Hyperlien: http://www.quebecoislibre.org/15/151015-10.html J’ai récemment débattu avec un membre de l'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques de la question « Faut-il que les riches paient davantage ou moins d'impôts? » Contrairement à mon adversaire de l'IRIS, je n’ai pas répondu à cela avec des statistiques ‒ je me méfie de cette méthode. Je me suis concentré surtout sur des principes qui en appellent au sens commun. Premièrement, cette question laisse faussement entendre que la richesse est un mal à limiter. S’enrichir est pourtant souvent très utile. La vraie solution n’est pas d’y mettre un frein, mais d’empêcher les gens de s’enrichir en utilisant la force. Deuxièmement, l’impôt des riches sert à faire fonctionner un système, la social-démocratie, qui est nuisible à la société. Troisièmement, je crois que le libre marché est un meilleur système. Qu’est-ce que j’entends par là? Idéalement, une situation où nous gardons 100% de notre paie. Il n’y a pas de taxes. Personne n’a le droit de nous prendre notre argent, même le gouvernement. Tout le monde est libre de nous offrir des services. Nous choisissons nous-mêmes à qui nous donnons notre argent. À mon avis, si nous recevions les services donnés aujourd'hui par l’État de cette manière, nous répondrions mieux à nos besoins. Voilà pourquoi je suis contre l’impôt tout court, même celui des riches. Limiter l’usage de la force plutôt que l’enrichissement utile L’idée d’imposer les riches vient de la croyance qui veut que s’enrichir est nuisible à la société et donc qu’il faille y mettre une limite. Cette idée est vraie lorsque l’enrichissement se fait de façon forcée. Par exemple, lorsque nous volons ou que nous mentons pour avoir de l’argent. C’est le cas aussi si les gens sont forcés de payer pour nos services ou si une loi empêche les autres d’offrir mieux que nous. Cependant, s’enrichir en acceptant la concurrence, et en vendant pacifiquement un service que d’autres veulent nous payer est la meilleure preuve que notre service compte beaucoup. Sinon, ils ne l’auraient pas acheté. La solution n’est donc pas de limiter l’enrichissement, mais d’éliminer la violence dans nos échanges. Voilà l’idéal du libre marché. Cette idée nous semble invraisemblable en pensant aux inégalités de richesses. Cependant, il faut garder en tête que les contributions de chacun à la société aussi sont très inégales. Ce n’est pas un jugement de valeur, mais un fait. Oui, un petit groupe de gens peut faire une grande différence pour des millions d’autres. Cela ne devrait pas nous choquer, mais nous émerveiller. Celui qui trouve un moyen de rendre plus accessible ou plus satisfaisant, par exemple, des plantes, des portes patios ou des piscines dans une ville, qui part un projet, embauche des gens et réussit à devenir riche n’enlève rien à personne. Il permet à tous les habitants de cette ville de mieux vivre. Il ne faut pas décourager cette personne en l’accablant avec toujours plus d’impôts, mais l’encourager en respectant sa propriété. Il faut comprendre aussi que les services que nous nous rendons ont un prix et que ces prix sont des signaux qui nous permettent de coordonner nos efforts selon nos priorités. Le fait que nous nous enrichissons beaucoup communique à la société que ce que nous faisons « est en manque », donc que d’autres en veulent. Payer cher quelque chose envoie comme signal que: « Ceci est une urgence, quelqu’un peut-il s’en occuper en priorité, svp? » Lorsque l’État taxe cet échange, il déforme ce message. Il n’y a alors plus moyen de savoir clairement ce dont la société a besoin en priorité. Voilà pourquoi imposer les riches n’est pas une bonne idée. Financer la social-démocratie est une mauvaise idée Au-delà de la valeur sociale de l’enrichissement, pourquoi propose-t-on généralement de faire payer les plus riches? Pour faire fonctionner un système nuisible, la social-démocratie. L’idée répandue dans les médias et les écoles, c’est que mettre en commun des décisions et de l’argent nous donnerait plus de choix sur les choses importantes comme la santé ou l’éducation. En réalité, ces « choix de sociétés », comme ils disent, sont illusoires. Nous ne savons pas ce qu’ils veulent dire concrètement. Lorsque Justin Trudeau nous dit qu’il a un « plan pour la classe moyenne », nous ne savons pas comment il pense s’y prendre. C’est comme quand Amir Khadir dit qu’il veut aider les pauvres. Concrètement, qu’est-ce qui va être fait au jour le jour, à quel prix et avec quel résultat? Nous l’ignorons. Dans un tel système, les vraies décisions se résument à une série de jeux de coulisse et de rapports de force entre des autorités. Par exemple, le syndicat des employés de la fonction