Suivant ces définitions, on peut immédiatement
exclure du lot des « bons » économistes les keynésiens. En effet, les
fidèles de Lord Keynes ne font que vivre à court terme. Le principal
intéressé voyait dans le gaspillage des ressources une façon de créer de
la richesse, tandis que Paul Krugman voit dans la
destruction une excellente nouvelle pour l'économie. Toutes ces idées
folles, Bastiat les a démontées avec
son célèbre sophisme de la vitre
cassée. Oui, la destruction peut amener des dépenses qui sont
comptabilisées dans le PIB, mais ça ne crée pas de richesse; ça la
déplace. Si sa vitre était restée intacte, Jacques Bonhomme aurait pu
s'acheter un nouvel habit.
Ce « court-termisme » se reflète également dans les
solutions keynésiennes pour se sortir de la morosité économique, soit
l'augmentation des dépenses publiques. Comme pour une vitre cassée, ces
programmes de dépenses créent peut-être des emplois et entrainent un
supposé effet multiplicateur. Par contre, on oublie de dire que l'argent
« dépensé » par le gouvernement vient d'ailleurs, soit de la poche des
contribuables. Un dollar dépensé par le gouvernement (obtenu au moyen
des impôts ou d'emprunts publics) est un dollar de moins dépensé par un
particulier ou un entrepreneur. S'il a été obtenu par l'impression de
monnaie, il entraîne une perte du pouvoir d'achat des particuliers et
des entrepreneurs, ce qui revient au même.
Le rôle de la propriété privée |
Les socialistes, les communistes et toutes les
personnes qui remettent en doute le bien-fondé de la propriété font
également partie des « mauvais » économistes. Sans elle, la civilisation
moderne serait sans doute impossible.
La propriété privée, et la possibilité pour une
personne de l'exploiter selon son intérêt personnel, est la
justification morale pour le capitalisme et un des rares gage de succès
assuré pour un pays. C'est en grande partie ce qui explique la
prospérité aux États-Unis avant le XXe siècle: c'est le
premier pays de l'histoire qui a laissé libre cours au génie humain.
C'est d'ailleurs la propriété privée qui a sauvé les colons anglais de
Plymouth et c'est son absence qui peut, en grande partie, expliquer la
pauvreté crasse des autochtones qui vivent aujourd'hui sur des réserves.
Sans propriété privée, point d'encouragement à la multiplication des
richesses.
Par ailleurs, les bases de la théorie socialiste
sont à peu près inexistantes. Sans propriété privée, et donc sans
système de profit et de pertes, il est strictement impossible de
connaître les couts d'opportunité, c'est-à-dire savoir si telle
production ou tel emploi d'une ressource est optimal, comme l'a démontré
Ludwig von Mises. Le système est donc appelé à s'effondrer, comme
l'URSS, ou à se réformer en profondeur, comme la Chine, qui a introduit
la propriété privée depuis Deng Xiaoping.
Toutefois, ce ne sont pas tous les économistes qui
prodiguent de mauvais conseils. Ceux de l'école autrichienne, les plus
fidèles héritiers des économistes classiques comme Smith, Ricardo et
Say, sont ceux de qui on devrait le plus suivre les conseils. Après
tout, ils ont pu venir voir les grandes crises économiques des 100
dernières années.
Se spécialiser pour mieux produire |
Une des pierres d'assises de la théorie
autrichienne combine la division du travail de Smith et l'avantage
comparatif de Ricardo. Parce que les ressources naturelles sont
inégalement réparties sur la planète – le Japon importe presque toutes
ses ressources, tandis que le Québec exploite ou a la possibilité
d'exploiter presque le quart de tous les éléments naturels – et parce
que le talent est mal réparti chez les humains – nous ne pouvons pas
tous être Wayne Gretzky, Albert Einstein ou Bill Gates –, une division
du travail permet à tous de profiter du talent des autres. Alors plutôt
que de s'encombrer d'industrie inutiles et inefficaces, un pays gagne
à se spécialiser dans ce qu'il produit mieux, que ce soit des
ressources naturelles ou des produits manufacturés.
Suivant ces paroles de sagesse, il est facile de
comprendre pourquoi les économies de plusieurs pays du Tiers-Monde ont
eu (et ont encore, surtout dans le cas de l'Afrique subsaharienne)
tant de difficulté à se développer et se sont endettés autant. Ils ont
préféré forcer leur développement par des interventions de l'État,
principalement au moyen de programmes d'industrialisation par
substitution d'importation. À l'image des pays communistes, les pays
d'Amérique du Sud et d'Afrique ont laissé les clés de leur développement
à leurs gouvernements; ces derniers décidaient quelles industries
pouvaient se développer et parfois même les prix. Bien que le dirigisme
semble avoir connu un certain succès, notamment dans des pays qui ont
mis l'accent sur les industries d'exportation, l'épargne, la formation
de la main-d'oeuvre et le développement technologique, comme les tigres
asiatiques, ce fut généralement un échec retentissant.
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