Le jour du Souvenir: Un hommage à des héros ou une
célébration impérialiste? |
Le 11 novembre de chaque année se veut une journée où l'on commémore les
vétérans des guerres passées. Cette journée remplie d'émotion semble
être entourée d'une aura sacrée, qui l'immunise contre toute critique.
S'il ne fait aucun doute que les millions de personnes ayant
horriblement souffert à cause des guerres méritent notre compassion,
l'idée qu'ils ont combattu et souffert pour de nobles causes comme la
liberté et notre sécurité est cependant totalement fausse.
Si le jour du Souvenir est pour certains l'occasion d'exprimer sa
gratitude envers les vétérans, pour d'autres, et je parle surtout des
politiciens, c'est plutôt une occasion d'utiliser de façon hypocrite et
dégoûtante la souffrance de ces millions de gens pour des objectifs
politiques bien précis. D'abord pour bien paraître, mais aussi pour
associer les guerres à de « nobles causes », car ainsi les soldats morts
deviennent des héros, et nos champions du mensonge peuvent donc accuser
quiconque critique leurs guerres de manquer de respect envers les
vétérans et leurs familles. Le jour du Souvenir se transforme alors en
cérémonie étatiste où l'on célèbre l'impérialisme derrière un masque de
vertus, d'honneur et de gratitude. La guerre peut ainsi continuer...
Si nos politiciens et autres psychopathes attirés par le pouvoir sont
prêts à forcer des millions de gens à mourir, pensez-vous qu'ils auront
des scrupules à mentir sur les causes réelles des guerres qu'ils nous
imposent? Un dicton nous dit que
la vérité est la première victime de la guerre.
L'impérialisme est le résultat de l'existence de l'État, une entité
immorale qui monopolise le pouvoir et la violence, ce qui attire
presqu'inévitablement beaucoup de gens mal intentionnés et favorise
grandement la corruption.
Sans État pour transférer de force le coût de la guerre de ceux qui en
profitent à ceux qui la subissent, celle-ci serait impossible. L'État
rend la guerre profitable, car c'est aussi l'occasion de vendre plein de
choses inutiles à l'État, souvent bien au-delà de leur valeur réelle
(voir
War is Racket
de Smedley Butler). Les banques centrales et le système d'éducation
public sont aussi des outils importants dont l'État dispose pour faire
la guerre. L'un permet de faire durer la guerre en abandonnant
l'étalon-or et en imprimant du papier pour voler les citoyens par
l'inflation, l'autre sert
à endoctriner les enfants
à devenir obéissants, patriotiques et conformistes.
Le jour du Souvenir est associé à la fin de la Première Guerre mondiale
dont l'armistice fut signé le 11 novembre 1918. Les Alliés continuèrent
quand même après cette date à imposer
un blocus naval
pour forcer l'Allemagne à accepter un traité humiliant en affamant sa
population. Cette guerre était fondamentalement
de nature impérialiste.
Deux groupes rivaux s'affrontaient pour les marchés, les colonies et les
ressources.
La Première Guerre mondiale, selon les politiciens de l'époque, devait
mettre fin à toutes les guerres et rendre le monde sécuritaire pour la
démocratie. En réalité, les Alliés avaient dans leur camp un des régimes
le moins démocratique de l'époque, la Russie tsariste, et la plupart
d'entre eux imposaient le colonialisme à une partie importante de
l'humanité. Si cette guerre mit fin à quelque chose, c'est bien à la vie
de millions de personnes et à une époque relativement libre. Elle a
causé beaucoup de mécontentements et de désirs de vengeance, elle a
contribué à créer le premier État communiste et, 20 ans plus tard, elle
a
engendré la Seconde Guerre mondiale
qui fût encore pire.
