Le libéralisme est-il un trouble psychiatrique? |
Depuis 18 ans,
Jean-Louis Caccomo est maître
de conférences en sciences économiques à l’Université de Perpignan.
C’est un enseignant qui, comme nous, n’est pas
un de ces adorateurs inconditionnels de l’État. Il n’est pas de ces
propagandistes labellisés professeurs qui nous ont fait croire que toute
intervention publique se faisait dans l’intérêt général. Il n’a jamais
administré ce venin qui fait que la plupart des familles détruites par
l’État ont cru pouvoir compter sur l’aide et l’honnêteté de
fonctionnaires du social.
Non, Jean-Louis a écrit
et milité pour les libertés individuelles. Il a mis en cause l’étatiquement-politiquement
correct démontrant dans ses recherches le caractère nuisible de
l’interventionnisme d’État, dénonçant l’aliénation par
l’État-providence. Il a rejoint le Comité élargi de défense de
l’individu et des familles (CEDIF)
dans sa défense immodérée de la famille à travers le principe de
subsidiarité.
Agit-prop totalitaire
De telles positions lui
ont valu de nombreuses inimitiés et, à rebours, toute notre amitié et
notre soutien.
Bien placés pour
l’agrégation des universités de 2004, Jean-Louis et d’autres enseignants
aussi bien inspirés que lui avaient fait l’objet d’une campagne de
dénonciation organisée par d’autres enseignants. Ainsi, une lettre
ouverte de François Legendre et Yannick L’Horty appelait à pétitionner
contre des candidats dont la pensée
serait vraiment trop insoutenable, pétition signée par de multiples
enseignants et qui précisait:
Quatre [des membres du jury] sur
sept appartiennent à la société du Mont Pèlerin, fondée par Friedrich
Hayek, dont les membres trouvent « dangereux l’expansion des
gouvernements, et pas seulement dans le domaine de la protection
sociale ».
Des économistes qui trouvent « dangereux
l’expansion des gouvernements » ne seraient donc pas dignes de détenir
une agrégation des universités? Pourtant, dans notre combat au nom des
familles, nous démontrons par des exemples multiples les destructions
organisées par les services sociaux. Cette dénonciation serait donc
blâmable, indigne d’universitaires, le résultat de cerveaux
déséquilibrés?
Plus loin, il est dénoncé le fait que:
Trois
membres sur sept ont participé à la conférence pour le 200e anniversaire
de la naissance de Frédéric Bastiat, organisée par les cercles Frédéric
Bastiat, créés par l’ALEPS [l’Association pour la liberté économique et
le progrès social].
Frédéric Bastiat, précisons-le, est l’un des
plus grands économistes français. Il a démystifié le rôle de l’État et
démontré que les fonctionnaires recherchent d’abord leur propre intérêt
sous couvert de prétendre servir l’intérêt de leurs administrés. Nous ne
cessons au CEDIF d’ouvrir les yeux des familles sur les véritables
motifs d’intervention de l'aide sociale à l'enfance (ASE):
multiplier les budgets et créer des postes au prix de
placements injustifiés. Sommes-nous pour cela de ces
cerveaux dérangés?
Thinkcrime
Quant au dossier « à charge » de Jean-Louis Caccomo, il est mis à la disposition de ceux qui veulent bien le
démolir. Pourtant, il ne se trouve rien dans ce dossier dont il aurait à
pâlir:
Jean-Louis
Caccomo: MCF à l’Université de Perpignan. Plusieurs publications dans
des revues reconnues. Intervient avec P. Salin sur le site anti-pensée
unique
Conscience politique.org et publie de nombreux pamphlets dans
Action libérale.org et dans
Le Québécois Libre.
Des extraits d’articles publiés en anglais par
Jean-Louis Caccomo sont exposés pour critique. Prenons la peine de
traduire:
La tendance
à confondre la rhétorique du racisme et de l’exclusion avec celle du
marché libre constitue un signe dérangeant d’une profonde régression
intellectuelle et d’une manipulation mentale. La morale et la
philosophie du marché n’a rien à voir avec le culte d’un égoïsme
aveugle, au contraire la morale du marché s’interdit de juger chaque
individu en fonction de la couleur de sa peau, de son origine ethnique,
de son milieu social ou de son sexe. Une société basée sur
l’individualisme considère qu’avant d’être un homme ou une femme, un
paysan ou un professeur, un noir ou un blanc, un col bleu ou un col
blanc, nous sommes des individus à part entière.
