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Entretien avec François-René Rideau
sur l'égoïsme rationnel d'Ayn Rand ‒ Septième partie | Version imprimée |
par
Grégoire Canlorbe* |
Le Québécois Libre, 15 octobre
2015, no 335
Hyperlien:
http://www.quebecoislibre.org/15/151015-4.html
François-René
Rideau est un informaticien français. Parmi les sites qu'il anime,
Bastiat.org est
consacré à l'oeuvre de l'économiste libéral Frédéric Bastiat,
Le Libéralisme, le vrai
contient ses essais, et
Cybernéthique est son blog apériodique.
14. L’homme d’affaires et philosophe libertarien John Mackey
écrivait récemment: « What I resist in one of the strains of libertarianism and that I reject is the idea that humankind is essentially selfish, not only as an observation that we frequently are selfish, but there is a strain of belief, particularly in the Ayn Rand part of the movement that believes people ought to be selfish, that that is a virtue, that humans are always self interested and altruism is evil and love is something that makes us weak and so I reject that aspect of libertarianism.
I'm a caring, compassionate person and I believe that free markets and free minds leads to the greatest human flourishing, so I really want humans to flourish and I believe liberty and market economies and capitalism are the best strategies for full human flourishing, so I don’t identify with that strain of libertarianism that is sort of uncaring and kind of a social Darwinian variant of it.
I'm very uncomfortable with that.
I'm not that way myself. »
Quel est votre sentiment sur le point de vue avancé par John Mackey?
Traduisons d'abord pour les non-anglophones cette citation de John
Mackey:
« Ce à quoi je résiste dans une des tendances du libéralisme et que je rejette
est l'idée que l'humanité est essentiellement égoïste,
non seulement comme une observation que nous sommes fréquemment égoïstes,
mais il y a cette famille de pensée, particulièrement dans la partie du mouvement inspirée par Ayn Rand,
qui croit que les gens doivent être égoïstes, que c'est une vertu,
que les humains sont toujours auto-intéressés
et que l'altruisme est malfaisant et que l'amour est quelque chose qui nous rend faible
et aussi je rejette cet aspect du libéralisme.
Je suis une personne attentionnée et compatissante et
je crois que des marchés libres et des esprits libres
mènent au plus grand épanouissement humain, alors je veux vraiment que les humains s'épanouissent
et je crois que la liberté et des économies de marché et le capitalisme sont les meilleures stratégies
pour un épanouissement humain complet, alors je ne m'identifie pas avec cette tendance du libéralisme
qui manque quelque peu de coeur et en est une sorte de variante socialement
darwinienne. Je ne suis pas du tout confortable avec ça. Je ne suis
pas comme ça. »
J'ai beaucoup d'admiration et de respect pour John Mackey,
entrepreneur à succès et homme de conviction.
La chaîne de magasins Whole Foods, qu'il a fondée et dirigée pendant 35 ans,
est aujourd'hui présente partout aux États-Unis;
elle vend des produits toujours de bonne qualité, plutôt chers mais encore abordables.
C'est une grande réussite que d'avoir su reproduire à si grande échelle et de façon durable
une culture de qualité à prix raisonnables,
et ce même si les critères de qualité reposent malheureusement parfois
sur le même genre de pseudoscience dont sont férus les gauchistes américains.
John Mackey est aussi un homme intègre, qui vit comme il pense:
il s'accorde un salaire ridiculement petit pour un entrepreneur ayant tant réussi,
et contrairement aux milliardaires pseudo-populistes qui grouillent sur la scène politique,
il ne prêche rien dont il ne montre d'abord l'exemple par sa propre vie.
C'est donc un homme remarquable par son talent, son âpreté au travail, sa profonde honnêteté,
son intégrité, et bien plus encore:
je pense à des adjectifs anglais comme earnest et steadfast
pour lesquels je ne vois pas de bon équivalent en français moderne;
c'est toute une culture de la réussite par le labeur dur et efficace dans un commerce honnête
qui manque en France contemporaine,
sauf comme objet de dérision et de dénonciation de la part de soi-disant « sociologues ».
Par contre, comme le montre la qualité incertaine de son expression,
son intellect et son érudition sont nettement au-dessus de la moyenne
et, cependant, clairement en-dessous du sommet.
À chacun son truc, et nul n'est requis d'être parfait:
il a amplement mérité de l'humanité sans avoir à être de plus un grand penseur ‒ que du reste il ne prétend pas être.
Je ne lui fais pas de reproche ‒ il fait de son mieux, qui est déjà très bon;
mais je tiens en peu d'estime ceux qui le présentent en maître à penser;
car en matière d'idées comme toute matière, il ne s'agit pas d'écouter les opinions des bons,
mais d'écouter les opinions des meilleurs
‒ être le meilleur dans son domaine, même limité, voilà le critère qui fait les maîtres.
Or les opinions de John Mackey semblent plus fondées
sur une incompréhension profonde de la philosophie d'Ayn Rand
et sur l'acceptation naïve de la propagande socialiste que sur une réflexion éclairée.
La mention de la pseudo-notion de « Darwinisme social »,
traitée dans une question précédente,
et sur laquelle je ne reviendrai pas, est très symptomatique
du lavage de cerveau par le poison gauchiste.