publique est une autorité. Le Parti libéral du Québec en est une autre. Des décisions seront prises entre les deux sans que la majorité n’y change quoi que ce soit. Ces faits ne sont pas des accidents ou le fait de la « méchanceté ». Mettre en commun autant de ressources et de décisions rend ces choix confus, et donc incontrôlables par la majorité. Cela permet aux minorités organisées d’en abuser. La social-démocratie présente l’État moderne, celui qui dure depuis les années 1960, comme une organisation de charité ou une sorte de famille qui ne pense pas à l’argent, mais qui veille au besoin de tous. En réalité, l’État est une entreprise comme les autres, au même titre que Wal-Mart ou McDonalds. La seule chose qui la distingue, c’est qu’elle peut utiliser la force pour décider qui a le droit de nous offrir un service et comment nous devons lui payer en taxes. Ceux qui font fonctionner ces services pensent d’abord à eux. Ils sont comme tout le monde. Ce n’est pas un problème en soi, c’est la nature humaine. Cependant, ils possèdent deux pouvoirs que le reste de la société n’a pas: 1) Nous ne pouvons leur refuser de l’argent; et 2) la loi empêche d’entrer en concurrence avec eux. Ainsi, si vous avez une meilleure idée pour enseigner aux jeunes, vous n’avez pas le droit de la proposer aux familles. Ces contraintes rendent la social-démocratie nuisible. Pour payer des services, l’État doit inévitablement prendre des ressources quelque part. Beaucoup de gens pensent pouvoir les prendre uniquement chez les riches. Le problème, c’est que la grande majorité des ressources disponibles dans la société servent à tout le monde. Oubliez les statistiques confuses et regardez autour de vous ce que les gens font concrètement. À qui ça sert? À tout le monde. L’employé de restaurant sert ceux qui y vont. L’ouvrier d’une usine de voitures travaille pour tous ceux qui les conduisent. Celui qui travaille sur une ferme permet aux gens de se nourrir. L’État ne peut donc prendre que les ressources qui servent à tout le monde! Le seul chiffre qui m’apparaît important, c’est que plus de 40 % de ce que nous produisons est contrôlé par l’État. C’est énorme! Le libre marché est une meilleure manière de répondre à nos besoins Si je pense que la social-démocratie est nuisible, c’est aussi parce que je crois en l’existence d’un meilleur système: le libre marché. Je vous rappelle ce que j’entends par là: « Idéalement, une situation où nous gardons 100% de notre paie. Il n’y a pas de taxes. Personne n’a le droit de nous prendre notre argent, même le gouvernement. Tout le monde est libre de nous offrir des services. Nous choisissons nous-mêmes à qui nous donnons notre argent. » Cette manière de faire redonne du pouvoir à chacun d’entre nous. Pour vous l’illustrer, imaginez que vous avez les choix suivants: 1) Vous magasinez des services avec votre argent en sachant que tous sont libres de vous les offrir; 2) Des étrangers, qui se prétendent vos amis, vous prennent de l’argent de force et décident quoi en faire à votre place. La première situation vous donne manifestement plus de pouvoir sur ce qui se passe. Vous êtes en position de force face à diverses institutions pour qu’elles vous offrent la meilleure qualité au meilleur prix. Au-delà de ce raisonnement assez simple, la supériorité des marchés sur la social-démocratie s’observe au quotidien. Même s’il n’y a pas de liberté parfaite, les lieux de commerces où vous achetez des vêtements, des appareils électroniques, des souliers ou des loisirs ressemblent plutôt à l’idéal du libre marché. Or, ils offrent des aubaines et une vaste gamme de choix. Ils évoluent dans le temps. De nouvelles affaires y sont apparues depuis 20 ans. C’est vrai même pour les plus pauvres. À l’inverse, les lieux gérés par l’État offrent de la frustration, des taxes et des tarifs en croissance, des services qui n’ont pas beaucoup changé depuis 1960. Les ponts sont congestionnés. Le système d’éducation nous force à assister à bon nombre de cours pénibles sans utilité évidente pour entrer sur le marché du travail. Les hôpitaux font face à d’importantes files d’attente. Ceux qui y travaillent exigent toujours plus d’argent, sans nous montrer de résultats qui correspondent à ces prix plus élevés. Pour toutes ces raisons, je vous parie que si les lieux gérés par l’État devenaient des lieux de commerce et que plus personne ne payait d’impôts, y compris les riches, on observerait une amélioration étonnante de notre qualité de vie. ---------------------------------------------------------------------------------------------------- * Gabriel Lacoste travaille dans le secteur des services sociaux et a complété une maîtrise en philosophie à l'UQAM. |