Quel crime d’avoir dit une
chose pareille? Nous sommes des hommes, plus exactement des
individus, nous sommes une fin en nous-mêmes et non pas des moyens au
service des intérêts de quelques-uns. Nos enfants ne sont pas des moyens
aux fins de promotion sociale ou de création d’emplois pour
travailleurs sociaux.
|
« Nous sommes des hommes, plus exactement des
individus, nous sommes une fin en nous-mêmes et non pas des moyens au
service des intérêts de quelques-uns. » |
Il faudra bien que certains nous dénoncent aussi pour oser le dire, pour
réaffirmer ainsi
tout ce qui est dans notre manifeste.
Le déshonneur de toute une profession
Jean-Louis Caccomo sera particulièrement
affecté par ces attaques dont il prendra connaissance deux jours avant
de passer l’examen de leçon d’économie générale. Il était alors prêt à
tout abandonner sachant que la chasse aux candidats de sa sensibilité
était lancée, mais il ne pouvait pas répondre aux attaques et aux
provocations, puisque tenu à la réserve en tant que candidat. Il ne savait pas
encore jusqu’à quel point les attaques allaient prospérer. Mais déjà les
médias mainstream, Le Monde, Libération et…
Charlie Hebdo participent à la curée.
Les défenseurs de l’infaillibilité de l’État
et de la vertu du sévice public ont alors triomphé, ils ont pu
déstabiliser un jury qui n’était pas acquis à ses thèses. Jean-Louis Caccomo ne sera pas reçu à l’agrégation des universités en dépit du fait
que ses compétences sont bien au-delà de nombres d’économistes reçus.
Enfin, « économistes », on se comprend, considérant les thèses étatistes
propagées…
Nous sommes en 2004, Jean-Louis Caccomo
restera donc maître de conférences et ne sera jamais
professeur des universités françaises (et c’est tout à son honneur), en
dépit de ses nombreuses initiatives et responsabilités auprès
d’universités étrangères moins sectaires.
Oubliez-moi!
Le concours passé, il ne se privera tout de
même pas d’écrire aux pétitionnaires:
[…]
Quel fut mon crime en me présentant à ce concours? De ne pas avoir les
mêmes convictions que les vôtres?
C’est vrai que la diversité et la liberté de
penser est néfaste à l’avancée de la recherche dans le secteur public.
Je vous suggère de faire exécuter tous les individus qui osent avoir une
opinion personnelle. D’ailleurs, telle n’est pas votre fonction dans les
instances universitaires?
Maintenant
que vous avez contribué à détruire ma carrière, je vous suggère de
m’oublier.
Seulement voilà, Jean-Louis Caccomo enseigne
toujours à l’Université de Perpignan et ses ennemis n’ont pas
l’intention de l’oublier. Ils ne sont pas loin, ils sont tout près, et
la moindre de ses faiblesses sera exploitée. Pensez-vous: un enseignant
qui ne voue pas un culte à l’État qui le paie!
L’odeur du sang dans le marigot
Il leur faudra attendre un nouveau drame
personnel pour Jean-Louis. Une séparation, un divorce difficile avec des
enfants. Sa famille est touchée, il a du mal à se relever, il entre en
dépression. Il est admis au centre hospitalier de Thuir.
Une hospitalisation pour dépression, voilà qui
fait jaser, mais Jean-Louis Caccomo réintègre ses fonctions, se remet.
Qu’à cela ne tienne, on ne l’oublie pas. Il a fait montre d’un signe de
faiblesse, l’odeur du sang dans le marigot attire les crocodiles.
Le 14 février 2013, le président de
l’Université de Perpignan, employeur de Jean-Louis Caccomo, demande
l’internement psychiatrique selon la procédure d’urgence sur la foi d’un
seul certificat médical établi en dehors de la présence de l’intéressé
et rédigé par un médecin exerçant dans l’établissement d’internement. On
ne s’embarrasse donc pas du code de la santé publique pour se
débarrasser d’un « gêneur ».
Une nouvelle traversée du désert attend
Jean-Louis. Celle-ci va durer jusqu’en avril 2014, soit 15 mois durant
lesquels il sera drogué, perdra une grande partie de sa dentition, tous
ses ongles, sombrera dans un état d’abrutissement à coup de
psychotropes, sera menacé d’électrochocs, avec pour corolaire un
syndrome de fatigue chronique.