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«
Qu'il soit bien clair ici que le but du coquelicot blanc n'est pas de
s'attaquer aux individus ayant souffert atrocement ou payé de leur vie
pour avoir « volontairement » (par endoctrinement) ou de
force (par la conscription) participé aux guerres. » |
Cette guerre soi-disant bonne et nécessaire (et je vous réfère ici à
mon
article
sur le sujet si vous croyez à la nécessité de cette intervention) mène
ensuite à la Guerre froide et répand encore davantage le communisme,
après avoir causé la mort de plus de 60 millions de personnes et une
destruction inimaginable. Les multitudes de conflits et interventions de
la Guerre froide ayant fait plusieurs millions de morts supplémentaires
ont encore des conséquences très actuelles. Les guerres au Moyen-Orient
qui durent depuis plusieurs années n'ont absolument rien réglé, si ce
n'est qu'elles ont étalé et stimulé le terrorisme qui vient frapper à
nos portes. À cela s'ajoute le fait que les rivalités impérialistes sont
toujours présentes et menacent toujours l'humanité à l'ère des armes
atomiques.
Si ces millions de soldats étaient morts pour notre liberté, ce serait
très facile à démontrer. Nous serions au minimum aussi libres en 2014
que nous l'étions en 1914. Qu'en est-il vraiment?
Pour mener une guerre de cette ampleur l'État grossit énormément
puisqu'il planifie l'économie, conscrit, taxe et censure la critique.
Même si l'État perd un peu de poids après la guerre, il ne retrouve
jamais sa taille d'avant. En 1914, il n'y avait presque pas de taxes ou
d'impôts. Les banques centrales n'étaient pas omniprésentes et, avec
l'étalon-or, les dépenses gouvernementales étaient très limitées. À la
même époque, on pouvait voyager sans passeport et les migrations étaient
beaucoup plus simples. On n'avait pas besoin d'autant de permis
qu'aujourd'hui pour entreprendre ou bâtir. La drogue était légale. Les
gens ne naissaient pas avec une énorme dette publique. L'État
n'espionnait pas ses citoyens. Je pourrais continuer, mais cela
m'apparaît suffisant pour montrer que nous ne sommes pas plus libres et
que la guerre fait grossir l'État et détruit nos libertés.
Le jour du Souvenir est associé au port du coquelicot rouge. Il existe
cependant aussi le coquelicot blanc dont
la signification
se veut d'honorer les vétérans et toutes les victimes des guerres, tout
en s'opposant aux guerres et
en se dissociant du pouvoir politique
qui utilise le jour du Souvenir pour justifier ces guerres. Cette
position critique
choque bien sûr ceux qui vouent un culte sacré
au jour du Souvenir et aux mythologies entourant les
guerres. Il est paradoxal que ce soient surtout les
organisations très à gauche, comme
Québec solidaire,
qui en fassent la promotion.
Qu'il soit bien clair ici que le but du coquelicot blanc n'est pas de
s'attaquer aux individus ayant souffert atrocement ou payé de leur vie
pour avoir « volontairement » (par endoctrinement) ou de force (par la
conscription) participé aux guerres. Le but est de dénoncer les guerres,
d'exposer les mensonges, à savoir que ce ne sont pas de nobles causes et
qu'hélas les vétérans ne sont pas des héros, mais des victimes.
La meilleure façon d'honorer les vétérans et de leur rendre justice est
d'exposer la vérité sur les guerres, à savoir que ce sont des tueries à
grande échelle servant à enrichir des psychopathes et à défendre des
empires. Les conséquences sont que nous sommes moins en sécurité et
moins libres. Il est tragique qu'au moment où j'écris ces lignes, le
Canada envoie des militaires et des avions de guerre au Moyen-Orient
pour présumément combattre l'État islamique, une conséquence des
précédentes interventions impérialistes dans la région. Et que suite à
une fusillade à Ottawa ayant causé la mort d'un soldat, une hystérie collective
fasse en sorte que cette intervention militaire jouisse d'un certain
appui populaire et que le gouvernement prépare déjà une loi pour donner
plus de pouvoir aux autorités policières. Allons-nous apprendre un jour?
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Du même
auteur |
▪
La Seconde Guerre mondiale a-t-elle vraiment été une guerre
bonne et nécessaire?
(no
324 - 15 septembre 2014)
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Première
représentation écrite du mot « liberté » en Mésopotamie,
environ 2300 av. J.-C. |
Le Québécois Libre
En faveur de la liberté individuelle, de l'économie de
marché et de la coopération volontaire depuis 1998.
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