Le capitalisme est-il moral?* |
Le capitalisme a gagné la bataille des faits mais
paradoxalement, il a perdu la bataille des idées. Dans les
faits, il a procuré à l'humanité un accroissement
considérable de sa richesse matérielle et réduit la
pauvreté. Mais du point de vue des idées, sa légitimité
morale est contestée. En effet, beaucoup d'enseignants
dénoncent dans le capitalisme l'exploitation des masses, la
cupidité des riches, le matérialisme hédoniste, etc.
Un livre récent vient démentir cette légende noire:
La moralité du capitalisme, ce que vos professeurs
ne vous diront pas. Édité par Tom Palmer, ce recueil de
textes est un projet conjoint de l'Atlas Economic
Research Foundation et de
Students For Liberty. Il vient d'être traduit en français par
Emmanuel Martin. Il s'adresse tout particulièrement à ceux
qui ont reçu à l'école une idée négative du capitalisme.
Tom
Palmer souligne dans son introduction que le capitalisme
« est un système de valeurs culturelles, spirituelles et
éthiques ». En effet, les essais réunis dans ce livre
montrent que le capitalisme peut non seulement améliorer la
vie des personnes à travers le monde, mais aussi favoriser
le développement d'une société libre et pacifique, fondée
sur l'échange volontaire mutuellement bénéfique. Le
capitalisme, « c'est l'érosion de systèmes de pouvoir, de
domination, et de privilèges ancrés de longue date, et c'est
l'ouverture des carrières au talent. C'est le remplacement
de la force par la persuasion. C'est le remplacement de
l'envie par l'accomplissement », écrit encore Tom Palmer.
Précisons toutefois que le mot capitalisme est fortement
« piégé », car il peut désigner des réalités très opposées.
C'est pourquoi les auteurs de ce livre prennent soin de
distinguer entre « capitalisme de marché » libre et
« capitalisme de copinage ». Dans ce dernier, des
fonctionnaires, des hommes politiques et des lobbyistes
manigancent pour récompenser certaines entreprises et punir
les autres. C'est ainsi que les entreprises qui ont échoué
sont « renflouées » avec l'argent du contribuable, tandis
que d'autres sont subventionnées.
« On subventionne
certaines entreprises et, en définitive, puisque l'État ne
dispose pas d'argent en propre, il le prend aux
contribuables et le redistribue à ceux qui bénéficient de
faveurs politiques. Je vois ce qui se passe aujourd'hui avec
General Electric, du point de vue des impôts qu'ils
paient, avec toutes les exemptions et déductions spéciales
des lois fiscales. Et comme ils sont fortement impliqués
dans ces technologies d'énergie alternative, ou au moins
certaines d'entre elles, ils sont parvenus à un point où ils
n'ont pas à payer d'impôt sur la plupart de leurs revenus,
juste parce qu'ils ont des connexions politiques », écrit
John Mackey. Et il ajoute: « Je vois en ce moment du
capitalisme de copinage dans l'ensemble de ces subventions
qui vont aux technologies vertes ».
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« La grande leçon de cet
ouvrage est que les défenseurs du capitalisme ont
l'avantage moral. Malheureusement, ils se retrouvent souvent
en position défensive face à leurs adversaires, imprégnés de
la "mentalité anticapitaliste", pour reprendre le titre d'un
livre de Ludwig von Mises. » |
La plupart des critiques estiment que le capitalisme est
basé sur la cupidité, mais John Mackey, fondateur et PDG de
Whole Foods Market, montre que l'accusation est fausse.
La richesse que son entreprise a créée (une capitalisation
boursière actuelle de plus de 10 milliards de dollars), à
partir d'une idée simple, ne conduit pas seulement à des
profits pour les actionnaires. La richesse créée par les
capitalistes se propage à tous d'innombrables façons.
« Les stock-options, que je serais en droit de toucher, sont
remis à la
Whole Planet Foundation pour accorder des
micro-crédits aux populations pauvres dans le monde »,
souligne John Mackey. Il affirme également que le
capitalisme est un meilleur débouché pour l'espèce humaine
que le militarisme et les conflits politiques. « Il suffit
de penser aux pertes en vies humaines, aux biens détruits et
à la misère causée par les régimes anticapitalistes du XXe
siècle », dit-il. (Voir aussi cet
entretien avec John Mackey, traduit par l'Institut
Coppet.)
Le capitalisme conduit-il à
l'américanisation de la planète? C'est une objection souvent
entendue chez ceux qui diabolisent le capitalisme. Paranoïa
idéologique, répond Mario Vargas Llosa. Dans son essai, le
romancier péruvien (lauréat Nobel de littérature 2010)
réfute l'idée que le capitalisme saperait les cultures
indigènes. Il écrit: « les allégations contre la
mondialisation et en faveur de l'identité culturelle
révèlent une conception statique de la culture qui n'a aucun
fondement historique. Quelles sont les cultures qui sont
restées stables au cours du temps? »
L'une des
accusations les plus fréquentes entendues contre le
capitalisme, c'est qu'il serait incompatible avec la
« justice sociale ». La Kenyane June Arunga affirme dans son
essai, « Le capitalisme mondial et la justice », que le
libre-échange, loin de nuire aux pauvres d'Afrique, leur a
permis d'être beaucoup mieux lotis. Ils jouissent de revenus
plus élevés, de meilleurs produits et d'une vie plus facile
parce que le capitalisme (là où il est autorisé) leur permet
de gagner plus et d'échanger de meilleures marchandises.
Malheureusement, plusieurs États en Afrique maintiennent
leurs propres peuples en dehors du marché et favorisent des
étrangers ou des groupes d'intérêts spéciaux locaux.
« Nos propres États, écrit-elle, nous font du mal: ils nous
volent, ils nous empêchent de commercer, ils maintiennent
les pauvres dans la misère. Les investisseurs locaux ne sont
pas autorisés à jouer la concurrence en raison de l'absence
de l'état de droit dans les pays à faible revenu ». Ce n'est
pas du « libre-échange » quand les entreprises
internationales peuvent obtenir des faveurs spéciales de
l'État ou quand les entreprises locales voient leur accès au
marché bloqué par leur propre État. Le libre-échange exige
l'état de droit pour tous et la liberté pour tous de
s'engager dans la plus naturelle des actions: l'échange
volontaire.
La grande leçon de cet ouvrage est que
les défenseurs du capitalisme ont l'avantage moral.
Malheureusement, ils se retrouvent souvent en position
défensive face à leurs adversaires, imprégnés de la
« mentalité anticapitaliste », pour reprendre le titre d'un
livre de Ludwig von Mises. C'est pourquoi la lecture de
La moralité du capitalisme est indispensable à tous
ceux qui veulent en découdre avec les défenseurs de la
planification, du dirigisme économique et de la
bureaucratie. Le livre est disponible gratuitement sur le
site de l'Institut Coppet en version numérique avec un
extrait de l'introduction.
* Article publié le 11 février 2013
sur 24hGold.
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