Pour quelqu'un qui a subi ce lavage de cerveau, John Mackey s'en sort plutôt très bien;
et il a tout à fait raison de remarquer, à contrepied de ce lavage de cerveau gauchiste,
que c'est la liberté de l'industrie, du commerce, de la pensée, le capitalisme
qui font l'épanouissement humain.
Et c'est précisément parce qu'il est une personne si estimable
que les contresens qu'il commet valent d'être démontés ‒
et ce d'autant plus que ces contresens sont relativement communs,
car nombreux sont ceux qui ont subi le même lavage de cerveau socialiste,
même parmi les personnes qui comme Mackey ont acquis les principes fondamentaux du libéralisme.
Pour ce qui est du fond, nous commencerons par discuter
de l'incompréhension que les socialistes ont du concept d'égoïsme,
particulièrement tel que développé par Ayn Rand,
et la caricature qu'ils en font ‒ et que John Mackey reprend.
En fin de compte, cette incompréhension et cette caricature proviennent toutes d'eux
d'un même rejet de la nature humaine ‒
or comment prétendre aimer les hommes,
quand on commence par renier l'essentiel de ce qu'ils sont?
Ensuite, nous nous attellerons à démentir
ce monopole du cœur que prétendent posséder les socialistes,
dont John Mackey semble partager les valeurs, sinon les idées.
Non, il n'y a pas qu'une seule façon de se soucier d'autrui ou de « la société »;
d'ailleurs, il n'y en pas pas une seule qui soit objective,
et surtout pas celle défendue par aucun socialiste;
avoir l'esprit et le cœur larges non seulement ne coïncide pas avec le pseudo-égalitarisme socialiste,
mais au contraire fait réaliser d'autant plus l'importance et l'urgence des libertés
que les socialistes font tout pour détruire (John Mackey heureusement non compris).
Examinons donc ce qu'Ayn Rand appelle « égoïsme », idée reprise par de nombreux libéraux
(dont beaucoup cependant évitent le mot pour éviter tout amalgame),
et contrastons cette idée avec l'image dévoyée que Mackey en fait,
et avec lui de nombreux socialistes américains
(qui aux États-Unis ont adopté le sobriquet « liberal »). Mais avant même d'examiner cet
« égoïsme », voyons le sens encore plus basique du mot,
dont Mackey reconnaît la validité sans pourtant lui faire pleinement justice.
Toutes les actions humaines sont le fait d'individus, qui ont chacun leurs intérêts,
et utilisent leur jugement subjectif pour agir selon ces intérêts,
qu'ils soient compris larges ou étroits.
Et quand bien même certains voudraient invoquer un vague « intérêt général »,
nous avons vu dans
la question précédente
qu'il n'y a pas de notion possible d'intérêt commun qui soit objective
et puisse échapper au jugement subjectif des individus qui voudraient s'y référer.
Notons que ce n'est pas là une prescription pour ou contre laquelle se prononcer.
C'est une description. C'est un fait.
Ce n'est même pas de l'égoïsme, ou alors dans un sens tautologique et trivial,
c'est juste la définition même de l'individualité de chaque individu.
La contribution d'Ayn Rand à ce sujet est d'insister sur le fait que
l'égoïsme peut et doit être rationnel,
que là est la dignité et l'honneur de l'homme.
Et par « rationnel », elle veut dire non seulement qu'il faut savoir
juger les actions par leurs conséquences nécessaires plutôt que par leurs intentions prétendues
et autrement utiliser les facultés cérébrales qui mettent l'homme au-dessus du simple animal;
mais aussi, elle insiste que chacun et chacune doit identifier ses valeurs,
les principes, les vertus, les activités créatrices, etc.,
auxquels il ou elle tient vraiment, son message dans la vie,
et agir dans le sens de ces valeurs.
Elle dénonce d'ailleurs dans son essai « Selfishness Without a Self » (égoïsme sans égo)
ceux qui vident leur vie de toute valeur qui pourrait l'élever au-dessus du zéro moral,
ceux qui ne savent la remplir que de vains plaisirs animaux, ou du regard des autres,
ou d'opinions et de valeurs de seconde main qu'ils sont incapables de créer,
qu'ils refusent de se donner la peine de créer.
Cet appel à chacun à considérer ses buts au plus long terme, son intérêt le plus large,
ne diffère donc pas de ce que les bouddhistes
appellent la « compassion » (qui pour eux aussi commence par l'auto-compassion)
‒ mais sans les superstitions bouddhistes,
avec le filtre de la raison plutôt que l'émotionalisme pur,
et avec une morale de vie et de création plutôt qu'un nihilisme débilitant.
Une synthèse de l'Objectivisme d'Ayn Rand et du Bouddhisme
est d'ailleurs non seulement possible, mais a
déjà été tentée
‒ qui reprend le meilleur de ces philosophies sans tomber dans leurs travers respectifs,
et notamment en évitant le culte de la personnalité
auquel s'adonnent les zélateurs les plus obtus de l'une ou l'autre philosophie
(et ceux qui reprochent à Ayn Rand ou Siddartha Gautama l'imbécillité
des cultistes qui les adorent comme inséparables des enseignements de ces philosophes respectifs
sont non moins imbéciles que lesdits cultistes).
