Hyperlien: http://www.quebecoislibre.org/14/141115-10.html Les dernières semaines nous ont apporté un lot anormalement élevé d’histoires sordides d’agressions sexuelles et de dénonciations. Et comme le passé est souvent garant de l’avenir, le célèbre roman 1984 de George Orwell aurait mieux fait d’être intitulé 2084. Parce que si la tendance se maintient, l’un des aspects du monde imaginé par Orwell, le rapport des individus à la sexualité, risque de se réaliser en 2084 (ou peut-être même avant)... Tou(te)s des agressé(e)s potentiel(le)s Tout ça a commencé avec une affaire d'animateur-vedette de radio sado-maso remercié de ses services par son employeur après qu'une de ses conquêtes se soit plainte d’agression. Plusieurs autres conquêtes se sont manifestées par la suite pour dire qu'elles aussi avaient été agressées. Comme il s'agissait d'agressions qui avaient eu lieu plusieurs années dans le passé, des voix se sont élevées pour demander: Mais pourquoi avoir attendu tout ce temps? Pourquoi ne pas avoir dénoncé plus tôt? Agacées par ces questions récurrentes, deux journalistes montréalaise et torontoise ont répondu au nom des victimes: la dénonciation n'est pas si simple qu'on pourrait le croire. Elles ont du même coup déclaré publiquement avoir été elles aussi agressées dans le passé (pas par le même animateur-vedette) et n'avoir jamais porté plainte. Elles ont également lancé la campagne hashtag #BeenRapedNeverReported sur Twitter. Il n'en fallut pas plus pour que des milliers de femmes participent à la « conversation » et, en 140 caractères ou moins, racontent comment elles aussi avaient été agressées sans ne jamais porter plainte. Une version française de la campagne hashtag (#Agression-NonDénoncée) a par la suite été lancée, histoire de permettre aux femmes francophones de participer à la vaste thérapie de groupe. D'autres membres des médias ont publié à leur tour leurs histoires d'agressions non dénoncées. Une ancienne ministre libérale fédérale est aussi sortie de l'ombre pour rapporter son histoire. Une chroniqueuse d'un grand quotidien montréalais s'est même excusée auprès des milliers de femmes violées. Pourquoi? « Parce qu'il ne m'est rien arrivé. Rien. Je n'ai pas été violée. Pas subi d'agression sexuelle ni d'attouchements. Jamais. » Imaginez. Des professeurs d'une grande université montréalaise ont plus tard été nommés et accusés par des inconnues de se livrer à du harcèlement sexuel. Les portes de leurs bureaux ont été placardées d'autocollants faisaient référence à une politique anti-harcèlement sexuel de l'établissement, puis photographiées et postées sur les réseaux sociaux – le nom des profs apparaissant sur les photos. Une vague de dénonciations d'agressions sexuelles a littéralement déferlé. Tellement que les organismes québécois d'aide aux victimes ont avoué avoir été plus débordés que jamais. La demande dans certains centres aurait même jusqu'à quadruplé en novembre. Et qui dit débordements dit appels à un financement accru! Il n'en fallait pas plus pour qu'on lise ici et là que les nombreux organismes d'aide aux femmes étaient sous-financés. Il n'en fallait pas plus non plus pour que quelqu'un quelque part se lève et réclame une commission d'enquête « nationale »(!) – ou quelque bidule du genre – sur la question. La Fédération des femmes du Québec, emboîtant le pas aux partis de l'opposition à Québec, a ainsi pressé le gouvernement Couillard d'instituer une commission itinérante sur la violence sexuelle. Dans toute cette effervescence médiatique qu'a entrainé la « prise de parole collective concernant les agressions sexuelles », une petite nouvelle a presque passé inaperçu. Dans les universités californiennes, depuis le mois d’octobre, il faut qu'une femme consente « de façon enthousiaste » à chaque étape d'une relation sexuelle – embrasser, toucher, déshabiller, pénétrer. C'est ce qu'impose une nouvelle loi sur le