Pendant tout ce temps, il ne pourra assumer
ses obligations de père, exposant son ex-femme à une situation
difficile. Son fils Tom subira de plein fouet la situation de son père.
Il
décroche, rate son bac et se fait suivre par un pédopsychiatre. Il en
faut à peine plus pour que les sévices sociaux s’en mêlent.
Il paraît que l’on ne doit pas attenter à la
dignité du patient, enfin c’est ce que dit encore le code de la santé
publique. Il paraît même que l’on doit l’associer aux décisions qui le
concernent, et pour le moins lui notifier les maintiens en internement
ainsi que ses droits. Les textes sont si beaux qu’ils nous en feraient
oublier l’arbitraire des pratiques.
Comme le premier François Hollande venu…
Et pourtant, un mois après son
internement, Jean-Louis avait un bon rapport pour un économiste
dissident:
On ne note pas de préoccupation délirante, de
fuite des idées, de versatilité de l’humeur, de débordement instinctuel.
Son humeur est syntone, son comportement adapté, sans composante ludique
ou trouble du sommeil signalé. Son autocritique est de bonne qualité: le trouble à l’origine de l’hospitalisation ne semble plus être présent.
Le patient est à même de soutenir un échange verbal de bonne
qualité.
Bon, le problème quand même c’est que
Jean-Louis s’est ouvert sincèrement comme le premier François Hollande
venu qui prétendrait être président de la République:
[…] il
serait en train d’écrire un livre et il s’était engagé à être présent à
trois congrès. Il dit avoir été nommé aux relations internationales et
avoir passé des conventions avec des universités au Maroc, [en]
Thaïlande et [au] Mexique.
Le juge des libertés considèrera donc qu’il
« présente toujours, au sens de l’article L3212-1 du Code de la santé
publique, des troubles mentaux qui rendent impossible un consentement
authentique et suffisant de sa part aux soins immédiats ».
Revoilà donc Jean-Louis maintenu en
internement, sauf qu’il était bien invité à des congrès savant, qu’il a
bien depuis sorti un nouveau livre et qu’il enseigne aussi auprès
d’universités étrangères!
Il ne réussira à s’en sortir, enfin le
croit-il, que par un transfert de l’hôpital de Thuir à une clinique
spécialisée de Montpellier qui parviendra à le remettre sur pieds en
moins de trois mois, le rendant à la liberté le 20 juin 2014. Mais si la
clinique a travaillé correctement, il faut aussi noter qu’elle ne l’a
pas fait dans le cadre de l’internement psychiatrique. En effet,
Jean-Louis n’avait jamais été informé que l’acceptation du transfert
n’était que la conséquence de la levée de l’internement. Pendant presque
trois mois, il s’est donc cru interné alors qu’il ne l’était plus!
Le partage des dépouilles
Jean-Louis Caccomo attaque ensuite les
responsables de sa situation. D’abord l’hôpital, en mettant en avant le
fait que la décision d’hospitalisation était absente de son
dossier médical, et que le président de l’université n’avait
pas qualité à demander un internement psychiatrique
puisqu’il ne saurait prétendre agir dans l’intérêt de son
personnel. D’ailleurs cet internement a été justifié par le
président de l’université au nom d’un principe de
précaution! Allez comprendre.
À moins qu’il ne s’agisse de prémunir de
futurs étudiants d’une crise de lucidité face à la réalité économique et
sociale que nous ne cessons de décrire?
Il est vrai qu’en son absence, les
responsabilités exercées par Jean-Louis ont été réattribuées. Ainsi, il
perd la responsabilité pédagogique du Master Finance qu’il avait créé,
et celle de responsable des relations internationales de l’Institut
d’administration des entreprises.
Lorsqu’il réclamera que ses responsabilités
lui soient rendues, il retrouvera de bon matin au pas de sa porte les
infirmiers prêts à l’interner à nouveau...
Complément de lecture: Jean-Louis Caccomo: « J’ai été interné de
force pendant 2 ans en toute illégalité » (Entrevue vidéo avec Jean
Robin, du site Enquête et Débat). |
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Première
représentation écrite du mot « liberté » en Mésopotamie,
environ 2300 av. J.-C. |
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