Nous ne sommes pas tous Charlie |
Le drame horrible de Paris a suscité une vague mondiale d'appuis à
Charlie Hebdo et d'opposition aux actes barbares attaquant nos valeurs
démocratiques occidentales. Plusieurs ont manifesté cette solidarité en
professant publiquement « que nous sommes tous Charlie ».
Si nous voulons tous être Charlie, nous devrons faire plus que d'émettre
en ligne, confortablement assis devant nos ordinateurs, des sympathies
envers des gens que nous n'avons pour la plupart pas connus. Nous
devrons faire comme Cabu, Charb et Tignous et nous élever, chacun à
notre façon, contre ceux qui tuent les « infidèles » et battent leurs
femmes si elles leur désobéissent.
Déjà, des comédiens et des intellectuels qui se sont proclamés Charlie
se montrent réticents à critiquer l'islam. Les médias ne sont pas de
reste. Combien de journaux ont refusé de publier la série de caricatures
de Mahomet publiées par le journal danois Jyllands-Posten en
2005, de crainte de se faire reprocher qu'ils manquent de « sensibilité »
envers les communautés culturelles?
Faut-il rappeler que Jacques Chirac,
ancien président français, Bill Clinton, ancien président des
États-Unis, et Kofi Annan, secrétaire général de l'ONU, ont alors
déclaré que les journaux ayant contribué à diffuser les caricatures
avaient fait un usage abusif de la liberté de parole et ont fait appel à
plus de « responsabilité et de respect envers les sentiments religieux »?
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«
Si nous voulons tous être Charlie, nous devrons faire plus que d'émettre
en ligne, confortablement assis devant nos ordinateurs, des sympathies
envers des gens que nous n'avons pour la plupart pas connus. » |
Et nous, au Québec, sommes-nous Charlie quand nous acceptons sans
broncher que la Commission des droits de la personne du Québec veuille
censurer ceux de nos citoyens qui critiquent une facette ou l'autre de
l'islam? Que faisons-nous comme Québécois pour être Charlie pendant que
le chef de police du SPVM crie au manque de ressources pour traiter la
centaine de dossiers ouverts depuis
les événements de
Saint-Jean-sur-Richelieu et qui sont en lien plus ou moins direct avec
la lutte contre le terrorisme?
Sommes-nous Charlie quand nous tolérons sans rouspéter que le nouveau
chef du Service canadien sur le renseignement de sécurité abandonne la
pratique d'enquêter sur les institutions musulmanes et les mosquées qui
abritent des imams reconnus pour leur discours radicalisant et n'ose
même plus utiliser quelque terme que ce soit qui réfère à l'islam pour
décrire la menace terroriste?
Pouvons-nous, comme Québécois, nous réclamer d'être Charlie quand le
gouvernement de Pauline Marois a octroyé une subvention de 37 329 $ en
septembre 2013 au Bureau associatif pour la diversité et la réinsertion?
Cet organisme est lié au Collectif 1ndépendance (regroupant de jeunes
musulmans montréalais) qui a invité des prédicateurs islamistes
européens radicaux à Montréal.
La liberté d'expression demeure la pierre d'assise de notre démocratie
occidentale. C'est George Orwell qui a dit que « [si] la liberté
signifie quoi que ce soit, elle signifie le droit de dire à des gens ce
qu'ils ne veulent pas entendre ». Le sang versé par les artisans de Charlie
Hebdo ne doit pas
l'avoir été en vain. Il doit nous inspirer à ne pas avoir peur
d'abandonner la langue de bois et de critiquer de façon virulente, mais
aussi de poser des gestes pacifiques pour ne pas appuyer à tout le
moins, ni encourager ou financer les porteurs de ces croyances
maléfiques d'accomplir leurs sombres desseins chez nous comme ailleurs.
La philosophe Élisabeth Badinter a dit hier que Charlie
Hebdo a résisté presque seul contre tous. Espérons que cette tragédie nous motivera tous à
devenir vraiment Charlie.
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Première
représentation écrite du mot « liberté » en Mésopotamie,
environ 2300 av. J.-C. |
Le Québécois Libre
En faveur de la liberté individuelle, de l'économie de
marché et de la coopération volontaire depuis 1998.
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