« Are we Rome? » Tel est le titre d'une étude fort intéressante de
Lawrence Reed, président de la Foundation For Economic Education
(États-Unis). C'est aussi le titre qu'ont choisi les organisateurs de la
FreedomFest à Las Vegas, cette année.
Pourquoi Rome a-t-elle décliné puis finalement chuté? Reed explique que
l'Empire romain fut un régime militaire parasite, qui ne pouvait
survivre que par un afflux permanent de richesses pillées à l'extérieur,
des prisonniers réduits en esclavage et des terres volées.
En
effet, l'enrichissement de l'aristocratie romaine ne provenait que du
butin des invasions et non d'une quelconque création de valeur. Avec la
fin des conquêtes et les rendements décroissants des pillages,
l'administration dut cependant recourir de plus en plus au pillage
interne pour satisfaire son besoin de richesses, ce qui entraîna un
appauvrissement général de la population de l'Empire.
Au
premier siècle avant Jésus-Christ, Rome est passée d'une république
dotée d'un régime relativement libéral à la dictature de Jules César,
avec un tiers des habitants au chômage. C'est l'époque où le parallèle
avec notre époque est vraiment frappant.
Car aux premiers temps de sa grandeur, chaque Romain se considérait
lui-même comme la principale source de ses revenus. Ce qu'il pouvait
acquérir volontairement sur le marché était la source de son
gagne-pain. Le déclin de Rome a commencé quand un grand nombre de
citoyens ont découvert une autre source de revenus: le processus
politique ou l'État. Les Romains ont alors abandonné la liberté et la
responsabilité personnelle contre des promesses de privilèges et de
richesses distribuées directement par le gouvernement. Le pouvoir
fournissait du pain et des jeux à ses citoyens, mais aussi du porc et de
l'huile d'olive.
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« Le déclin de Rome a commencé
quand un grand nombre de citoyens ont découvert le processus
politique ou l'État. Les Romains ont alors abandonné la
liberté et la responsabilité personnelle contre des
promesses de privilèges et de richesses distribuées
directement par le gouvernement. » |
Les citoyens adoptèrent l'idée qu'il était plus avantageux d'obtenir un
revenu par des moyens politiques que par le travail. Cela a conduit
l'économiste Howard E. Kershner à énoncer la loi qui porte son
nom: « Quand un peuple autonome confère à son gouvernement le pouvoir de
prendre aux uns pour donner aux autres, le processus de redistribution
ne cesse qu'à partir du moment où le dernier contribuable est dépouillé
de tous ses biens. »
Vers 140, l'historien romain Fronto écrivait: « La société romaine est
préoccupée principalement par deux choses, ses ressources alimentaires
et ses spectacles. » Comme les revenus du commerce ne suffisaient pas à
financer l'administration et les garnisons, les impôts augmentaient
constamment. Les empereurs dévaluaient leur monnaie en mettant moins
d'argent ou d'or dans leurs pièces. Cela provoquait l'inflation. La
pression fiscale devenait alors insupportable!
Sous le règne de l'empereur Antonin le Pieux (de 138 à 161), la
bureaucratie romaine atteignit des proportions gigantesques, écrit Reed.
Selon l'historien Albert Trever, « l'implacable système fiscal, chargé
d'organiser la spoliation et le travail forcé, finit par être administré
par une armée de soldats bureaucrates ». Partout, les bureaucrates à la
solde des empereurs s'employaient à écraser les fraudeurs fiscaux.
Finalement, sommes-nous une Rome contemporaine? Peut-on dire que
l'histoire se répète?
Considérons les sommes monumentales dépensées pour le sauvetage des
banques, les augmentations vertigineuses de la dette publique, la
concentration du pouvoir entre les mains du gouvernement central et les
incessantes revendications de la part des groupes d'intérêt. Si ces
éléments nous sont familiers au XXIe siècle, ils l'étaient tout autant
des Romains de l'Antiquité.
En
accroissant démesurément le pouvoir du gouvernement au détriment de la
responsabilité individuelle, nous avons fait la même erreur que Rome il
y a des siècles. Ceux qui ignorent l'histoire sont condamnés à la
répéter. La plupart des gens qui chérissent la liberté s'opposent à
l'État-providence pour des raisons morales, philosophiques et
économiques. Nous ferions bien d'ajouter une autre raison, conclut Reed:
les leçons de l'histoire!
*Texte d'opinion publié le 7 octobre 2013
sur 24hGold.
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