Le rejet par les socialistes de l'égoïsme rationnel d'Ayn Rand est à la
fois un rejet de l'individualité humaine et un rejet de la raison ‒ l'un par l'autre, d'ailleurs:
refuser d'identifier la nature individuelle de la cognition et de l'action humaine
pour soumettre les individus à une « masse » dont ils se prétendent les porte-paroles;
nier que la morale est individuelle, que les choix de valeurs sont individuels,
ainsi que le poids de leur fardeau et la gloire ou la honte de bien ou mal les porter;
faire des humains les réceptacles et les outils interchangeables
d'un bien collectif indifférent à toute individualité
qui sacrifie allègrement les uns aux autres;
rejeter la raison parce qu'elle s'oppose à leurs plans destructeurs de ce qui fait l'humanité même.
Le mensonge que les socialistes se font à eux-mêmes d'abord et aux autres ensuite
quant à la nature humaine, et les cris d'orfraies indignés contre « l'égoïsme », sont donc une scène où les socialistes essaient surtout,
de façon hypocrite,
de manipuler les autres pour obtenir leur soumission.
Car en fin de compte, ce dont il s'agit, c'est pour eux de forcer des individus
à nier leur personnalité, leur jugement, leur intérêt,
et à céder à la pression « sociale », c'est-à-dire obéir aux édits, au jugement, à l'intérêt
des puissants qui parlent « au nom » du peuple qu'ils dominent.
Il ne s'agit donc pas d'être ou ne pas être « fréquemment égoïste » selon le reproche repris par Mackey,
mais ou bien d'agir selon son propre jugement et ses propres valeurs,
ou bien de nier son individualité pour se soumettre au jugement et aux valeurs d'autrui,
c'est-à-dire aux ordres des puissants ‒ car de fait on ne se soumet pas aux faibles.
Les socialistes, toujours prompts à voir
des conflits, des rapports de force et des « hiérarchies » partout et même là où ils ne sont pas,
sont remarquablement aveugles aux conflits, rapports de force et hiérarchies
inhérents à la soumission qu'ils proposent:
soi-disant soumission de l'individu au « collectif »,
en fait soumission des impuissants aux puissants qui parlent « au nom » du collectif.
Mais cela n'étonnera personne, quand on se sera rendu compte que les socialistes
qui imposent leurs opinions se veulent par là même être les puissants
qui vous domineront, impuissants qui vous soumettrez à eux.
Il ne s'agit donc pour eux de remplacer les rapports de force, etc.,
mais de substituer leur pouvoir totalitaire à toute autre relation humaine.
C'est avec une grande naïveté que Mackey et autres gauchistes « modérés » propagent cette idée du libéralisme comme opposant l'individu à un hypothétique intérêt commun,
quand il s'agit au contraire d'opposer l'individu à la domination totalitaire des puissants.
Le socialisme, c'est le mal.
Ceux qui s'en font les vecteurs, même quand ils sont des porteurs sains, comme Mackey,
n'en propagent pas moins ce mal mortel.
Le mal. J'emploie souvent ce mot, en parlant du socialisme.
Car qu'est-ce qu'un complexe de mots, d'idées, de comportements,
qui prend les hommes par ce qu'il y a
de meilleur en eux, de plus élevé, de plus généreux, de plus innocent, de plus aimable,
et qui les transforme en instruments
de la bêtise, de la haine, du tribalisme, de la violence institutionnalisée,
de l'oppression, de la mort, de la ruine?
C'est le Mal. Certes non pas tout le Mal, qui est multiforme,
mais une manifestation incontestable du Mal sous une forme particulièrement insidieuse.
Ainsi, Mackey s'indigne quand Ayn Rand dénonce l'altruisme comme un mal,
car pour lui altruisme signifie bien;
mais il reste sur le plan émotif, incapable d'identifier la différence
entre les multiples concepts en jeu sous le même mot « altruisme ». Cette incompréhension de la part de Mackey,
ce n'est pas de la simple bêtise, car Mackey est loin d'être stupide. C'est bien le Mal qui est à l'œuvre, et dont Mackey est à la fois la victime et le vecteur,
attrapé par sa générosité, qu'il veut identifier à l'« altruisme »,
pour devenir l'instrument de l'oppression
qu'Ayn Rand identifie de façon perspicace sous le mot « altruisme ».
En effet, les mots ont un sens. Plusieurs, même.
Il faut savoir quel sens il prend dans quel contexte et ne pas confondre les uns et les autres.
On peut toujours arguer « du » sens des mots, mais c'est tomber à côté de la plaque,
car peu importe quel sens vous voudriez donner au mot « altruiste », combien même ce sens serait parfaitement bien défini et convenu par tous
dans les milieux que vous fréquenteriez.
Si vous voulez nommément critiquer Ayn Rand pour ce qu'elle dit,
la moindre des choses est de comprendre les mots qu'elle utilise avec le sens qu'elle leur donne;
John Mackey y échoue.
De même, ma critique de John Mackey ne serait pas complète si je ne prenais pas en compte
le sens que lui donne au même mot ‒ un synonyme semble-t-il pour lui d'une générosité sans borne, indifférenciée ou peu différenciée,
qui insiste sur la générosité et jette un voile pudique sur la différentiation ou son absence
(or, si la générosité est une vertu, l'absence de critère rationnel de différentiation est un mal,
et le mal s'insinuera vite dans et par le critère irrationnel que l'on suivra inconsciemment).