consentement sexuel dans les universités californiennes surnommée « consentement affirmatif ». Ça ne s'invente pas! « Ce nouvel encadrement des relations sexuelles, apprend-on, survient alors que les universités américaines, qui sont obligées depuis trois ans par le département fédéral de l'Éducation de durcir le ton sur les agressions sexuelles, font face à d'innombrables critiques et manifestations dénonçant leur inaction sur le sujet. Elles doivent maintenant, pour juger des expulsions des personnes soupçonnées de viol, tenir compte de la prépondérance de la preuve plutôt que d'une preuve "claire et décisive". » On imagine la scène, dans un party bien arrosé. Un étudiant s’approche d’une étudiante. Il lui demande s’il peut la toucher. Elle dit oui. S’il peut l’embrasser. Elle dit oui. S’il peut la déshabiller. Elle dit non, pas ici! Le couple se retire dans un coin plus sombre de l’appartement où se déroule le party. L’étudiant réitère sa question: est-ce qu’il peut maintenant la déshabiller. Elle dit oui. Les deux tourtereaux se taponnent un peu et en viennent rapidement au point culminant. L’étudiant demande s’il peut la pénétrer. Elle dit ne pas être sûre de vouloir. S’en suit alors une longue période de négociation. Une médiatrice du Département de la médiation civile est appelée sur les lieux… Beaucoup trop compliqué Il n’est pas difficile d'imaginer qu’un concept comme le « consentement affirmatif » traversera bientôt la frontière pour s'installer dans les établissements d'enseignement supérieurs québécois. Puis dans les différents secteurs de la fonction publique. Puis dans les conventions collectives de tous les employé(e)s syndiqué(e)s de la province. Puis dans les relations homme-femme, homme-homme, femme-femme, etc., en général. Une véritable mine d’or pour les avocats de ce monde, je vous dis! Il n’est pas difficile d'imaginer qu'au final, plus personne ne veuille se toucher. C'est un peu un des aspects du monde qu’a imaginé George Orwell dans son célèbre roman 1984. Pas tellement qu'une nouvelle loi sur le consentement affirmatif verrait le jour dans les universités californiennes, mais que les rapports sexuels en viendraient à disparaître, à toute fin utile, le rapport sexuel étant devenu carrément politique. Dans 1984, seuls les « prolétaires », les soi-disant gens de la classe inférieure qui ne sont pas vraiment qualifiés pour être membres du Parti au pouvoir, sont reconnus pour avoir des instincts sexuels. Parmi les membres du Parti, l'amour et l'érotisme ont été complètement évacués de l'acte sexuel. Les mariages sont permis, mais doivent être officiellement approuvés et doivent être entrepris dans le seul but d'engendrer des enfants qui grandiront pour devenir des membres responsables du Parti. La permission de se marier est refusée aux couples dont les membres affichent de quelconques signes d'attirance physique l'un envers l'autre. Idéalement, le Parti préfère le célibat complet, ce qui signifie que les hommes et les femmes établissent moins d'obligations de loyauté individuelle l’un envers l’autre (l’État déteste la concurrence), et les enfants peuvent être générés artificiellement. À terme, le Parti présente l'acte sexuel comme une nécessité plutôt dégoûtante. Orwell avait anticipé bien des choses dans son roman, mais il n’avait pas vu l’avènement des technologies de l'information. Qui sait, si les gens dans le futur hésitent à se toucher par crainte de représailles, peut-être pourront-ils éventuellement télécharger des applications qui leur permettront de filmer et d'enregistrer les acquiescements du, ou de la, partenaire aux différentes étapes de leurs ébats amoureux? Please press here if you agree to move to the next level... ---------------------------------------------------------------------------------------------------- * Gilles Guénette est titulaire d'un baccalauréat en communications et éditeur du Québécois Libre. |