Les « riches » sont-ils trop « riches »? |
Tout récemment, le Centre canadien de politiques alternatives publiait
son traditionnel
rapport sur
le revenu du top 100 des PDG les mieux rémunérés au Canada. Sans
surprise, on y apprend que certaines personnes ont un revenu plus élevé
que d’autres...
Il n’en fallait pas plus pour relancer le sempiternel débat sur les
inégalités de revenu et la redistribution de la richesse. Ce débat
souffre toutefois d’une carence en objectivité qui mène à toute sorte de
recommandations et d’interrogations. Quel doit être le coefficient de
Gini pour que la distribution de la richesse soit « socialement
acceptable »? À partir de quel revenu est-ce qu’un « riche » est trop
« riche »? De par le fait qu’elles génèrent une variété de réponses qui
n’ont d’égale que la variété des répondants, ces questions sont
éternellement futiles et d’aucune utilité dans la formulation des
politiques publiques.
Trop souvent, ces dernières occasionnent des conséquences inattendues
pouvant être contradictoires avec leurs objectifs initiaux. Pour éviter
un cercle vicieux d’autolégitimation de l’intervention étatique, je
propose de dépoussiérer les écrits de Ludwig von Mises, une figure
proéminente de l’école autrichienne d’économie.
Cette dernière se distingue par ses propositions épistémologiques et
méthodologiques, notamment la praxéologie et l’individualisme
méthodologique. Quant à la praxéologie,
elle repose sur l’axiome fondamental que l’individu agit, c’est-à-dire
qu’il utilise consciemment des ressources rares afin d’atteindre un
objectif choisi. Le fait qu’il agisse implique nécessairement qu’il juge
que le résultat anticipé de l’action changera sa situation actuelle et
que ce changement lui permettra d’atteindre un état d’être qu’il juge
préférable à celui dans lequel il se trouvait avant d’agir. La
praxéologie ne cherche donc pas à déterminer si les buts et moyens
choisis sont bons, mauvais ou rationnels selon des standards arbitraires
et subjectifs. Elle est une discipline objective qui se limite aux
faits, soient les actions humaines en général et leurs implications.
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« Le marché et non l’État est
en mesure de permettre aux individus d’exprimer leurs
préférences et leurs valeurs. Ce n’est pas la responsabilité
du gouvernement de définir ce que devrait être une
répartition “socialement acceptable” de la richesse. » |
Cette objectivité nous permet, entre autres, d’en arriver à la
conclusion logique que les inégalités de revenu découlant de
l’interaction entre des individus dans un marché libre ne peuvent
qu’être bénéfiques aux yeux des acteurs impliqués dans les divers
échanges. Par exemple, si un individu achète un chandail officiel du
Canadien de Montréal et un billet pour assister à un match au Centre
Bell, ce dernier juge que l’accomplissement de son objectif lui apporte
une valeur plus grande que celle attribuée au prix déboursé. Bien que
cette action semble banale, elle contribue à l’accroissement des
inégalités de revenus dans la mesure où le montant déboursé sert à
financer le salaire à 7 chiffres de P.K. Subban. Cependant, tous les
individus qui paient pour aller voir un match du Canadien ou pour
acheter un chandail officiel ne font qu’exprimer leurs préférences en
tant que consommateurs, alors que le salaire du numéro 76 reflète tout
simplement la valeur de sa contribution au bien-être de ces derniers.
Ainsi, l’écart de revenu n’est pas problématique en raison du
volontarisme qui caractérise les échanges dans tout le processus. Seule
la part des inégalités découlant de l’intervention du gouvernement est
déplorable. Dans ce cas, les salaires et les prix ne reflètent pas les
préférences des individus impliqués, mais ne sont qu’une vague
représentation de ce qu’une minorité de la population croit être
préférable pour la société.
De là l’importance de l’individualisme
méthodologique,
qui vient s’opposer aux analyses holistiques qui présupposent la
prééminence du « nous » sur le « je » et qui voient la société comme un
collectif agissant. Les limites d’une telle analyse sont bien illustrées
par cette citation de Murray
Rothbard:
Avec un tel raisonnement, aucun juif assassiné par le gouvernement nazi
n’aurait été réellement assassiné; au lieu de cela, les Juifs se
seraient « suicidés » puisqu’ils étaient le gouvernement (lequel a été
démocratiquement élu) et, en conséquence, était issu de leur propre
volonté.
En
ce sens, le marché et non l’État est en mesure de permettre aux
individus d’exprimer leurs préférences et leurs valeurs. Ce n’est pas la
responsabilité du gouvernement de définir ce que devrait être une
répartition « socialement acceptable » de la richesse. Redistribuer le
salaire des mieux nantis de façon « équitable » revient à dire que les
individus ayant consentis à échanger leur argent contre des biens et des
services accordent une valeur « socialement inacceptable » à ces derniers.
Les inégalités dont on devrait se préoccuper sont celles qui découlent
des politiques publiques et qui profitent à une minorité au détriment du
bien-être des autres. |
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Première
représentation écrite du mot « liberté » en Mésopotamie,
environ 2300 av. J.-C. |
Le Québécois Libre
En faveur de la liberté individuelle, de l'économie de
marché et de la coopération volontaire depuis 1998.
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