On peut faire une équivoque entre le mot tel qu'Ayn Rand le définit et l'emploie,
et un sens plus ou moins flou tel que tels autres auteurs peuvent l'employer ‒
mais c'est au mieux une erreur, la confusion conceptuelle entre deux concepts distincts
(à supposer qu'il y ait effectivement un concept identifiable derrière l'autre sens du mot,
plutôt qu'un vague sentiment sans consistance);
et c'est au pire un sophisme éhonté, digne des pires escrocs intellectuels,
quand l'équivoque est volontaire ‒ voire pire, quand il y a volonté de vilifier l'Autre
sans le moindre souci du sens qu'ont ou n'ont pas ses propos.
La sacralisation d'un mot
et le rejet de concepts sous le prétexte qu'ils vont contre un mot sacré,
sont les symptômes du Mal à l'oeuvre dans son oblitération de l'esprit critique.
Ayn Rand aime aller au cœur des choses
et employer un mot pour dénoter ce qu'elle décèle être le concept essentiel
derrière l'emploi commun souvent flou fait de ce mot;
elle élimine l'habillage insubstantiel et infiniment variable dont chacun affuble le mot,
pour en dévoiler les aspects bien impudiques du concept véhiculé.
Pour John Mackey comme pour tant d'autres, le mot « altruisme » dénote une qualité supposée,
qui consisterait à se soucier du bien-être d'autrui au détriment du sien propre.
Mais quel autrui? Quel bien être? Quel détriment? Selon quels critères rationnels?
Silence. « Blank Out » dirait Ayn Rand: vide de la pensée, censure de la pensée.
Faut-il aider un Nord-Coréen ou un Syrien ou un ressortissant de quelqu'autre pays?
À les faire venir dans quel pays? En leur trouvant une occupation productive,
en les empêchant de travailler ou en leur offrant des vacances permanentes tous frais payés?
Au prix de quel détriment pour qui?
Faut-il donner cinq euros, cinq cents, cinq mille, cinq million?
Faut-il se restreindre à vivre dans un placard, ne manger que des nouilles
et se sacrifier toujours pour pouvoir aider,
donner tout ce que l'on a et même emprunter ce que l'on n'a pas encore,
pour pouvoir le donner, et ce tant que l'on n'est pas la personne la plus pauvre au monde?
Le mot « altruisme » en fin de compte c'est l'idée que « servir les autres est la seule justification à l'existence d'un individu », qu'il faut avoir honte d'agir pour soi-même et ceux que l'on aime,
et qu'il y a au contraire un devoir de se sacrifier
pour des quidams voire des étrangers avec qui on n'a rien en commun.
Il n'y a pas de critère objectif opposable à quiconque pour déterminer que faire,
il n'y a qu'une tentative d'intimidation avec une honte imméritée,
pour que les individus taisent leurs valeurs personnelles, leur initiative, leur liberté
et se soumettent à la volonté des tyrans qui usent de cette intimidation.
Pour Ayn Rand, le choix de qui aider (s'il faut aider quelqu'un),
et à quel point, doit être déterminé par les valeurs de celui qui décide volontairement d'aider.
Si je trouve que la souffrance des Nord-Coréens est sous-évaluée par le reste du monde,
et que le bien que je peux faire aux réfugiés de ce pays est le meilleur usage de mon argent, alors et alors seulement je contribue à les sauver.
Si au contraire je compatis davantage avec les complaintes ignorées des Syriens non-musulmans,
alors c'est eux que j'essaierai de secourir.
Maintenant, la valeur n'est pas seulement dans l'échappatoire à la souffrance:
Si je pense que c'est la conquête de l'espace,
la recherche en intelligence artificielle,
ou la culture des fraises des bois dans les Vosges
qui sont les devoirs négligés, insuffisamment ou mal poursuivis
de l'Homme (en tout cas de Cet Homme et de Ma famille ou communauté),
alors ce sont ces quêtes dans lesquelles je m'investirai.
Et si c'est le travail, la vie, la santé, l'activité, la création, l'oeuvre, la production
d'une autre personne que j'admire, que j'aime, etc.,
alors c'est cette personne que j'aiderai.
Être généreux de son argent, de son temps, voire même de son existence,
et les donner en faveur de ceux que l'on apprécie, respecte, admire et aime,
ou simplement de ceux envers qui on a contracté une dette morale,
voilà pour Ayn Rand de l'égoïsme bien compris,
pour quelqu'un qui a de soi-même une vision non pas étriquée mais large.
Et elle est la première à célébrer l'agrandissement rationnel de soi
par des actions généreuses envers ceux qui les ont méritées ‒
et à pratiquer cette générosité personnellement.
Agir pour ce et ceux qui incarnent nos valeurs,
par-delà notre enveloppe mortelle limitée dans le temps et l'espace,
c'est le contraire du sacrifice, c'est la vie.
Ayn Rand le célèbre en tant qu'égoïsme rationnel.
Se sacrifier pour ceux avec qui on ne partage rien,
qui n'ont rien fait ni ne feront rien pour le mériter,
pire encore, le faire à mesure qu'ils nous sont repoussants,
au nom du devoir de sacrifier nos valeurs à celles d'autrui,
voilà qui pour Ayn Rand (et moi à sa suite) est moralement répugnant;
voilà ce qu'elle dénonce à juste titre sous le nom pas si arbitraire d'« altruisme »; voilà la négation de tout ce qui fait de l'homme un être moral.
On peut à la rigueur ne pas être d'accord avec Ayn Rand, même si on aurait tort.
Mais ce que font les socialistes, et que John Mackey reprend à sa grand-honte,
c'est déformer malicieusement les propos de Rand;
c'est assimiler à tort « altruisme » et générosité, et faire à Rand le reproche fallacieux
qu'elle rejetterait la générosité.
