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Célébrer
la Terre, célébrer le capitalisme (Version imprimée) |
par
Pierre-Guy Veer*
Le Québécois Libre, 15 mai
2012, No 300.
Hyperlien:
http://www.quebecoislibre.org/12/120515-9.html
Le 22 avril dernier, on
célébrait le Jour de la Terre. Évidemment, qui
dit célébration écologiste dit propagande anticapitaliste. Selon
plusieurs manifestants, le capitalisme est le pire de tous les systèmes
économiques et il est responsable de la destruction de la planète.
Vraiment?
Voyons voir ce qui se passait derrière dans les pays communistes, où
l'État contrôlait toute l'économie et où la recherche du profit, l’une
des supposées causes de la pollution, était interdite. Cela laisse
présager un nirvana...
En fait, c'était l'enfer, et le mot est faible. Moscou avait comme seul
but d'industrialiser l'URSS à tout prix. Le gouvernement a donc pris
plusieurs raccourcis, malgré les avertissements de quelques
scientifiques
dans les années 1930. Résultat: l'irrigation massive a causé de
l'érosion et la salinisation de plusieurs plan d'eau, dont la mer
d'Aral; l'utilisation excessive de pesticides et d'engrais a
complètement chamboulé les écosystèmes; plusieurs forêts sont mortes,
particulièrement en Arctique; et j'en passe.
La Chine n'était pas mieux sous Mao. On estime que 90% des conifères du
Sichuan ont été détruits par
la pollution atmosphérique. Les forêts ont aussi subi un tort
irréparable durant le «Grand Bond en avant». En effet, on utilisait des
fours à bois communaux (à petite capacité, et ce même dans les plus
petits villages) pour tenter de produire de l'acier,
ce qui a accéléré l'érosion. On a également tenté d'éliminer un
merle, ce qui a favorisé une invasion de sauterelles et décimé les
récoltes en 1958.
Enfin, si vous n'étiez pas convaincus des méfaits du socialisme dans ces
deux pays, attendez de voir ce qui se passait en Europe de l'Est:
• En Pologne, les rails étaient tellement rongés par les pluies
acides que les trains ne pouvaient rouler plus vite que 40 km/h. La
région de Katowice, fortement industrialisée, voyait ses habitants
souffrir de 47% plus de problèmes respiratoires que le reste du
pays. Enfin, on estime que 95% de toute l'eau était impropre à la
consommation humaine et 65% à la consommation industrielle – la
pollution était telle que les métaux lourds utilisés étaient
menacés.
• En Tchécoslovaquie, 50% des forêts étaient mortes ou mourantes à
cause de taux de dioxyde de soufre huit fois plus élevés qu'aux
États-Unis. Les sols étaient tellement acides que l'aluminium
contenu dans le sol s'échappait, empoisonnant l'eau potable.
• En Allemagne de l'Est, 1/3 de tous les lacs ont été déclarés
biologiquement morts à cause de tous les déchets qui y ont été
déversés. Aussi la pollution était telle que dans certaines villes,
il fallait allumer ses phares en plein jour; les touristes qui y
respiraient vomissaient fréquemment.
Pas de propriété, pas de responsabilité
Comment expliquer une telle négligence? C'est très simple: personne
n'était propriétaire légitime des ressources (air, terre, eau, etc.).
Quand une terre est publique – comme elles l’étaient toutes sous le
communisme –, le gouvernement a généralement peu d'incitations pour
l'exploiter intelligemment. Dans le cas de l'Europe communiste, on
voulait absolument industrialiser les pays afin, espérait-on, de
rattraper les économies capitalistes. On se fixait des cibles de
production à atteindre à tout prix. Cela incluait l'utilisation de
charbon brun, à très haute teneur en soufre et
qui dégage beaucoup de fumée et des méthodes agricoles discutables,
qui épuisaient les sols.
Ce manque de vision se reflète également dans les secteurs publics des
pays capitalistes. Aux États-Unis, le ministère de la Défense émet plus
de déchets dangereux que les cinq plus grandes compagnies de produits
chimiques mises ensembles. En fait, la pollution est telle qu'on estime
les coûts de nettoyage à 20 milliards $. Il en va de même pour
l'agriculture, où Washington encourage la surutilisation des terres de
même que des cultures
pas du tout propices à son milieu.
Le capitalisme, la solution verte
Pour remédier (en grande partie, du moins) à toute cette pollution, il
existe une solution simple: laisser agir le capitalisme, ou plus
précisément les droits en propriété et la rentabilité. Le second point
est ce qui a le plus aidé l'Europe de l'Est. En effet, l'arrivée du
capitalisme a poussé les pays à trouver des façons rentables – et non
seulement bon marché – de produire, ce qui a grandement
réduit la pollution.
Quant au premier point, il a déjà montré son efficacité, notamment avec
le Love Canal. C'est également la solution envisagée pour protéger
certaines ressources,
notamment les poissons et
certaines espèces
en voie de disparition.
Pourquoi une telle efficacité? Parce qu'il est dans l'intérêt d'un
propriétaire de tirer un maximum de profit de son produit ou de son
terrain. En endiguant la pollution – comme Hooker l'a fait avec son
canal –, le propriétaire s'évite de coûteuses poursuites pour atteinte à
la propriété d'autrui. Parallèlement, une pollution mal gérée sur un
terrain risque de diminuer sa valeur et donc les revenus que le
propriétaire en tire. Tout entrepreneur ayant une vision à long terme –
et dont la propriété est à l'abri d'actions arbitraires des
gouvernements – pense à tout cela pour préserver le plus possible son
investissement. On ne saccage quand même pas ce qui nous appartient!
En conclusion, je tiens à dire que je suis d'accord en principe avec les
écologistes: il est important d'agir pour préserver l'environnement afin
de sauver l'espèce humaine et la nature. Par contre, je m'inscris en
faux contre leur moyen principal, qui est de faire intervenir l'État.
Considérant que ce dernier voit rarement à long terme, il est le
pire intervenant pour tenter de nous sauver. En fait, on pourrait
même dire que la majorité des problèmes environnementaux sont,
directement ou non, causés par l'État, et principalement par le manque
d'une définition claire des droits de propriétés. Mieux définis, ils
permettraient à chacun d’entre nous, dans son propre intérêt personnel,
de mieux gérer l'environnement. Ainsi, tout le monde en sortirait
gagnant.
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Pierre-Guy Veer
est journaliste indépendant. |