L'aide sociale et l'assurance-emploi ne sont pas des modes
de vie |
« Je suis assez insultée comme parlementaire! Je l'prends pas! » Voilà
comment la députée de Gouin pour Québec solidaire, Françoise David, a
accueilli l'annonce par Québec de coupures dans les prestations d'aide
sociale des personnes de 55 à 58 ans, des familles avec enfants de moins
de 5 ans et des bénéficiaires de services en toxicomanie.
Celle qui milite depuis 25 ans « pour le soutien à ce groupe de la
société trop souvent sans porte-voix »,
nous dit-on, se demande
pourquoi la ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Agnès
Maltais, n'en a pas parlé à l'étude des crédits, comme il est coutume
de le faire: « Quelle attitude cavalière d'avoir fait publier cela dans
la Gazette officielle sans autre signal! »
Même son de cloche de la part du Front commun des personnes assistées
sociales du Québec, qui, malgré des échanges récents avec le cabinet de
la ministre, n'a pas non plus eu vent de ces coupes imprévues. Imaginez,
des coupures sans consultation. « On va couper des gens pour les
retourner à l'allocation de base [604 $ par mois] en présumant qu'ils
vont se trouver un emploi, dixit la porte-parole, Amélie Châteauneuf.
Mais dans le fond, on va les affamer. »
Mme Châteauneuf, qui dit « être désespérée » pour ces gens, en veut pour
preuve la crise qui sévit dans les banques alimentaires de certaines
régions, en raison de l'affluence extraordinaire. « Quel gouvernement
épris de justice sociale! Et après, Mme Maltais ose accuser le
gouvernement Harper de mal gérer sa réforme d'assurance-emploi? C'est un
peu hypocrite comme attitude. »
Cette annonce tombe effectivement bien mal puisque depuis quelques
semaines, la ministre Maltais fait des pieds et des mains pour dénoncer
une réforme de l'assurance-emploi entreprise par sa vis-à-vis fédérale,
Diane Finley. En effet, Ottawa a changé les critères d'admissibilité à
l'assurance-emploi
en janvier dernier.
Les travailleurs saisonniers sont particulièrement touchés
par les nouvelles mesures, puisqu'ils seront désormais
contraints d'accepter du travail dans un rayon de 100 km
autour de leur résidence, soit une heure de route, et qui
offre 70 % du salaire de leur emploi précédent. Les chômeurs
qui refuseraient de se soumettre à ces nouvelles conditions
perdraient leurs prestations d'assurance-emploi.
Depuis cette annonce, il ne se passe pas une semaine sans qu'on entende
parler de manifestations ou de prises de position contre « la réforme
d'Harper ». Même les centrales syndicales ont pigés dans le fonds de
cotisations de leurs membres pour entreprendre d'importantes campagnes
visant à dénoncer la réforme ‒ et cela, même si la très grande majorité
des travailleurs touchés par cette dernière ne sont pas syndiqués.
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«
Les visées de ces deux réformes sont pourtant louables: briser le cycle
des habitudes et remettre les bénéficiaires sur le chemin de l'emploi.
Après tout, l'aide sociale et l'assurance-emploi ne sont pas des modes
de vie ‒ en tout cas, ils ne devraient pas l'être. » |
Sur le front de la réforme de l'aide sociale, la ministre Maltais
multiplie les rencontres avec les groupes de défense des assistés
sociaux pour tenter de les rassurer. Elle a affirmé que chaque
bénéficiaire touché par la réforme serait rencontré individuellement,
dans le cadre d'un « programme structuré très fort » d'accompagnement (ça
ne s'invente pas!), « pour voir les contraintes à l'emploi ». « Je veux que
là-dedans, on soit rigoureux et précis »,
a-t-elle dit.
Mais rien n'y fait et les groupes de pression annoncent l'apocalypse.
Par exemple, le directeur général de l'Association des centres de
traitement des dépendances du Québec, Vincent Marcoux, affirme que 19
centres à la dépendance qui offrent des traitements de cinq mois ou plus
sont directement menacés par la réforme et pourraient fermer. « [L]a
clientèle sur l'aide sociale [...] représente 80% de nos usagers »,
affirme M. Marcoux. (Mais comment les assistés peuvent-ils se payer de
quoi dépendre?!)
Les visées de ces deux réformes sont pourtant louables: briser le cycle
des habitudes et remettre les bénéficiaires sur le chemin de l'emploi.
Après tout, l'aide sociale et l'assurance-emploi ne sont pas des modes
de vie ‒ en tout cas, ils ne devraient pas l'être. Ce sont des
assurances qui ne devraient être utilisées qu'en dernier recours.
Pourquoi devrait-on payer un travailleur six mois par année pour qu'ils
puissent conserver un emploi saisonnier? La semaine de quatre jours et
la sécurité d'emploi sont de la petite bière à côté d'un tel privilège!
Pensez-y, on trouve que les Français exagèrent avec leurs six semaines
ou plus de vacances par année!
De même, pourquoi devrait-on payer une personne apte au travail à ne
rien faire durant des années sous prétexte qu'elle n'aime pas ses
boulots, qu'elle ne trouve rien qui la stimule pleinement, ou je ne sais
trop?! Qu'est-ce que cette personne a de plus que vous et moi qui
devons travailler 5 jours/semaine ‒ parfois même plus ‒ pour réussir à
arriver?
Mystère.
Pour l'instant, tous ceux qui s'opposent à ces réformes sont perçus
comme des Mères Teresa de bonté, alors que ceux qui les applaudissent,
de sales néolibéraux. Qu'on paie des gens aptes au travail à ne rien
faire alors qu'on importe de la main-d'oeuvre de l'étranger est tout de
même aberrant. Sans compter que l'on ne rend service à personne ‒ pas
même aux bénéficiaires ‒ en entretenant la dépendance. Un travail,
aussi modeste soit-il, est plus valorisant que n'importe quel programme
gouvernemental.
Bien sûr, si ces assurances étaient privées, on n'aurait rien à redire
‒ et il y aurait moins de cas de bénéficiaires récurrents et aucun
bénéficiaire permanent. Mais ce n'est pas le cas. Espérons que le
gouvernement Harper ne cèdera pas aux chants des sirènes et que le
gouvernement Marois ne reculera pas une nouvelle fois...
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Première
représentation écrite du mot « liberté » en Mésopotamie,
environ 2300 av. J.-C. |
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