C'est le mensonge socialiste habituel.
Or non seulement l'altruisme, tel qu'ainsi défini par Ayn Rand, est profondément immoral,
il ne marche pas, même pour les buts qu'il prétend se donner, « aider les autres »
‒ et ce, précisément parce qu'il est fondé sur un rejet de la nature humaine
et des principes fondamentaux de toute morale véritable.
L'altruisme empêche les individus de dépenser leurs ressources pour ce et ceux desquels ils se soucient,
pour les obliger à sacrifier ces ressources à des politiciens et bureaucrates
qui usurpent le contrôle sur les activités autrefois charitables.
Non seulement ces ressources seront détournées par des parasites,
récompensant les pires criminels « publics » et « privés » au lieu de justes causes;
non seulement elles seront dissipées dans
le processus décivilisateur de la politique elle-même;
non seulement elles iront subventionner de nombreuses causes douteuses
dont nul ne se soucie vraiment, au détriment des causes valables;
mais aussi, quand bien même elles seraient nominalement affectées à des causes valables,
elles seront dépensées sans souci d'efficacité réelle.
En effet, ceux qui se soucient du résultat auront été dépossédés
de leur liberté de contrôler les ressources,
au profit de bureaucrates, politiciens et autres parasites irresponsables;
ces parasites socialistes se font juge et partie d'un résultat
dont ils ne se soucient pas vraiment (certes moins que les donateurs dépossédés),
et sont récompensés par des budgets croissants à hauteur du désastre qu'ils créent,
et punis par des budgets décroissants si par malheur pour eux
ils venaient à résoudre le moindre problème.
Plus le socialisme est avancé, moins les individus donnent, et à contrecœur,
sans souci de ce que devient l'argent dépensé, dont les modalités échappent à leur contrôle,
et dont le résultat n'est pas ni mesurable ni comparable, car soumis au monopole;
ils deviennent des profiteurs qui apprennent à jouer le système,
et ils méprisent les autres autant qu'eux-mêmes,
reconnaissant en tous un égoïsme aussi étroit que le leur.
Plus la liberté avance, plus au contraire les individus donnent, et généreusement,
en veillant à ce que leur argent soit bien dépensé, car ils le contrôlent,
et peuvent en comparer les résultats grâce à la concurrence. Libérés des soucis matériels par la prospérité qu'apporte la liberté,
leur égoïsme s'élargit pour englober les autres dans un cercle vertueux de bienveillance mutuelle.
Le socialisme prétend avoir le monopole du cœur,
mais au contraire, il n'a le monopole que du rétrécissement des cœurs dans l'égoïsme le plus étroit,
dans un mélange criminel de haine, de bêtise, de jalousie, et d'insécurité,
qui mène à la ruine et à la mort.
Du point de vue de ceux qui reçoivent, la différence est immense aussi.
Plus le cancer socialiste avance, plus la société est pauvre et dénuée de ressources à donner.
Plus la vie libre s'épanouit, plus la société est riche de ressources excédentaires à donner.
Plus le socialisme dévore la charité privée, plus ceux qui reçoivent
reçoivent non seulement peu (sauf pour une poignée de victimes médiatiques qui reçoivent trop),
mais surtout ils reçoivent mal,
l'argent étant dilapidé dans un immense gaspillage,
selon des critères idéologiques en dépit du bon sens,
sans souci des conséquences
‒ car les bureaucrates sont des irresponsables jamais tenus comptables de leurs actes,
mais qui avancent ou reculent selon des critères politiques,
voire ne sont intéressés que par la corruption,
à moins d'être des pantouflards plus intéressés par leurs avantages de fonctionnaires
que par le bénéfice des contribuables asservis.
(Revoir à ce sujet Milton Friedman sur les quatre façons de dépenser de l'argent: le sien ou celui d'autrui, pour soi ou pour autrui.)
À l'opposé, plus le libéralisme triomphe, plus ceux qui reçoivent
non seulement reçoivent davantage, mais surtout reçoivent bien;
car les comptes et les méthodes des institutions charitables
sont surveillés précisément par ceux qui se soucient le plus du résultat,
qui peuvent comparer les multiples prestataires en concurrence,
et qui pourront aller de l'un à l'autre selon celui qui donne le plus satisfaction;
au lieu qu'il y ait un monopole de la méthode la plus idéologiquement motivée,
il y a toutes les méthodes qui chacune marchera pour son public
(ou échouera uniformément et sera abandonnée).
Bref, en déconnectant le don de l'amour,
les socialistes n'aboutissent qu'à un immense gaspillage humain et matériel.
Et comme la charité est une discipline qui se développe par la pratique,
ils en viennent à tuer et le don et l'amour.
Ils sont les destructeurs de la moralité individuelle autant que des ressources
mal « distribuées ».
Non seulement ils tuent l'amour, ils détruisent la vie même.
L'altruisme, c'est le mal incarné, prenant l'apparence mensongère du bien.
C'est le vol et le vandalisme à grande échelle déguisés en charité.
C'est le socialisme.
On peut bien sûr, à l'opposé d'Ayn Rand, définir le mot altruisme,
pour comprendre tout acte ou sentiment de générosité envers autrui.
