Dans une chronique parue le mois dernier dans La Presse (« De
Cacouna au Califat »), Boucar Diouf nous dit préférer la molécule
d'eau aux hydrocarbures parce que le « pétrole répond à un désir de
l'humanité alors que l'eau est pour nous un besoin irremplaçable ». Le
pétrole, source de tensions et de conflits, serait tout juste bon à être
remplacé par des énergies vertes.
Biologiste de formation et Sénégalais d'origine, M. Diouf devrait
pourtant savoir qu'encore aujourd'hui
plus d'un milliard de personnes (et dans les faits
sans doute beaucoup plus) n'ont toujours pas accès à l'eau potable,
que chaque jour environ 5000 personnes (dont une majorité d'enfants)
meurent de maladies liées à l'insalubrité de l'eau qu'ils consomment et
que l'Afrique subsaharienne est la région la plus touchée par cette
situation.
Bien que la chose soit peut-être difficile à imaginer pour les lecteurs de M.
Diouf, l'abondance d'eau potable que nous tenons aujourd'hui pour
acquise en ouvrant machinalement nos robinets n'est devenue réalité
qu'avec le développement économique et notre utilisation massive de
sources d'énergie telles que les hydrocarbures qui ont permis, entre
autres choses, le développement et le déploiement à grande échelle de
techniques d'assainissement et de transport de l'eau. Il n'y a
d'ailleurs pas si longtemps que la majorité des gens dans les économies
les plus prospères de la planète préféraient consommer des boissons
alcoolisées telles que le vin, la bière et le cidre, ou encore des
boissons bouillies comme le thé, car elles étaient moins susceptibles de
les rendre malades.
L'humoriste-biologiste devrait également comprendre que les carburants
et autres produits dérivés du pétrole sont indispensables pour le
transport de denrées nutritives, telles que les kiwis, et pour la
fabrication d'innombrables produits synthétiques, tels que les
instruments médicaux en plastique, les détergents, les vitamines et les
désinfectants.
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« Loin de n'être qu'un simple
“désir de l'humanité”, les produits à base de pétrole, bien
qu'imparfaits, demeurent des alternatives supérieures aux
technologies qu'ils ont remplacées. » |
Scientifique de formation, M. Diouf devrait se
familiariser avec les problèmes inhérents aux énergies alternatives dont
il fait la promotion. Il comprendrait rapidement qu'elles relèvent
davantage du grigri et de la pensée magique et qu'elles ne sont pas une
alternative valable aux technologies existantes. Par exemple, l'éolien
et le solaire ne génèrent que de petites quantités intermittentes
d'électricité. Ils sont donc pratiquement inutiles dans la
quasi-totalité du secteur des transports et ne fournissent aucune autre
matière première. Les biocarburants sont quant à eux difficiles et
coûteux à produire, surtout ceux qui ne requièrent pas de terres
agricoles. Outre le fait que nous ne pourrons jamais en produire en
quantité suffisante, ils ne peuvent de plus constituer qu'une petite
fraction du combustible utilisés dans les moteurs à essence et diesel
sous peine de les endommager.
Pour ce qui est des conséquences environnementales du pétrole, M. Diouf
devrait garder à l'esprit que remplacer les produits fabriqués avec le
pétrole (des matériaux de construction à certains de nos vêtements) par
des solutions de rechange cultivées sur des terres agricoles ou
extraites de la nature sauvage aurait de graves conséquences pour la
biodiversité de notre planète. Après tout, c'est bien le pétrole (en
fait, le kérosène) qui a permis de sauver les baleines que M. Diouf a
appris à connaître lors de son passage à l'Université du Québec à
Rimouski.
Ce n'est pas un hasard si l'espérance de vie de l'humanité a plus que
doublé et le nombre d'humains vivants sur notre planète a été multiplié
par plus de sept depuis le développement des combustibles fossiles au
cours des deux derniers siècles. Maintenir des milliards d'humains hors
de la pauvreté, et en sortir les autres, est présentement impensable
sans poursuite de l'exploitation des ressources pétrolières. Loin de
n'être qu'un simple « désir de l'humanité », les produits à base de
pétrole, bien qu'imparfaits, demeurent des alternatives supérieures aux
technologies qu'ils ont remplacées. Il n'existe présentement aucune
source ou combinaison de sources d'énergie et de matériaux synthétiques
constituant un choix techniquement supérieur et plus vert que le
pétrole.
M.
Diouf devrait comprendre que si l'eau est indispensable à la vie, notre
consommation de pétrole et d'autres formes d'énergie fiable et abordable
est loin d'être une dépendance nocive pour notre santé et notre
environnement, mais qu'elle est bien plutôt comparable à une saine
alimentation.
Pour des références plus détaillées sur les questions soulevées dans
ce texte d'opinion, le lecteur est invité à consulter la première partie du
texte « Comment
l'innovation rend les sables bitumineux de l'Alberta plus verts »
de Pierre Desrochers et Hiroko Shimizu (Institut économique de Montréal,
octobre 2012).
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Première
représentation écrite du mot « liberté » en Mésopotamie,
environ 2300 av. J.-C. |
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marché et de la coopération volontaire depuis 1998.
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