqu'il ne tient pas compte des actifs du
gouvernement (Hydro-Québec, notamment). Considérant la
non-volonté de
ces mêmes
analystes de vouloir toucher aux sociétés d'État, on
peut se demander si elles sont vraiment un actif... Cet
endettement se reflète sur la cote de crédit des agences de
notation: nous ne faisons pas mieux qu'une 5e place à
l'échelle canadienne.
Aussi, le gouvernement n'a fait que diminuer le rythme
d'augmentation des dépenses; elles augmentent toujours.
D'ailleurs, elles ont augmenté plus qu'il était prévu au
budget 2009-2010. En regardant les chiffres, force est de
constater que le gouvernement n'a effectué aucune coupure.
Au contraire, il a préféré augmenter les revenus avec
différentes taxes (augmentation de la TVQ, contribution
santé). Il affirme également, le plus sérieusement du monde,
que le Québec « a dû » s'endetter suite à la diminution des
transferts fédéraux afin de maintenir un niveau de services
comparable. Comparable à qui? Aucune province n'a de
garderies étatiques aussi onéreuses, des congés parentaux
aussi généreux, des droits de scolarité postsecondaire si
bas...
Autonomie à deux vitesses |
Parlant de transferts fédéraux, un élément me laisse
perplexe. Dans le budget, on dénonce le fait que le fédéral
ne contribue qu'à 20% des coûts en santé, alors qu'il le
faisait à hauteur de 50% avant les années 1970. « ...le
respect des compétences des provinces ne doit pas servir à
justifier un désengagement financier du gouvernement fédéral
en santé, faisant abstraction des coûts incessants en
santé », peut-on lire. En d'autres mots, même si la santé
est de compétence provinciale, le gouvernement fédéral
« doit » la financer.
Ce raisonnement est complètement fautif. Premièrement, il
sous-entend que seuls les gouvernements sont capables
d'administrer le système de santé. Or, depuis toujours, on
peut constater qu'ils en sont incapables. Corporatisme dans
les professions de la santé, interdiction de contracter des
assurances privées, gonflement artificiel de la demande,
listes d'attente qui s'allongent sans cesse; les preuves de
l'incompétence publique dans la santé sont nombreuses.
Ensuite, une telle attitude d'enfant à qui on a volé son
suçon révèle une grand hypocrisie de la part du
gouvernement. En effet, comment une province qui se dit
autonome (ou qui veut devenir indépendante, pour certains)
peut-elle se désoler autant de « perdre » de l'argent venant
des provinces plus riches? Québec devrait plutôt s'en
réjouir et ainsi en profiter pour réformer le système de
santé, puisque sa progression actuelle – 5% d'augmentation
des dépenses par année –, est tout simplement intenable.
En conclusion, il semble que ce n'est pas demain la veille
que le gouvernement du Québec se sortira de la vieille
mentalité hors-de-l'État-point-de-salut. Il continue
d'augmenter ses dépenses malgré un endettement approchant
75% de la richesse provinciale et de s'accaparer encore plus
de notre argent durement gagné. Il serait temps que les
politiciens regagnent la mentalité des politiciens québécois
d'avant Paul Sauvé, où le New Deal était vu comme frisant le
communisme plutôt que comme une planche de salut. D'ici là,
nous continuerons à ressembler de plus en plus à la société
d'Atlas Shrugged, dans laquelle l'entreprise
privée peine à prospérer à cause de toute cette bureaucratie
– on avait même créé une commission d'enquête pour tenter de
connaître les moyens de l'éliminer –, tandis que le
gouvernement « investit » dans des projets aussi loufoques
que nuisibles.
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