Cette définition est certes possible, mais alors non seulement
elle ne répond pas aux propos d'Ayn Rand sauf par un glissement sémantique fallacieux,
mais c'est une absurdité complète que d'opposer cet « altruisme » là
à l'égoïsme, qu'il soit l'égoïsme rationnel d'Ayn Rand,
ou même la caricature d'égoïsme étriqué que les socialistes emploient comme épouvantail.
Car même sans invoquer l'argument précédent sur la moralité de cet altruisme
du point de vue de celui qui donne ou ne donne pas,
cet altruisme suppose nécessairement valide l'égoïsme des personnes recevant le don.
Comme je l'ai écrit précédemment: « L'égoïsme, souci de soi, ne s'oppose pas a l'altruisme, souci d'autrui.
Au contraire, il ne saurait y avoir d'altruisme envers des individus dénués de désirs égoïstes. »
Il n'y a rien aucun moyen d'aider quelqu'un qui n'a aucun désir ou besoin personnel légitime;
pour citer John McCarthy: « si chacun devait vivre pour les autres à tout moment, la vie serait comme une procession de fourmis
qui se suivent les unes et autres dans un cercle ».
Il n'y aurait qu'à se sacrifier constamment les uns aux autres jusqu'à tous mourir,
le seul bien qu'on puisse faire à autrui étant de les aider à se sacrifier eux-mêmes.
D'aucuns socialistes voudront échapper au caractère infondé
de leur construction immorale et logiquement absurde, en définissant et acceptant
une notion de « besoins légitimes », que chacun pourrait revendiquer,
selon le principe communiste du « à chacun selon ses besoins, de chacun selon ses moyens ». Rappelons que les mêmes communistes ont développé des camps de concentration
où ils ont démontré que ces besoins se réduisent à presque rien,
et ces moyens à presque tout ‒
et que l'agression physique, la prison et la mort sont les sanctions nécessaires
desquelles menacer et frapper effectivement ceux qui refusent leur « politique ».
En outre, une vie réduite aux « besoins » matériels accordés par le Parti
transforme les humains en animaux de ferme; et les « besoins » spirituels fournis par le Parti se révèlent vite n'être que
jouissance pour les puissants
et propagande pour les masses impuissantes dont on formate les esprits.
Quant à revendiquer des « droits à » desquels ou pourrait exiger la jouissance d'autrui,
notons d'une part que la notion est complètement arbitraire, et prétexte au pouvoir totalitaire
des puissants qui diront qui recevra quoi et qui paiera quoi. Notons d'autre part que la revendication ne fait rien pour créer les richesses réclamées
et ne fait pas apparaître les biens du néant,
mais au « mieux » peut les dérober aux producteurs qui les auraient créées.
Et notons enfin que ce vol est immensément destructeur de l'ordre social
qui seul permet la création de richesse, à savoir le respect des droits individuels de propriété.
Ne reste alors que l'esclavage partiel ou complet
de ceux décrétés coupables que l'on forcera à produire
au bénéfice de ceux décrétés victimes auxquels ont distribuera le butin,
dans une inversion des notions de coupable et de victime,
cette inversion de toute justice et de toute valeur morale,
caractéristique permanente de ce Mal Absolu qu'est le socialisme.
En fin de compte, opposer le « soi » aux « autres », c'est présupposer
le jeu à somme nulle,
c'est nier le fondement même de toute société,
qui est l'harmonie des intérêts dans le jeu à somme positive de la coopération sociale.
Les socialistes prétendent défendre la société,
mais la prémisse clef de toute leur idéologie maléfique
est de nier le fondement même de tout ordre social.
Agir pour soi n'est pas agir contre les autres;
agir pour les autres n'est pas agir contre soi.
La rivalité pacifique dans la concurrence pour l'accès aux ressources
n'est pas inimitié, n'est pas lutte, n'est pas guerre;
c'est au contraire une émulation dont tous peuvent sortir meilleurs,
s'ils sont prêts à apprendre, à s'améliorer, à donner le meilleur de soi.
Voilà tout le contraire de la philosophie socialiste,
qui conçoit les interactions sociales comme foncièrement conflictuelles,
les individus comme incapables et impuissants sauf pour le mal,
et leur offre comme idéal de réclamer toujours plus d'avantages soi-disant « gratuits » d'une collectivité tout puissante.
Le socialisme fait croire aux imbéciles que s'ils promeuvent le pouvoir des magiciens socialistes,
ils pourront magiquement tous recevoir plus du système qu'ils ne devront y contribuer de force
‒ s'appuyant donc sur leur égoïsme à la fois le plus étroit et le plus irrationnel.
Or, non seulement s'occuper de soi-même n'est pas un acte hostile envers autrui,
c'est un prérequis pour tout acte amical. Charité bien ordonnée commence par soi-même.
Avant d'aider des étrangers, ou des amis éloignés,
il faut d'abord venir au secours de ses parents proches, voire de soi-même:
car bien avant que de pouvoir aider autrui,
la responsabilité d'un individu envers ses concitoyens
est d'abord de ne pas être un poids à leur charge!
Bien sûr, les aléas de la vie, sans parler de l'âge jeune ou vieux,
font que nous avons tous, individuellement, des moments et des périodes de faiblesse;
aussi, le premier devoir social de chacun est de contribuer positivement à la société
et de créer et produire davantage que l'on détruit et consomme,
au total au cours de sa vie.
Or l'existence et la continuation mêmes de la société
prouvent que ce premier devoir social non seulement est possible à remplir,
mais que la grande majorité des individus, productifs,
remplissent ce devoir et non seulement se portent eux-mêmes mais portent aussi les autres.
Quant à posséder une identité plus large qu'étroitement individuelle,
notons que si que vous prétendez vous identifier à un groupe, une famille,
une communauté tribale ou professionnelle, ethnique ou religieuse, dont vous faites partie,
alors il est aussi de votre devoir de faire en sorte que cette famille ou communauté que vous portez
soit elle-même sinon irréprochable (ce que vous ne contrôlez pas)
du moins globalement positive plutôt que négative dans sa contribution à la société.
Quant à s'occuper des autres, si c'est fait dans le cadre de valeurs personnelles
plutôt qu'à l'encontre de ces valeurs,
non seulement ce n'est pas un sacrifice, mais c'est l'accomplissement de soi.
Et si cette façon de s'occuper des autres se fait par des échanges commerciaux,
non seulement il n'y a pas à en avoir honte, mais il y a de quoi être fier:
des dizaines, milliers ou millions de clients,
qui chacun vous juge être celui leur apportant le meilleur service au meilleur prix,
voilà l'honneur de voir votre talent reconnu et vos valeurs partagées,
au point de pouvoir faire de votre vocation un métier capable d'en subsister.
Bien sûr, si vous n'aidez pas vraiment vos prochains,
mais les trompez, les forcez, les agressez, alors,
il sera à la rigueur possible de dire que vous avez du succès à faire avancer vos valeurs
‒ mais c'est que vos valeurs font de vous un filou, un ennemi du reste de l'humanité,
pour qui vos valeurs sont des dévaleurs, et dès lors le succès des valeurs de tout un chacun
parmi cette humanité comprendra votre mise hors d'état de nuire.
Mais de tels cas sont forcément marginaux, car la société consiste
en un vaste jeu à somme positive de coopération à grande échelle;
il est toutefois important de ne pas donner le pouvoir à ces cas marginaux
‒ or c'est ce en quoi la politique, et le socialisme, consistent!
Et s'il faut voir le monde du point de vue des pauvres,
qui fait le plus pour ces pauvres?
Le chef d'entreprise qui crée une nouvelle façon de satisfaire à vil prix
les besoins de millions de consommateurs, ainsi enrichis
de tout ce qu'ils auraient sinon dû sacrifier pour un résultat moindre.
Et surtout pas l'intellectuel qui va manifester bruyamment dans la rue
pour donner davantage de pouvoir aux politiciens et bureaucrates.
Qui est plus charitable?
Pas celui qui va « donner » son temps par le « volontariat »,
passant des heures à faire un travail non qualifié valant 5 dollars de l'heure;
mais celui qui travaillera quelques heures de plus
à son emploi qualifié valant 50 dollars de l'heure,
qu'il en donne ou non les fruits à une charité.
En effet, rien qu'en satisfaisant des clients à hauteur de ces 50 dollars,
il est déjà fort altruiste, et cela lui suffit à mériter de l'humanité!
Et si de plus il veut faire don d'une heure de son temps à cette charité en particulier
qui a besoin de travail non qualifié,
alors il pourra obtenir dix fois plus de résultats charitables en donnant ces 50 dollars
qui emploieront à 5 dollars de l'heure dix fois plus de personnes qui feront ce travail non qualifié
qu'il n'aurait pu « donner » qu'une fois avec la même heure en « volontariat ».
Bien sûr, les taxes, prélevant la moitié de ces 50 dollars,
puis forçant à dépenser 10 dollars pour payer un travailleur 5 dollars,
sont destructrices de la charité comme de toute coopération sociale ‒
le principe même des taxes est de punir et décourager
tout échange, toute coopération, tout amour, qui se fait librement et rationnellement
sans l'intermédiaire des monopoleurs des tas,
pour ne laisser que cette pornographie
du don sans amour,
pseudo-charité non seulement irrationnelle mais antirationnelle,
non seulement sans amour mais destructrice de l'amour fraternel entre les hommes
et de tout tissu social.
La charité aveugle
est la cause de toute la misère du monde.
Tous les méchants du monde ligués ensemble ne seraient rien
s'ils ne trouvaient pas l'appui des pseudo-« bonnes âmes »
qui leur donnent le pouvoir au nom du « bien ».
Et parce qu'ils trouvent partout cet appui,
ils sont partout au contrôle des ressources « collectives », même se battant les uns contre les autres.
Si vous vous souciez des « pauvres » du coin, ou de tous autres nécessiteux,
sans nul doute que rendus quatre fois plus riche par l'absence des tas (de parasites politiques),
vous pourriez vous occuper d'eux.
Mais ne vous cachez pas derrière les tas (de socialistes purulents),
qui vous permettraient soi-disant de pratiquer l'amour universel:
en fin de compte toute aide va à des individus particuliers via des actions particulières;
et les besoins étant infinis, il importe toujours quelle priorité est donnée
à quels individus et quelles actions.
En vous voilant les yeux et refusant de prendre vos responsabilités,
vous ne faites que laisser agir les pires sociopathes en votre nom,
qui détruisent systématiquement la société
en favorisant le parasitisme (à commencer par le leur même!).
Il vous faut choisir à qui donner ‒ c'est votre responsabilité inaliénable.
« Aimer tout le monde », c'est n'aimer personne:
en fin de compte, tout sentiment est un guide pour l'action,
ou reste sans pertinence aucune;
s'il ne fait aucune distinction, il ne guide rien, il est comme non existant.
Aimer non seulement le premier venu, mais le premier sollicitant,
voire celui qui renforce le pouvoir des tas,
c'est non pas aider les nécessiteux,
mais aider les parasites les plus impudents à réclamer l'indu,
c'est promouvoir le mal.
Car enfin, pour quels « pauvres » faut-il donner?
Je ne me soucie pas des mêmes pauvres que Mackey. Là où règne la justice, il est honteux d'être pauvre.
Là où règne l'injustice, il est honteux d'être riche. ‒ Confucius.
Ceux qui, vivant dans un pays riche, et bien portant, refusent de travailler,
et préfèrent vivre en parasites, me dégoûtent.
Je ne veux pas donner un seul centime aux soi-disant « pauvres » des États-Unis ou d'Europe;
que les tas ponctionnent mon salaire pour en redistribuer une partie même
infinitésimale
à ces « pauvres » me révolte.
Donner aux faibles, à la rigueur ‒ mais c'est très différent;
et qui les a rendu faible, et comment arrêter ces affaiblisseurs?
Les dons servent-ils à rendre les faibles plus forts, ou à les maintenir faibles?
Je ne veux rien donner qui contribue à perpétuer le problème plutôt qu'à le résoudre.
Par contre, je me soucie de ceux qui subissent des régimes tyranniques qui les condamnent à la misère;
voire de ceux qui ont le courage de résister ou de fuir ces régimes assassins au péril de leur vie.
Je donne pour aider des réfugiés nord-coréens qui s'enfuient.
Je donnerais pour aider les athées de Syrie et du monde « musulman », s'il y avait un moyen de les identifier pour les aider
avant qu'ils ne soient identifiés et massacrés
par les zélateurs du culte diabolique qui domine leurs pays.
Je me soucie aussi de tous ceux qui ne seront pas sauvés
parce que la dévastation socialiste aura empêché le progrès de la médecine;
je ne me soucie pas des malades d'aujourd'hui dont la vie pourrait être prolongée ou soulagée
quelques mois ou quelques années avec les techniques actuelles ‒ c'est leur problème, qu'ils se débrouillent, eux et leurs proches;
mais je me soucie des milliards d'individus dont la vie est raccourcie
parce que tant de ressources sont dilapidées par le Mal socialiste
plutôt qu'investies dans la recherche de solutions médicales qui permettraient d'allonger leur vie
de plusieurs décennies, voire de plusieurs siècles.
Pourquoi quelques misérables d'aujourd'hui
vaudraient-ils de sacrifier la vie de milliards d'individus de demain?
Et on voudrait me donner des leçons sur le bien du plus grand nombre?
Enfin, je donne aux organisations libérales,
pour que les idées libérales survivent et se propagent,
et que peut-être un jour l'humanité guérisse du fléau socialiste qui ronge la société,
détruit tant de vies, et menace la civilisation elle-même. Ensuite, c'est moi qui manquerait de cœur,
parce que des cas anecdotaux dans des pays riches me laissent froid.
Allez vous faire foutre, trafiquants de bons sentiments,
j'ai plus de cœur que vous tous réunis
(facile, puisque la somme de tous vos cœurs à valeur négative est super-négative,
et même si je n'avais aucun cœur je serais déjà plus généreux que vous).
Je ne m'épanche pas pour les mêmes cas que vous, et j'en suis fier.
Votre soi-disant « altruisme » n'est que de l'intimidation
pour que les autres se soumettent au même sentimentalisme débile et maléfique
que vous suivez par méchanceté autant que par bêtise.
Je vous méprise, vous et votre pseudo-« moralité » criminelle.
Post Scriptum (21-10-15): Un libertarien proéminent acquiesce à mon résumé de cet article, mais me demande cependant si le choix du mot
« égoïsme » par Ayn Rand était judicieux, étant donné les connotations négatives
existantes du mot.
Pour moi, la réponse est sans équivoque: oui.
Les mots sont les champs de bataille sur lesquels se déroulent la guerre des idées; et il s'agit bien d'une guerre, mortelle, entre le bien et le mal, la vie et la mort, la substance et le poison, le libéralisme et le socialisme.
Or, colorer un mot de sous-entendus qui impliquent toute une théorie (ou proto-théorie ou pseudo-théorie) éthique, c'est là exactement ce en quoi consiste gagner une bataille ou occuper un terrain.
Abandonner le terrain, c'est perdre.
On peut certes prétendre battre retraite pour gagner en retour aucun avantage tactique, et se replier sur un front plus facile à défendre.
Mais que l'on veuille bien me montrer ce nouveau front, et en quoi il sera plus facile à défendre une fois le terrain offert à l'ennemi.
Si vous accordez aux socialistes les mots « égoïste », « libéral », « économiste »,
« idéologue », etc., qu'ils pourront redéfinir et corrompre à loisir; si vous capitulez à chaque fois qu'ils viennent conquérir un mot dont vous vous êtes jamais réclamé, qu'êtes-vous? Des riens sans nom parlant une langue que nul ne comprend.
Quels que soient les mots que vous utiliserez, ils seront attaqués, disputés, subvertis, et il sera votre droit et votre devoir de les défendre et les reconquérir.
À suivre...
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Grégoire
Canlorbe est un entrepreneur intellectuel français. Il réside actuellement à
Paris. |